Chapitre 7: Ignorance

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Sakura entra d'un pas décidé dans l'auberge. Les quelques personnes présentes dans la pièce principale levèrent la tête puis replongèrent dans leurs occupations. Le patron derrière son comptoir la fixa d'un air mécontent : il devait avoir vu assez de ninjas dans la semaine précédente pour le reste de sa vie.

Sakura avait dormi la nuit précédente dans un onsen du pays du Feu, installée confortablement dans une petite chambre traditionnelle. Etendue sur son lit, elle avait passé son plan en revue.
Que ferait-elle si elle apprenait que son clan, qu'elle avait abandonné il y a dix ans, avait été massacré par un inconnu ? Se précipiterait-elle vers la terre de sa naissance au mépris de toute prudence ? Non, pas si elle tenait à la vie. Quand un criminel tuait un clan entier, on évitait de lui signaler qu'il restait encore quelques survivants – on ne sait jamais, il voudrait peut-être terminer le travail.
Heshiboka Sakuri, vagabonde partie de son clan à la suite d'un désaccord, était une kunoichi médiocre. Du haut de ses vingt-cinq ans, n'ayant pas hérité de la pupille prismatique des Heshiboka, elle parvenait à peine à se hisser au niveau d'un Genin accompli. Mais elle était vivante après dix ans sur les routes et cela suffisait à prouver son bon sens : on ne survivait pas sur le marché des ninjas mercenaires sans une bonne dose de talent ou beaucoup de précautions.
Non, après avoir appris une nouvelle aussi atroce, elle attendrait quelques jours, reviendrait discrètement et demanderait à savoir ce qui s'était passé. La petite survivante serait une inconnue pour elle : elle n'était qu'un bébé quand Sakuri aurait abandonné le clan. Mais la jeune femme ne pourrait retenir son envie de parler à l'une des dernières Heshiboka, la dernière porteuse de l'œil-de-mouche qui avait fait la fierté du clan. A sa manière un peu bourrue, elle voudrait réconforter l'enfant. Sakura avait acheté une jolie barrette en forme d'aubépine, symbole d'espoir, pour offrir à sa « nièce ».
Raconte à Tante Sakuri ce qui s'est passé. Qui est cet homme aux yeux rouges ? Est-ce qu'il était vraiment là ? Tu ne me mens pas, hein, petite ? Tu ne voudrais pas que Tante Sakuri en veuille à la mauvaise personne, pas vrai ?

Sakura avait inclus dans son plan les shinobi que le Village Caché dans l'Herbe, Kusagakure, enverrait forcément. Aucun village ninja digne de ce nom ne laisserait passer un massacre survenu aussi près. Elle ne s'inquiétait pas pour sa couverture : les Heshiboka avaient réclamé leur indépendance politique il y a longtemps, comme le prouvait leur alliance avec Konoha, et l'Herbe ne devait pas posséder de liste des membres du clan. Dans ce genre de familles mineures, les querelles intestines étaient légions, personne ne serait surpris par la réapparition d'une cousine.
Tout aurait été bien plus simple si l'Herbe et la Feuille avaient été alliés. Mais une froide neutralité persistait entre les deux villages, anciens ennemis durant la précédente Guerre Ninja.

Sakura devrait faire attention en interrogeant la fillette. Une ninja aussi prudente qu'elle ne songerait pas à se venger. Un intérêt trop prononcé pour l'assassin de leur famille serait perçu au mieux comme glauque, au pire comme suspect. L'enfant ne serait sans doute pas capable de soupçonner cette tante sortie de nulle part, mais si elle parlait, les shinobi de l'Herbe ne seraient pas aussi naïfs. Ils n'avaient peut-être pas les informations suffisantes pour reconnaître Uchiha Sasuke – Sakura remercia mentalement Naruto d'avoir milité pendant toutes ces années pour que Sasuke ne soit pas ajouté à la liste officielle des déserteurs – mais s'ils avaient l'impression qu'elle n'était pas ce qu'elle prétendait, son séjour risquait de devenir rapidement déplaisant.

Sakura savait qu'elle pourrait s'en sortir. Kusa était un petit village comparé aux cinq Grands : si les choses dégénéraient, le pire qu'elle affronterait serait une team de Chûnins. Mais il suffirait d'une technique un peu trop semblable à celles de Tsunade-shishou pour que les soupçons naissent et que les relations entre les deux villages deviennent glacées.
Et Shishou était parfaitement capable de la laisser gérer l'embrouillamini politique qui en résulterait, avait songé l'apprentie avec désespoir. Eviter la paperasse était devenu un art pour la Hokage. Si Shizune n'avait pas déjà été Jounin, on aurait dû lui donner une promotion pour réussir à convaincre Tsunade (avec force chantages, menaces de violence et bouteilles de saké en guise de récompense) de s'occuper chaque jour des piles de papiers sur son bureau.

Pour Le Choix d' Itachi (Itachi x Sakura)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant