Chapitre 39: Guerre

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La roche était dure. Itachi changea de position, laissant une jambe se balancer dans le vide alors que l'autre, pliée devant lui, était prête à le propulser au moindre signe de danger. Il n'avait jamais réussi à s'installer confortablement sur les rochers. Peut-être Sakura avait-elle raison : il devait avoir les os pointus.

C'était curieux, comme les petites phrases de la kunoichi lui revenaient en mémoire aux moments les moins prévisibles.

Il y avait encore eu une attaque, hier. Un contingent d'Iwa-nins avait essayé de mettre à sac la tente où ils entassaient les rations alimentaires. L'expédition était brouillonne, mal préparée, bien différente de ce dont on pouvait s'attendre de la part d'un stratège aussi expérimenté que Kakuzu, comme si les hommes avaient agi par eux-mêmes sans l'accord de leur supérieur. Des dissensions parmi les rangs ennemis ? Itachi avait soigneusement catalogué l'incident dans la catégorie anormal. S'il accumulait suffisamment d'indices, il finirait par comprendre ce qui se tramait : il lui suffisait d'attendre et d'être attentif. Par chance, c'était un art qu'il avait eu de multiples occasions de pratiquer depuis sa plus tendre enfance.

On avait renvoyé les cadavres des deux Chûnins tombés dans l'attaque à Konoha, en compagnie des Genins qui retournaient au village. Itachi avait reconnu l'un d'eux : le Nara dont la grand-mère venait de Kirigakure. Il aurait dû partir le lendemain pour un poste à la frontière de la Pluie. Le destin pouvait se montrer cruel, songea-t-il alors qu'un vent chaud balayait ses cheveux détachés.

Il relisait une énième fois la lettre de Sakura, son Sharingan activé pour compenser l'obscurité nocturne, quand un bruit de pas le força à relever la tête.

Son emplacement se trouvait à l'extrémité du camp, presque en-dehors du périmètre de sécurité. Le shinobi vérifia que sa toile d'illusions était en place puis sortit un kunai – mieux valait être paranoïaque que mort. Quand il vit deux silhouettes nimbées de gris approcher, il commença à déployer un genjutsu insidieux qui remplacerait peu à peu leur sens de l'audition… Puis il vit qu'une silhouette était celle d'une enfant et que l'autre n'avait que trois doigts à la main droite.

Cela n'expliquait pas comment elles pouvaient marcher droit sur lui. Le rythme de ses battements de cœur s'accéléra : y avait-il des imperfections dans sa technique de dissimulation ? Son chakra ne circulait-il pas correctement ? Sakura l'avait assuré qu'il était parfaitement guéri – Sasuke, appela la partie de lui qui ne quitterait jamais le deuil – mais elle avait pu oublier quelque chose…

Puis le jour se fit dans son esprit. Ushafu Riki avait pour apprentie la victime de son frère : Heshiboka Hae. La pupille prismatique perçait les illusions. Voilà pourquoi l'enfant marchait devant la femme, l'élève devant le maître : seule Hae le voyait.

- Bonsoir, Ushafu-san, Heshiboka-kun, lança-t-il doucement en abandonnant son manteau d'illusions.

La fille tressaillit comme s'il l'avait frappée. Itachi accepta sa réaction avec fatalisme. Avec elle, Sasuke avait commis l'impardonnable ; une vie ne suffirait pas à racheter cette faute. Elle ne serait jamais à l'aise face à un membre de son Clan.

- Uchiha, claqua la voix habituellement chantante de Riki. J'ai des nouvelles.

Itachi inclina la tête pour indiquer qu'il écoutait. Il ne remit pas en question la présence de la fillette : Riki dirigeait les Kusa-nins, c'était à elle de décider comment affecter ses soldats, s'ils étaient plus efficaces à Kusagakure ou au camp. Et, malgré l'antipathie qu'elle manifestait envers lui, il était assez objectif pour reconnaître que son jugement était sûr.

Du moins tant que je ne suis pas concerné.

- Les renforts d'Iwa attendus par l'Usurpateur ne sont pas arrivés. Plus important : les produits venant de la Terre ont été mis en quarantaine. Est-ce là un plan de Konohagakure ?

Pour Le Choix d' Itachi (Itachi x Sakura)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant