Déjà deux longues heures que je travaille ce texte, extrait du roman Manon Lescaut de L'abbé Prévost et je n'en peux déjà plus. La première est vraiment une classe fatigante, je n'ose imaginer dans quel état je serais l'année prochaine avec le bac. En attendant, je referme le livre de français et sors de ma chambre pour descendre au rez-de-chaussée où je retrouve mon frère de 3 ans et ma petite sœur de 10 ans devant la télévision.
Ma mère est encore au téléphone, pour son travail. Elle a l'air plutôt contrarié alors je l'évite et je demande aux petits ce qu'ils veulent que je prépare. La réponse est sans appel : des pâtes.
Je m'exécute alors dans notre cuisine et fais cuire de la viande blanche à côté. Mon père débarque pendant que je mets la table. Il vient seulement de terminer sa journée de travail et arrive pour mettre les pieds sous la table, comme tous les jours. Le travail de mes parents est si prenant que j'ai fini par endosser le rôle de maman pour Noa et Zoé.
Ma mère ne daigne même pas nous rejoindre pour le dîner. Mon père l'excuse. C'est son travail, je le sais mais enfin... Notre famille se retrouve si négligée à cause de cela...
-Eléonore, tu peux me passer le sel, s'il-te-plaît ? Me demande Zoé.
J'hoche la tête en souriant et me lève pour aller le chercher. Je lui tends et me rassois à table pour terminer le repas. Bien avant la fin de ce dernier, mon père nous quitte pour rejoindre son bureau. Je laisse Zoé prendre en charge Noa devant la télévision en leur installant un DVD pendant que je fais la vaisselle. Quand j'ai terminé, je vais chercher Noa et l'emmène à la douche.
-N'oublie pas les bras, chouchou.
Il rigole et frotte. Je m'amuse à lui mettre de la mousse un peu partout sur le corps. Il ressemble à un père noël avec cette longue fausse barbe blanche, il est encore plus mignon que d'habitude.
-Eléonore ?
-Oui, Noa ?
-Elle est où maman ?
-Elle travaille, chéri. Tourne-toi, je vais faire ton dos.
J'ai conscience, à contrario de ma mère, que mon frère ressent son manque. Elle n'est pas présente pour lui autant qu'elle a pu l'être pour ma sœur ou encore moi. Pour quelle raison ? Tout simplement parce que Noa n'a jamais été désirer. Il est arrivé par accident mais c'était inenvisageable de l'abandonner ou, pour ma mère, d'avorter.
Je séchai Noa pendant que j'appelai Zoé pour qu'elle vienne prendre sa douche. Je le mis coucher même s'il résista un long moment avant de se calmer. Je vérifiai ensuite que Zoé était bien couchée à son tour après sa douche et partis prendre la mienne. Je mis la machine à laver en route au passage.
Une fois couchée dans mon lit, je soufflai un long moment. Je pris mon bouquin du code de la route et continuai ma lecture. Bientôt, j'allais pouvoir passer mon code et commençai la conduite accompagnée.
Le matin, c'est spécial chez les Descamps... Maman stresse de ne pas être à l'heure donc je l'aide à préparer les petits mais heureusement, le matin, mon père nous aide du mieux qu'il peut et sans broncher.
Il nous dépose tous à 7h45 devant nos écoles respectives qui se trouvent à quelques pas les unes des autres, puis nous marchons jusqu'à l'entrée. Je dépose Noa à la petite école et Zoé à la grande, je file en direction du lycée où je retrouve mes amies : Léna, Mila, Ambre et Emy.
-Eléonore !
Je les aperçus au bout du couloir. Je les rejoins donc, le sourire aux lèvres. Chacune à leur tour me fit la bise puis on fila au deuxième étage rejoindre le cours de Mme. Viguier, notre professeur de mathématiques.
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307 kilomètres
Teen Fiction307. Un nombre banal pour tout le monde sauf pour deux personnes : Éléonore et Alexandre. 307 kilomètres de distance entre eux. 307 kilomètres de sentiments. Eléonore Descamps & Alexandre Fournier.