Chapitre 10: Ignorance

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Quand Sakura se réveilla, elle sut immédiatement que quelque chose n'allait pas.

Un bras ankylosé, ça pouvait se comprendre. Elle se rappelait encore de cette fois où Sai et Naruto s'étaient allongés autour d'elle pour une histoire de conservation de chaleur et où elle s'était réveillée avec un garçon sur chaque bras et la circulation coupée. Les fourmis qui avaient couru dans ses membres quand le sang était revenu avaient été très désagréables. Elle s'était arrangée pour que les garçons passent un moment tout aussi déplaisant.

Mais une sensation froide au niveau des poignets et des chevilles, c'était définitivement anormal. Qui pouvait ?...

Les souvenirs lui revinrent en bloc. La mission, le genjutsu, sa tentative de fuite ratée – les fers qu'elle sentait devaient être faits d'un métal qui perturbait la circulation du chakra. Si ses kidnappeurs étaient consciencieux, ils auraient aussi ajouté un système d'alarme pour les avertir dès qu'un prisonnier essayait d'employer son chakra. Sakura pinça les lèvres : elle préférait ne pas précipiter sa prochaine rencontre avec un membre de l'Akatsuki.

Formidable, songea-t-elle sèchement. Elle était emprisonnée dans ce qui devait être une base ennemie, pour une raison inconnue, sans moyen de s'échapper, et si ses souvenirs étaient bons, celui qui la détenait n'était rien de moins qu'Uchiha Itachi. Être enlevée par un criminel de rang S en rentrant d'une enquête sur un massacre, rien de plus normal ! Tout à fait habituel ! Elle allait être torturée et tuée le jour de ses dix-huit ans, quelle fin merveilleuse !

Sakura inspira profondément. Ce n'était pas le moment de céder à la panique. Pour commencer, elle n'était pas morte, donc le déserteur avait un intérêt à ce qu'elle soit en vie. En y repensant, elle n'avait pas non plus été soumise au tristement célèbre Tsukuyomi. C'était déjà plus étrange : pourquoi ne pas profiter du Mangekyo Sharingan pour récupérer des informations, si c'était ce que l'Akatsuki désirait ? A moins – Sakura se sentit frissonner – qu'ils ne veuillent quelque chose en rapport avec sa position d'apprentie de la Hokage. Ou peut-être une médic : une organisation comme la leur pouvait se procurer facilement des médecins, mais le trio des medic-nins de Konoha étaient les plus douées du pays du Feu, voire du monde shinobi, puisque que Chiyo-sama était morte sans prendre de disciples.

Sakura ouvrit prudemment les yeux. Le cachot était vide. Une torche accrochée au mur y répandait une lumière orangée.

Plutôt mourir que de soigner l'un de ces criminels, decida-t-elle fermement. Ils en avaient après Naruto : si l'un d'eux souffrait d'une blessure trop sérieuse pour le médic moyen, tant mieux ! Elle serait heureuse de le voir mourir lentement. Ceux qui menaçaient Naruto devaient disparaître. Ils pourraient tout essayer, elle ne céderait pas.

Et s'ils la torturaient jusqu'à ce qu'elle craque – la voie la plus probable – alors elle pourrait compter sur sa haine. Oui, inutile de s'inquiéter : la haine l'empêcherait de les soigner. C'était un phénomène rare que Sakura n'avait jamais expérimenté en personne, et elle aurait cru que ce n'était qu'une légende, si Tsunade-shishou ne lui avait pas affirmé le contraire. Mais dans ce cas précis, elle était sûre que cela fonctionnerait.
Le chakra médical, lui avait dit la Hokage, naissait d'un désir de paix, de la bonté et de l'envie d'aider qui existaient en chacun, même les pires criminels ; voilà pourquoi on encourageait les médics débutants à méditer longuement à la recherche de la paix en eux. Mais parfois, il arrivait qu'on se retrouve face à un être qu'on ne voulait pas protéger. Il n'y avait rien, pas la plus petite étincelle d'amour ; on sentait comme un désert là où d'ordinaire se trouvait un jardin luxuriant. Et le chakra vert ne venait pas. On pouvait encourager, menacer, supplier, le médic ne soignerait pas.

Tout comme Sakura ne soignerait jamais l'Akatsuki.

Sa résolution arrêtée, la Jounin essaya de se relever. Elle avait passé plusieurs heures allongée sur la pierre, la tête posée sur son bras gauche, une chaîne glacée contre la joue. Il lui fallut deux essais avant de se redresser suffisamment pour dégager son bras ; les fourmis qui l'envahirent lui firent grincer des dents. Un peu de chakra médical pour atténuer la sensation aurait été bienvenu.

Pour Le Choix d' Itachi (Itachi x Sakura)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant