SEIZE

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Chapitre seize

Vista las Palmas, Palm Springs, CA, États-Unis / Résidence des Howard - Mardi 25 octobre 2022, 07h15

LAKE

J'ai entendu mon père rentrer vers minuit. Je n'ai absolument pas bougé de ma chaise de bureau. Quand j'ai quitté le salon une heure plus tôt j'ai claqué la porte de ma chambre si fort que la pile de livres proche de mon lit s'est écroulée. Je suis restée debout, dos à la porte un instant, pensant ou plutôt espérant qu'Alcinder me rattrape et vienne finir ce que nous avions commencé. Je suis restée debout en silence, assez longtemps pour que mon égo en prenne un coup ; il n'est jamais venu.

Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. J'ai littéralement fixé mon plafond pendant des heures, le sommeil ne venant pas une seule fois toquer à ma porte, des images de ce qui aurait pu se passer flottant dans mon esprit tout du long.

J'ai entendu une voiture démarrer dans le garage il y a plus de vingt minutes. J'ai fermé les yeux en devinant très bien ce qui se passait, j'ai roulé sur le coté du lit pour me retrouver face à la fenêtre de ma chambre et j'ai regardé les phares éclairer l'allée un court instant. J'ai attendu de ne plus entendre le moteur avant de me remettre sur le dos, essayant de ne pas craquer.

J'ai jeté un oeil à l'heure sur mon réveil. Il était beaucoup trop tôt mais j'avais besoin d'en avoir le coeur net alors j'ai roulé jusqu'au bord de mon lit en soupirant avant de mettre pied à terre et de me diriger vers le salon. Une odeur de café m'a accueillie et quand j'ai posé mon regard sur mon père seul dans la pièce, ce que je pensais se confirme. Alcinder est en repos.

-Salut papa, je marmonne pour qu'il remarque ma présence.

Assis sur le canapé, exactement là ou nous étions hier soir avec Al', il pose sa tasse de café sur la table basse et m'adresse un sourire.

-Je suis désolée de ce qui est arrivé l'autre nuit, il soupire.

-Je ne sais pas ce qu'il venait chercher, je dis en haussant les épaules.

Je fais quelques pas pour pouvoir m'asseoir sur le fauteuil en face du canapé. Mon père se mure dans un silence me faisant détourner le regard. Je ne comprends pas pourquoi il est rentré si vite de son voyage, ce n'était qu'une tentative de cambriolage doublée d'une tentative de faire peur à Alcinder, ou directement à mon père en menaçant de m'enlever mais j'étais en sécurité. Je n'avais pas besoin de lui.

-Tu aurais pu rester à Vegas, je soupire. Tout est rentré dans l'ordre...

Un rire rauque brise le calme dans la pièce et un frisson parcoure mon corps.

-Absolument, commence Warren sur un ton ironique. Deux hommes entrent par effraction dans ma maison, les dispositifs de sécurité sont déjoués, ils menacent de s'en prendre à ma fille et tu trouves que tout va pour le mieux ?

Sa main s'abat sur le canapé, je sursaute la respiration coupée. Je croise son regard et je vois à son visage crispé qu'il est bien plus sur les nerfs que je l'aurais cru.

-Pourquoi Alcinder est parti ?

Il m'impose un garde du corps vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et quand c'est pas Alcinder c'est un de mes oncles qui veille sur moi comme si j'avais quinze ans. Alors pourquoi maintenant que tout ça est arrivé il se permet encore de donner congé à celui qui est le mieux placé pour me protéger ?

-Il a besoin de repos avec tout ce qui s'est passé. Je suis là, je n'ai pas besoin qu'on me garde aussi.

C'est une sacrée blague. Un rire amer sort d'entre mes lèvres et je me relève avec l'envie de le remettre à sa place. Il se rend bien compte qu'avoir quelqu'un sur ses talons tous les jours ce n'est pas une vie et pourtant il me le fait vivre constamment depuis la mort de ma mère.

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