DIX-NEUF

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Chapitre dix-neuf

Riverside, CA, États-Unis / Université UC - Mardi 25 octobre 2022, 14h40

BORIS

Je regarde Lake un instant, elle n'est pas exactement contre moi mais son bras lui, repose sur ma poitrine. Je vois bien qu'elle s'est endormie à la vitesse où son souffle quitte ses lèvres.

Je ne lui ai rien promis quand elle a répondu à mes menaces en me disant que je ne tuerais personne. Quand je la regarde étendue là, proche de moi, je n'ai qu'une envie : trouver Peter et lui faire regretter d'avoir un jour ne serait-ce que posé les yeux sur elle. Quand je pense à l'état dans lequel il l'a mise, il mérite toutes les tortures du monde.

Je sais très bien qui aller voir pour trouver les informations dont j'ai besoin ; adresse, mot de passe... Mais j'hésite un instant. Est-ce que je peux me permettre de laisser Lake ici avec seulement son père pour la protéger ? Je sais très bien qu'après notre réunion de famille les tensions ont dû monter. Anton et Alexei ont sûrement pété un plomb après mon départ. Leur père n'a certainement pas essayé de les décourager dans leur souci d'accélérer le plan. Je pense que c'est celui qui en a le plus ras-le-cul de la famille. C'est bien pour ça qu'il ne doit pas avoir envie de dissuader ses fils de se diriger dans ce chemin glissant. Encore plus parce qu'il n'en a rien à foutre de ses deux timbrés de fils, je pense même qu'il est effrayé de ce qu'il a lui-même créé.

Je quitte un instant des yeux Lake pour essayer de réfléchir correctement. Si je reste là à la regarder je sais que je ne quitterai jamais cette chambre. Je soupire en sachant très bien que je ne peux pas rester les bras croisés à savoir que ce petit con est tranquille et vaque à ses petites occupations alors qu'une vidéo pornographique de Lake est en train, encore maintenant, de tourner entre plusieurs mains.

Je tourne de nouveau la tête vers le visage de Lake alors que j'attrape sa petite main pour soulever son bras et pouvoir me dégager. Une fois que j'ai reposé son bras sur le matelas et que je me suis redressé je la regarde encore un court instant pour me persuader que c'est exactement ce qu'il faut faire et qu'elle ne m'en voudra pas d'être parti. Je lui ai dit que je resterais jusqu'à ce qu'elle dorme et un peu plus, pas que je serai encore là à son réveil.

Je sors par là où je suis rentré. Sa petite fenêtre n'est pas la plus pratique mais je pense que si monsieur Howard me surprenait dans la chambre de sa fille je mourrais pour d'autres raisons que celle pour laquelle je suis là. J'aperçois mes trois chiens qui viennent me dire au revoir. En regardant Zorya l'un de mes deux dobermans - blanche avec des parcelles noires sur ses oreilles et son poitrail, je me dis que si je ne suis pas là, alors ils prendront au moins soin d'elle pendant mon absence. Je l'attrape par le collier tout en passant un bras sous son ventre pour la soulever, je la porte ensuite jusqu'à la fenêtre et je la laisse sauter à l'intérieur. Je me penche à la fenêtre pour voir si elle comprend ce que je veux d'elle et effectivement elle grimpe sur le lit et part se lover contre les jambes repliées de Lake.

Je détourne vite les yeux à la vue de ces images. Zorya n'a pas eu besoin d'ordre et ça m'étonne un peu. Elle n'est pas proche de l'humain naturellement, ça me donne un instant un sentiment étrange auquel je me force de ne pas donner de valeur.

Je suis clairement en train d'oublier cette foutue mission, d'envoyer tous mes principes en l'air et ça commence à être sacrement la merde.

Je me détourne pour passer par le grillage éventré de chez les Howard. Il faudrait que j'en touche deux mots à Warren, je sais très bien que c'est comme ça que Lake est sortie en douce plusieurs fois avant que j'arrive ainsi qu'à notre première rencontre. Je sais aussi très bien qu'Anton et Alexei ne sont pas assez agiles pour escalader ce portail gigantesque. Il va falloir qu'il remédie à ça, ça me ferait une faille en moins à surveiller chez eux.

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