DEUX

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Chapitre deux

Vista las Palmas, Palm Springs, CA, Etats-Unis / Résidence des Howard - Samedi 17 septembre 2022, 21h53

LAKE

J'ai passé une dizaine de minutes à regarder le plateau que m'avait préparé Vingt-six avant de décider qu'il serait mieux dans l'estomac d'un chat, d'un oiseau ou de n'importe quel animal qui foulerait la terre sous ma fenêtre. Je me suis alors levée pour l'ouvrir et j'ai jeté la totalité du plateau. J'ai léché le bord de l'assiette pour ne pas laisser la traînée qu'avait faite la sauce du plat comme preuve et qu'il devine le subterfuge. Un gratin de pâtes. Je suis presque sûre que mon père n'a jamais pris la peine de faire plus que cuire les pâtes, bizarre que ce soit un homme bien plus jeune que lui qui décide de prendre la peine de cuisiner pour moi. C'est qu'il est multifonction ce garde du corps.

Quand je dépose le plateau dans la cuisine je garde à l'œil Vingt-six assis plus loin sur le long canapé en cuir blanc du salon. Sa tenue entièrement noire crée un contraste remarquable. J'ai envie de ricaner quand il me jette un regard et qu'il se redresse ostensiblement de manière victorieuse en voyant l'assiette vide. Il pense vraiment que j'ai englouti toute sa préparation cet idiot.

Je tourne les talons quittant des yeux celui qui se pense le plus malin ici et je m'empresse de rejoindre ma chambre.

-Bonne nuit, j'entends juste avant que je referme la porte à clé.

Oh oui, une sacrée bonne nuit. Le plan est maintenant de ne pas faire de bruit pour sortir. J'enfile mes collants, ma jupe et mon haut, j'attrape mes talons que je garde en main et je passe mon petit sac en bandoulière pour pouvoir passer par la fenêtre. J'ai toujours aimé le fait que cette maison soit de plain-pied et comme on peut l'imaginer, mon père l'a toujours détesté.

Un fois passé la fenêtre je m'accroupis et je passe mon regard de gauche à droite pour voir si le chemin est libre. Évidemment je ne suis pas à ma première tentative et je sais déjouer tous les pièges posés par mon père : une alarme et une lumière automatique qui attirent l'attention de l'intérieur. Je ne suis pas sûre que l'alarme soit activée alors que mon chien de garde est ici mais je ne vais pas tenter le diable. Je contourne le tout comme à mon habitude et une fois passé le muret qui entoure la maison je sens déjà l'odeur de la cigarette que Peter fume calmement adossé à sa Subaru BRZ bleu sombre que je trouve affreuse.

Je sais parfaitement ce qui m'a fait craquer chez lui quand je le vois dans la noirceur de la nuit contre cette voiture de sport avec son air angélique et ses cheveux châtain clair tomber devant son front, cachant presque son regard caramel entouré de longs cils foncés qui m'ont transpercé tant de fois...

Je me dirige vers lui pour déposer un baiser sur sa joue et le surprendre. Il se relève et m'entraîne dans ses bras avant de poser ses lèvres sur mon front. Ma gêne ne descend jamais quand je suis proche de lui, je m'éloigne toujours trop rapidement de ses étreintes.

-Votre chauffeur toujours à l'heure, il se vante me faisant remarquer mon retard.

-Le karma ne doit pas être bon pour me laisser monter dans cette voiture, je dis en essayant de le taquiner.

Il ne me lâche pas du regard et contourne la voiture pour s'appuyer sur le toit et me toiser dangereusement.

-Tu peux y aller à pied aussi, il dit en ouvrant la portière.

Dieu sait qu'il est totalement sérieux.

-Hors de question.

Je m'empresse de grimper dans sa voiture qui pue l'arbre magique et j'ouvre la fenêtre. Il grimpe à son tour et claque fortement la portière. Ça commence bien. Il se met à rouler et je regarde le portail de chez moi s'éloigner dans le rétroviseur. Il semblerait que Vingt-six ne se soit pas aperçu que j'enclenchais mon plan pour le faire virer. Il faut dire que mon père ne tolère pas les gardes peu attentifs. Un sourire se créer sur mes lèvres quand je sens le parfum de la victoire envahir mon être.

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