TRENTE-TROIS

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Chapitre trente-trois

Mont San Jacinto, Palm Springs, CA, États-Unis - Vendredi 3 décembre 2022, 02h45

LAKE

J'oscille entre la conscience et l'inconscience depuis que Vlad a tiré la troisième balle dans mon bras, près de mon épaule. J'ai perdu connaissance lorsque la deuxième est venue se loger près de la première. Je ne sens plus vraiment la douleur mais je vois, sans pouvoir y faire quoi que ce soit, mon corps se vider de son sang, coulant de ma cuisse sur la chaise, puis jusqu'au sol.

Sans vraiment savoir combien de temps passe après cette troisième détonation, je me réveille en sursaut en entendant quelqu'un hurler.

La chaise où mon père est attaché est renversée, lui avec, il grogne de douleur. C'est sûrement son cri qui m'a extirpé de ma somnolence. Quand mes yeux s'ouvrent enfin je remarque que ce n'est plus Vlad qui me tient en joug mais celui qui m'a attrapée après mon corps à corps avec les jumeaux : leur père. Thomas Petron.

Je me rappelle avoir vu débarquer Elena et l'un de deux frères qui manquait à l'appel quand on est arrivés. Dimitri étant déjà là, j'ai pu faire la connaissance de Vassili. J'ai instinctivement fui du regard Elena quand elle est arrivée, mon cœur se serrant me disant qu'en plus de me trahir moi en mettant les pieds ici, elle trahissait son frère.

Mon bras gauche me lance, ma cuisse est douloureuse mais quand je baisse les yeux, je remarque qu'on a fait un garrot au-dessus des deux blessures, pour que le sang ne s'écoule pas abondamment de la plaie ouverte. Quand je jette un œil à mon bras, j'y trouve la même chose.

Très bien, Vlad et Thomas veulent sans doute que je tienne jusqu'à la huitième balle. Pas sûr que ça marche, j'ai du mal à maintenir les yeux ouverts, j'ai la tête qui tourne, la bouche pâteuse. Je sens que la quatrième risque de me rendre un grand service.

J'essaie de me concentrer sur l'arme que pointe Thomas sur moi mais c'est sur son sourire effrayant que mon attention se porte. Ça me glace le peu de sang qui me reste et un frisson parcourt la totalité de mon corps. Je meurs de froid depuis déjà un bon moment mais là, j'ai l'impression que la température est inférieure à zéro.

Je tourne la tête vers la petite table se trouvant sur ma gauche, alors que je vois derrière Thomas que Vlad relève mon père en agrippant ses cheveux, laissant son poids pendre sous lui jusqu'à ce que la chaise se retrouve de nouveau sur ses pieds, faisant crier mon père de douleur.

Mon estomac se tord et je manque vomir, me penchant instinctivement vers l'avant. Je n'arriverais certainement pas à oublier le visage tuméfié de mon père si jamais j'arrive à sortir d'ici vivante. J'entends un nouveau coup partir et je vois du coin de l'œil le visage de mon père partir de l'autre côté, si violemment que je pense un instant qu'il est mort.

— Ferme-la espère d'enculé ! hurle Vlad complètement enragé. Tu gueulais moins quand tu fêtais ta victoire après avoir tué mon fils !

Mais personne ne répond à Vlad, mon père est tombé inconscient. Après m'avoir tiré la deuxième balle, j'ai compris que mon père avait trop parlé. Il les a certainement insultés ou menacés car il était dans un état déplorable - encore plus qu'avant, quand j'ai de nouveau ouvert les yeux.

— Tiens, on dirait que la gamine va avoir du repos, annonce Vlad se frottant les phalanges. Il a pas l'air de vouloir se réveiller...

Et de son air dépité il assène un coup de pied dans le tibia de Warren, n'obtenant aucune réaction malgré la violence du coup. Peut-être qu'il sera mort avant moi, un traumatisme crânien pourrait le faire partir bien plus vite, même après trois balles dans le corps.

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