VINGT-HUIT

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Chapitre vingt-huit

Vista las Palmas, Palm Springs, CA, États-Unis - Mercredi 1 décembre 2022, 22h50

BORIS

J'essaie de ne pas regarder Lake quitter la pièce parce que je sais que si je me laisse aller, Warren lira énormément de choses dans mes yeux et je ne suis pas sûr de pouvoir assumer ça tout de suite. Donc, je reste concentré sur Warren. Elle a très bien vu comme moi la réaction étrange de son père à notre arrivée, c'est pour ça que je reste sur le qui-vive. J'entends la porte de chambre de Lake se fermer doucement mais mes yeux ne quittent pas le regard noir de Warren.

Est-ce qu'il nous a entendus ou est-ce autre chose ?

Dans tous les cas, cette situation ne m'arrange pas du tout. Je ne sais pas combien de temps Warren a décidé de rester ici mais je ne pourrais pas agir comme je le veux s'il est là jusqu'au trois décembre. Je n'ai pas comme plan de le sauver de la tombe qu'il a lui-même creusé pour lui, ce que je veux c'est écarter le plus possible sa fille de ma famille.

— Les Buffles alors ? il lance en ramenant son verre de whisky devant ses lèvres ornées d'un sourire moqueur.

J'essaie de détendre mes épaules, j'ai toujours été très à l'aise face à Warren depuis le début. Il ne connaît pas le visage de Boris, il n'y a aucune raison que ça change. Je reste debout, sans bouger, en mimant seulement un haussement d'épaules qui me permet de les détendre discrètement.

— À la sortie des cours aujourd'hui les amis de Lake l'ont pratiquement supplié de rester, j'explique sans avoir l'air de me justifier. Si j'avais su que vous étiez de retour ce soir je l'aurais ramené tout de suite mais n'ayant aucune obligation je l'y ai accompagné pour pouvoir la ramener en sécurité.

Il hoche la tête finissant d'avaler sa gorgée en s'installant plus confortablement dans le canapé. J'ai remarqué qu'il se laissait souvent aller comme ça quand il se sentait en sécurité et étrangement, ça a souvent été en ma présence.

— Tu prends de bonnes initiatives, il commente.

On se toise un instant et il finit par me faire un clin d'œil étrange.

— J'ai passé une très mauvaise journée, je suis seulement rentré pour me reposer un peu. Je repars demain en début d'après-midi. C'est... urgent dirons-nous.

Je retiens mon soupir de soulagement entre mes dents serrées. Très bien, j'aurai un minimum de marge de manœuvre alors, j'ai été entraîné à ça, agir au dernier moment, alors sa présence ce soir n'est pas si catastrophique.

— Très bien, je réponds calmement.

— Je suis très satisfait du travail que tu fais ici, j'étais persuadé que tu abandonnerais.

— Je vous ai pourtant dit que je ne faillis à aucune mission.

J'y pense un instant... Le tuer. Protéger sa fille. Ce sont mes deux missions données par deux personnes différentes. Mais ça, il n'en a aucune idée.

— Est-ce que tu veux prendre ta nuit ?

Mes pensées ne font qu'un tour. Je ne veux pas laisser seule Lake ici mais son père ne laissera rien lui arriver tant qu'il est là, alors peut-être qu'elle ne risque rien... Ça permettrait de voir tout le monde avant qu'on passe à l'acte. Revoir le plan correctement ensemble et pas seulement au téléphone ou en coup de vent comme aujourd'hui j'ai pu le faire avec Elena.

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