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VINGT-NEUF

Chapitre vingt-neuf

Vista las Palmas, Palm Springs, CA, États-Unis / Résidence des Howard - Jeudi 2 décembre 2022, 00h30

LAKE

Je suis accro.

Le simple fait de mettre en boucle Something in the Orange depuis qu'Al' est parti ne laisse pas planer le doute. Il a démarré en trombe dans l'allée il y a à peine deux heures et pourtant j'ai déjà l'impression que ça fait une éternité. J'ai eu le temps de trouver une version rock de sa chanson, reprise par le groupe Our Last Night qui me permet de ne pas pleurer. Bordel je ne sais pas ce qui m'arrive.

J'ai entendu mon père accorder une nuit de repos à Al' et j'espère sincèrement que ça lui sera bénéfique pour ce qui est de ses problèmes familiaux. Je ne sais pas si une soirée peut changer grand-chose à ce qui se passe en dehors de son travail mais je préfère croire que oui. Il devrait être de retour en milieu de matinée. Je sais que je suis égoïste quand cette information me donne le sourire.

Je presse encore une fois le bouton play en regardant le plafond. Je n'arrive pas à croire ce qui s'est passé. Est-ce que je serais dans cet état si mon père n'avait pas embauché Alcinder ? Je soupire en me disant que je me serais certainement enfuie de cet enfer sans même chercher à régler le problème Peter. Je ne serais jamais revenue. J'aurais simplement disparu.

Alcinder a tout fait à ma place sans chercher à obtenir une seule récompense. Mon père n'étant au courant de rien de ce qui m'est arrivé, il n'a clairement pas fait ça pour une augmentation ou je ne sais quoi. Il a même travaillé pendant son temps libre et je crois que je ne lui serai jamais assez reconnaissante.

La version plus douce de la chanson revient dans la playlist et j'en profite pour fermer les yeux. Je suis épuisée. C'est le visage d'Alcinder qui me vient directement en tête, dans la voiture en allant à l'université, le soleil du matin faisant filtrer une lumière douce dans la voiture alors qu'il me regarde de son air amusé dont je ne pourrais plus me passer. Je pouffe de rire quand je me rends compte que je pense à lui comme le ferait une pré-ado. Je ne supporte déjà pas bien qu'il ne soit pas proche de moi alors que tout vient à peine de réellement commencer. Je veux dire... je le détestais encore il y a trois mois.

Il faut que je dorme. Je veux être réveillée quand il reviendra demain matin.

Quand le réveil que j'avais programmé à huit heures sonne et me fait sursauter, le jour se lève à peine. Je me redresse et je m'étire, sous mes yeux le bordel de ma chambre. Ça fait longtemps que je n'ai pas rangé. Mais il faut d'abord que je prenne une douche.

Je sors de mon lit, prends une tenue confortable dans mon armoire et file sous la douche. Une fois vêtue d'un jean et d'un tee-shirt large du groupe Bring Me The Horizon je m'affaire à ramasser les vêtements qui traînent par terre et sur ma chaise de bureau pour les emmener à la machine à laver.

La maison est presque silencieuse quand je la traverse mis à part un son qui provient du garage. Quand j'y arrive je jette un coup d'œil au sac de sable que mon père frappe sans relâche près de la machine. Il s'arrête en me voyant arriver, attrapant le sac pour le stabiliser. Il s'essuie le front avec son gant de boxe tout en m'adressant un sourire.

— C'est moi qui t'ai réveillé ?

— Non, je dis en ouvrant le battant de la machine.

Il hoche la tête en me détaillant.

— Quoi ?

Pas le moins du monde agressé par le ton que j'emploie, il hausse les épaules en se remettant en position. Faut croire qu'il s'y est habitué car il ne me fait aucune remarque.