Itachi était de retour à Konohagakure depuis trois semaines quand la douleur cessa de le quitter. Comme une amante jalouse, elle le suivit où qu'il aille, cachée derrière une porte, l'observant depuis le coin d'un couloir, présente à son chevet quand il se réveillait en pleine nuit, crachant un mélange putride de glaires et de sang. Elle l'enlaçait dès le matin, le serrait dans ses bras jusqu'à l'étouffer, s'accrochait à son poignet comme le boulet d'un prisonnier, toujours là, toujours hors d'atteinte. Il médita tant qu'il put, essaya de la compartimenter, tenta de dormir quand elle devenait trop forte, mais la douleur se glissa dans son lit et lui murmura à l'oreille des cauchemars aux couleurs du Tsukuyomi.
Son seul répit reposait dans les mains salvatrices de Haruno Sakura.
Tous les jours, elle apparaissait à sa fenêtre avec la régularité d'une horloge. Quand la douleur commença à le paralyser plusieurs minutes de suite, il ajouta le chakra de la medic-nin à la liste de ceux que ses pièges reconnaîtraient, lui autorisant de fait un accès illimité à son lieu de vie. Lorsqu'il crachait un sang trop sombre, elle laissait ses mains effleurer ses épaules, son dos, sa tête, amenant avec elles un soulagement si intense qu'il se sentait flotter dans une mer cotonneuse.
Un matin, alors qu'elle était assise en face de lui, il la vit froncer les sourcils.- Je suis navrée, Itachi-san, je vais devoir opérer un contact physique. Vos organes sont trop fragilisés pour prendre le risque de manquer de précision.
Il hocha simplement la tête. Les premières fois, son corps se tendit contre sa volonté, habitué à n'être touché que dans la fureur des combats ou des entraînements. Personne n'avait initié un contact amical avec lui depuis son exil, à l'exception de sa petite cousine Mikoto.
Puis il s'habitua. Les mains de Sakura étaient froides sur sa peau ; était-ce elle, ou était-ce la fièvre qu'il sentait brûler en lui ? Il ne lui demanda pas. Ce n'était pas, après tout, une information décisive.
Il l'observait, quand elle était trop concentrée sur son travail pour prêter attention à lui. Son visage devenait alors un livre ouvert qui révélait les moindres soucis, les plus petites victoires qu'elle rencontrait ; la façon dont ses yeux de jade se durcissaient ou brillaient d'une lueur fière le fascinait. Depuis sa naissance, Itachi avait grandi dans le moule du parfait héritier Uchiha. On lui avait appris qu'un visage neutre était un visage noble et que toute émotion pouvait être retournée contre lui. C'était la vérité, mais Itachi n'avait réalisé que trop tard qu'il ne parvenait plus à ôter le masque qu'il avait lui-même créé.
Parfois, quand elle achevait sa tâche, leurs regards se croisaient et il la voyait rougir pendant une fraction de seconde avant qu'elle ne reprenne le contrôle de ses réactions. Itachi n'était pas un membre de la Racine : il savait ce qu'une telle attitude signifiait. Il avait vu toute sa vie des femmes rougir face à lui. Mais le groupe des femmes qui rougissaient et celui des femmes qu'il respectait ne s'étaient jamais chevauchés auparavant.
Alors il continuait à l'observer, distrayant la douleur en se concentrant sur l'ancienne coéquipière de son petit frère. Quand elle relevait les yeux et les plantait dans les siens, il ne détournait pas la tête ; elle non plus. Son expression se faisait alors sérieuse, presque contemplative, et Itachi sentait passer entre eux une compréhension que les mots ne pourraient jamais traduire. Il songea plusieurs fois qu'ils étaient plus similaires qu'on ne pourrait le croire, tous deux fanatiquement dévoués à leur devoir, tous deux se reposant sur des masques qui les protégeaient du monde, tous deux trop différents de leur entourage pour être vraiment compris – lui à cause de son génie, elle par son choix de devenir medic-nin.
Elle avait aimé son frère avec toute la ferveur aveugle d'une pré-adolescente. Il ne parvenait pas à réconcilier la Haruno Sakura qu'elle avait dû être avec celle qui discutait de poésie et de géopolitique avec lui. Elle avait des opinions arrêtées, forgées dans le bureau de la Hokage et dans d'innombrables missions diplomatiques qu'il devinait tachées de sang. Il comprenait, à la manière dont elle se reprenait après avoir argué en faveur de mesures particulièrement dures, qu'elle n'avait pas l'habitude de parler de ce genre de choses au-dessus d'une tasse de thé. Combien de personnes connaissaient l'étendue de ses missions, l'innocence qu'elle avait perdue en assurant la sécurité de Konoha ? Combien, même parmi ses amis, ne comprenaient pas qu'une kunoichi avec une telle connaissance du corps humain faisait du matériel de premier choix pour un assassinat ?
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Pour Le Choix d' Itachi (Itachi x Sakura)
FanficLa Quatrième Grande Guerre approche quand Tsunade apprend la vérité sur le massacre Uchiha. Konoha n'a jamais fait face à une telle menace. La Cinquième Hokage, prête à tout pour protéger son village, envoie sa deuxième apprentie à la recherche d'Uc...