Madara était partout et nulle part à la fois.
Comme tous les plus puissants shinobi des deux camps, il avait rejoint la frontière de l'Eau. C'était là que l'issue de la guerre allait se décider et c'était là que ceux qui comptaient se rendaient. Mais voir son masque orange n'était d'aucune aide quand il disparaissait et réapparaissait comme un démon tout droit sorti des anciens contes : on aurait attrapé une anguille avec plus de facilité. Quant à le blesser, ceux qui avaient essayé s'en étaient retournés bredouille.
Quand ils étaient revenus.
Tiraillée entre son rôle de combattante d'élite et celui, tout aussi important, de médic, Sakura parvenait à peine à attraper quatre ou cinq heures de sommeil ici et là. Grâces soient rendus aux dieux de la guerre, les combats quasi-permanents qui faisaient rage empêchaient Naruto de mettre sa menace implicite à exécution : la conversation tant redoutée n'était toujours pas advenue, et Sakura s'en sentait lâchement soulagée.
Il aurait pu paraître étrange qu'un unique pays tienne contre l'Alliance de trois nations, dont deux comptaient les plus puissants Villages Cachés – dotés notamment des plus puissants jinchûriki. Sakura savait que sur le papier, elle n'aurait pas misé son argent sur une résistance des Kiri-nins, surtout quand l'épidémie continuait de faire des ravages sur leurs civils. Comme quoi la théorie avait ses limites.
Le problème, réalisa-t-elle en soignant machinalement les derniers blessés, était qu'il n'y avait pas vraiment de Kiri-nins d'un côté et de non-combattants de l'autre : dans un pays aussi frappé par la guerre civile, tous les survivants savaient se battre. Au lieu de lutter contre un Village et quelques mercenaires, c'était contre un pays entier que l'Alliance se battait. Bien malgré eux, les shinobi de Konoha, Kumo et Suna avaient fourni à l'Eau ce qui lui avait manqué au cours des dernières années : un ennemi commun. Face à une telle menace, les habitants oubliaient leurs rancœurs pour s'unir contre l'envahisseur. Sakura savait qu'elle aurait fait de même si sa patrie avait été menacée, bien sûr, mais ça ne l'empêchait pas d'en avoir assez.
Elle voulait que tout s'arrête. Elle voulait que le cauchemar se finisse pour qu'elle puisse enfin retourner à Konoha et reprendre le cours de sa vie. La guerre volait tout, du sommeil au deuil – Sakura n'avait même pas eu le temps d'assimiler la mort de Shiranui Genma qu'on l'envoyait déjà s'occuper d'un de ses coéquipiers atteint par un poison inconnu. Elle avait pleuré tout en travaillant, pleuré en extrayant le poison, pleuré en mettant au point un remède, et ses larmes s'étaient mêlées au sang craché par le patient. Elle était tellement fatiguée – l'examen Jounin était risible en comparaison, l'entraînement auquel l'avait soumise Tsunade ressemblait à une promenade.
Le camp puait. On était tombé à court de parchemins de stockage pour les cadavres trois jours plus tôt, et les combattants ennemis n'avaient de toute façon jamais bénéficié de ce privilège. A avait eu beau faire creuser de nouvelles fosses communes aussi loin que possible, l'humidité ambiante accélérait le processus de décomposition et la moindre brise leur amenait l'odeur de la chair faisandée.
C'était ça, l'Eau : un gigantesque marécage empuanti où la pourriture montait sur tout ce qui ne bougeait pas. Seuls quelques privilégiés pouvaient se permettre de sécher leurs vêtements à l'aide de techniques Fûton – Sakura, trop consciente de ses faibles réserves, se contentait de les accrocher au-dessus de sa tente comme le reste des troupes. Mais ça ne suffisait jamais : l'uniforme qu'elle récupérait était toujours humide et froid quand elle l'enfilait. La nourriture était fade, faite de barres protéiniques et de rares soupes ici et là. Sakura avait toujours raffolé du poisson à présent, la vue d'un thon ou d'une dorade suffisait à lui donner la nausée.
Genma était mort. Mitokado, le Chûnin qui l'avait accueillie à son arrivée, avait fait partie de la patrouille qui était tombée sur Kisame durant leur ronde – c'était du moins ce qu'on avait déduit en voyant son corps déchiqueté. D'autres encore étaient morts – le frère d'Inuzuka Tsume, Aburame Shibi lui-même, Karui de la Foudre... Pire : certains avaient juste disparu. Une dizaine de médics avaient ainsi été enlevés avant que des ordres stricts les confinent à l'intérieur du camp, car rien n'arrêterait les Kiri-nins dans leur quête d'un remède à la maladie qui les décimait. Sakura était exemptée, bien sûr non seulement elle pouvait parfaitement affronter une bande de Chûnins affamés, mais en plus elle combattait souvent avec Uzumaki Naruto en personne. Ils avaient beau ne pas se parler hors des combats – ou plutôt Naruto s'approchait et Sakura masquait son chakra pour se dissimuler –, des années de travail d'équipe faisaient du duo une machine bien huilée sur le champ de bataille.
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Pour Le Choix d' Itachi (Itachi x Sakura)
Fiksi PenggemarLa Quatrième Grande Guerre approche quand Tsunade apprend la vérité sur le massacre Uchiha. Konoha n'a jamais fait face à une telle menace. La Cinquième Hokage, prête à tout pour protéger son village, envoie sa deuxième apprentie à la recherche d'Uc...