Chapitre trente-et-un
Vista las Palmas, Palm Springs, CA, États-Unis - Jeudi 2 décembre 2022, 23h15
LAKE
Je plisse les yeux pour essayer de voir ce qui se passe autour de nous. Il fait nuit noire, la lune n'éclaire pratiquement rien, nous sommes dans un endroit désert, éloigné de la ville. Je suis terrorisée.
Je lance un regard à Al'. Je n'arrive pas à me résoudre à l'appeler Boris, pas tout de suite, pour moi c'est un mensonge, un plus gros encore qu'Alcinder. Je suis frustrée de devoir changer l'image que je m'étais faite de lui, de devoir faire le tri entre le vrai et le faux. J'ai autre chose à penser pour l'instant surtout quand je vois les deux silhouettes nous attendre aux abords de l'entrée du garage. Je sens ma gorge s'assécher, mes poumons se comprimer et mon estomac se tordre en réalisant à quel point je suis en train de risquer ma vie en faisant confiance à un menteur doublé d'un criminel.
— Je crois qu'on est en avance, annonce Al' me tirant de ma panique sourde.
Je sens sa main quitter la mienne en même temps que la voiture ralentit pour pouvoir la déposer sur ma cuisse. Je ne réagis pas. Je comprends surtout que c'est exactement ce dont j'ai besoin quand il exerce une pression réconfortante avec ses doigts.
— Je vais te paraître brusque, je vais certainement t'effrayer dans les minutes qui suivent... J'aimerais que ton cerveau puisse se mettre en veille.
Je ne sais pas ce qui m'attend mais cette confession ne me dit rien qui vaille.
— Tu as le droit d'être effrayée, c'est tout ce que tu dois retenir. Tu dois l'être en fait.
Je retiens un rire moqueur parce que ce n'est pas le moment mais aussi parce que je dois être la seule à trouver drôle qu'il ait l'idée que je doive me forcer à avoir peur avec ce qui est en train d'arriver.
— Je te rassure, je me sens obligée de préciser. Je n'ai pas besoin de faire semblant.
Le regard qu'il m'adresse alors qu'il stoppe la voiture en dit long et je pense que je n'imagine pas correctement un quart de ce qui se prépare. J'ai à peine le temps de me forcer à défaire ma ceinture qui m'accroche encore à ma vie tranquille que le présent nous rattrape. La portière s'ouvre dans un courant d'air, je n'ai pas le temps de tourner la tête vers ce qui se passe qu'on me saisit et me traine hors de la voiture. Alors qu'un cri sort du plus profond de moi j'entends aussi Alcinder ouvrir la portière. Je me retrouve à terre, me battant contre deux mains qui ne semblent pas vouloir me lâcher.
— Ne la touchez pas, j'entends Al' ordonner.
Pourtant les mains ne me délivrent toujours pas et mon regard n'arrive pas à se fixer sur quelque chose. Déjà les larmes rendent floue ma vision et mes tremblements m'empêchent d'avoir des mouvements utiles. Je vois plusieurs paires de chaussures m'entourer et je me débats encore quand d'autres mains viennent m'attraper les bras pour me relever.
— Lake, respire, c'est moi, j'entends très proche de mon oreille.
Je me tends instantanément, n'ayant pas remarqué qu'on m'avait lâcher pour laisser Al' me relever. Un hoquet de panique sort d'entre mes lèvres, mélange d'un sanglot et d'un étouffement. Je fixe un instant le visage d'Al' qui parait si tendu que j'ai du mal à le reconnaitre. Quand je détourne les yeux, je vois qu'un des deux hommes à une main posée sur sa pommette, le visage rouge de fureur.
— Tu ne sais rien régler autrement que par la violence, il crache vers nous.
— C'est toi qui me parles de pacification Alexei ? répond Alcinder du tac au tac un rire jaune traversant ses lèvres. Elle ne suivra que moi jusqu'à ce qu'elle soit remise à mon père, c'est clair ?
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26
RomanceVingt-cinq gardes du corps se sont succédés avant qu'Alcinder n'entre dans la maison des Howard. Lake n'est clairement pas surprise de le voir dans son salon, confiant comme s'il allait réussir à tenir plus d'une semaine en sa compagnie. Pourtant, i...