Chapitre trente-sept
National L5, Greenwood, Washington, États-Unis - Dimanche 5 décembre 2022, 12h25
LAKE
Ce matin nous avons pris notre temps au réveil, profitant même de la piscine chauffée qu'avait à nous offrir l'hôtel de Portland. Les neuf heures de route du deuxième jour ont été faites sans encombre, nous avons même trouvé un hôtel du premier coup en arrivant en ville. Cette fois, aucun lit séparé quand nous sommes entrés dans la chambre, ce qui m'a doucement fait sourire.
Al' a appliqué à la lettre ce que je lui ai demandé de faire, me prenant dans ses bras, restant proche de moi à chaque moment de la nuit. J'ai abordé la nuit bien plus sereinement que la précédente et je sais qu'il n'y est pas pour rien. J'aime l'avoir à côté de moi, ayant certainement pris l'habitude qu'il veille sur moi.
Ce matin, il est descendu au self de l'hôtel pour chercher notre petit déjeuner et c'était tellement copieux que je n'ai toujours pas faim. Les pancakes étaient loin d'être aussi bons que ceux d'Al' mais si lourds qu'ils m'ont rempli l'estomac.
On a fait comme prévu, un arrêt à Walmart où nous avons acheté le strict minimum en vêtement et en hygiène avec ce qui restait de cash à Al'.
— On devrait arriver chez ma mère d'ici un bon quart d'heure.
— J'ai hâte d'enfin rencontrer quelqu'un de censé de ta famille, je dis en riant doucement.
La fossette que je vois apparaître sur sa joue me fait éclater de rire.
— Faut dire que t'es pas monté avec le plus censé non plus, il dit l'air menaçant, sa fossette toujours présente me narguant.
Mon rire se calme à peine quand je tourne la tête vers lui.
— Ce n'est pas comme ça que tu vas m'effrayer, Vingt-six.
Il lève les yeux au ciel en riant avec moi. Ça fait un bien fou qu'on puisse déjà en rire même si ça reste encore très bancal. Doucement le sérieux revient dans l'habitacle et Al' quitte la nationale, empruntant maintenant une plus petite route menant à Lakewood, nous permettant d'ouvrir les fenêtres. Il fait frais, ça sent la pluie et la nature, je sens déjà que je vais aimer cet endroit.
— J'ai du mal à faire comprendre à mon cerveau que tu ne t'appelles pas Alcinder, je dis soudainement. J'ai besoin de temps, je suis désolée si je me trompe devant ta mère. Je suppose que tu ne vas pas vouloir lui raconter que tu t'es inventé une identité pour piéger mon père et... moi ?
Je vois sa main commencer à tapoter sur son volant et je comprends qu'il réfléchit.
— Au début j'avais pensé à lui mentir oui, mais ce n'est pas une bonne idée de le faire à ma mère, elle finit toujours par savoir alors... il laisse sa phrase en suspens. Et tu peux te tromper autant de fois que tu veux, tu peux continuer, comme un surnom, ce n'est pas... Je veux dire que ça ne me gêne pas.
Au moment où il finit cette phrase, il s'arrête à un feu rouge, me regardant droit dans les yeux, me certifiant en un regard qu'il ne blague pas.
— D'accord, Alcinder.
Un sourire enfantin naît sur ses lèvres et ce Al' là monte dans mon top trois de mes préférés. Juste en-dessous de celui dans la piscine et de celui qui menace toute sa famille pour me sauver.
Je crois que je l'aime beaucoup trop pour un seul cœur.
Quand il redémarre j'essaie de m'enlever cette phrase de la tête mais soudain je n'ai plus qu'une envie, l'embrasser et surtout passer ma vie à ses côtés, à le remercier de m'avoir choisi moi, malgré tout ce que ça engendrait.

VOUS LISEZ
26
Roman d'amourVingt-cinq gardes du corps se sont succédés avant qu'Alcinder n'entre dans la maison des Howard. Lake n'est clairement pas surprise de le voir dans son salon, confiant comme s'il allait réussir à tenir plus d'une semaine en sa compagnie. Pourtant, i...