26

SEPT

Chapitre sept

Riverside, CA, États-Unis / Université UC - Vendredi 30 septembre 2022, 18h15

LAKE

-Lake ! Bébé, crie Peter dans mon dos.

Je l'entends presque sautiller de joie derrière moi et je vois parfaitement son sourire se dessiner dans mon imagination. Tout un cinéma pour attirer l'attention. 

Je m'arrête net. Mes dents grincent à l'entente de ce surnom. Je suis restée toute la sainte journée en compagnie de Peter et de ses copains de bac à sable. Là il est temps d'aller rendre une petite visite à Arion pour me détendre de cette journée pourrie mais non, il faut encore que l'univers m'arrête dans ma lancée vers le bonheur.

-Attends, il dit moins fort sur un tout autre ton.

Je me retourne seulement d'un quart, prête à déguerpir dès que possible alors qu'il s'approche de moi.

-J'espère que tu n'as pas changé d'avis pour samedi. C'est important que tu sois là.

Je hausse les épaules et je détourne mon regard de ses yeux qui se veulent presque menaçants.

-Je serai là.

Sa main vient encercler mon bras et je sens ses doigts le serrer bien trop fort pour un simple touché. Il m'attire à lui et ses lèvres viennent se coller à mon oreille gauche, engendrant un frisson de panique qui traverse tout mon corps. J'essaie de reculer mais il me colle un peu plus à lui.

-Tu sais ce qui se passe quand tu ne viens pas à mes soirées ? Les gens se posent des questions. Ils se demandent pourquoi la fille qui a les faveurs du capitaine de l'équipe du campus ne se pointe pas pour soutenir son petit-ami. Et tu sais très bien ce qu'ils pourraient finir par découvrir pas vrai ?

Il se recule à peine pour pouvoir me regarder dans les yeux. Un coin de sa bouche se tord dans un sourire qui ressemble beaucoup à celui d'un fou. Les faveurs ? Dans quel monde il vit au juste ? Il n'est même pas encore capitaine.

-Ne fais pas ça Peter, je dis tremblante. Crois-moi, je t'en prie...

-J'en ai assez entendu lors de cette soirée, il crache. Sois là, t'es prévenue.

De nouveau, il m'attire vers lui, dans une étreinte forcée me coupant la respiration. Puis il me lâche et quand j'ouvre de nouveau les yeux il est déjà à l'autre bout du parking en train d'ouvrir sa portière. Je le vois grimper dans voiture, je l'entends démarrer, accélérer pour attirer les regards et je le regarde quitter le parking, tout ça sans broncher. Je prends une grande respiration quand je prends conscience que je suis en panique totale. Il faut que je me reprenne. Vite.

Je serre les poings, réajuste mon sac à bandoulière et je marche d'un pas décidé vers ma voiture. La Corvette de Vingt-six est garée juste à côté et sa fenêtre est baissée. Je vois très bien qu'il est sur le point de m'adresser une réplique cinglante mais je ne lui en laisse pas le temps.

-On va au centre équestre, je dis rapidement.

J'ouvre ma portière, monte et démarre en trombe.

J'y passe deux heures, jusqu'à ce que la nuit tombe, je décide même de faire une petite balade dans la petite forêt à côté du centre. Vingt-six suit à pied, en silence. J'ai bien peur qu'il comprenne que quelque chose ne va pas. S'il en parle à Warren c'est fini, il va vouloir tout savoir et je ne suis pas prête à tout ça. Je dois trouver un moyen pour faire comprendre à Vingt-six que ce ne sont que des disputes d'adolescents qui ne savent pas encore ce qu'est l'amour...