Chapitre 50: Guerre

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Itachi remua les braises d'une main. Une flamme presque éteinte se ranima et, dans un élan d'audace, vint lécher la peau de son poignet.

Au loin, le hululement d'une chouette retentit.

Il n'avait pas froid. Pendant un instant, la flamme aventureuse lui donna même chaud, puis il la réprimanda d'une pensée et elle quitta docilement sa main pour retourner sur la braise qui l'avait vue naître.

Il n'avait ni froid, ni faim, ni mal. Après avoir passé plus de la moitié de sa vie terrassé par la maladie, ces simples faits suffisaient à le rendre heureux.

Je pourrais passer ma vie ici, songea-t-il en regardant, autour de lui, les arbres dont les branches nues dansaient dans le vent de Décembre.

Le tempérament d'Itachi le portait vers la solitude ; une vie entière sacrifiée aux intrigues du monde ninja n'avait fait que renforcer ce désir. Le dernier des Uchiha aurait accepté avec joie de passer le restant de ses jours en ermite, s'il l'avait pu. Ces quelques jours entre parenthèses, à parcourir la vaste forêt du Feu, le plongeaient dans une paix qu'il goûtait avec un mélange de prudence et d'espoir.

La chouette chanta de nouveau. Itachi étendit ses sens à leur maximum. Elle n'était pas loin ; pas plus de cinquante mètres, d'après le son. S'il forçait un peu, peut-être réussirait-il à percevoir son chakra à la lisière de ses perceptions...

Non, il n'y arrivait pas. Je ne serai jamais un sensoriel, dut-il reconnaître en fouillant dans les braises pour en retirer une pomme de terre.

Comme cela lui arrivait soudain à présent, ses pensées voguèrent vers la femme à qui il devait la vie. Sakura aurait pu sentir le chakra de la chouette. Elle n'était pas plus sensorielle que lui, et pourtant, à force d'obstination, elle était parvenue à imiter ce talent rare. Son contrôle parfait du chakra avait sûrement aidé. Malheureusement, l'exploit requerrait une intense concentration et exigeait qu'elle étende son propre chakra à travers la zone, ce qui le rendait inutile lors d'une filature... Mais il n'en restait pas moins impressionnant.

Il avait découvert cette aptitude à l'époque où la guerre n'était encore qu'un nuage grossissant un peu plus chaque jour, alors qu'ils vivaient encore sur le domaine. C'était peu après que Sakura avait soigné Sakana et gagné ainsi son respect. Il faisait beau, ce matin-là, et Itachi était allé s'asseoir dehors, à même le sol, contre le tronc d'un jeune pin. Le choix du lieu n'avait rien d'anodin : Sakura s'entraînait souvent là et il espérait pouvoir l'observer. Dans leur monde, une séance d'entraînement révélait plus qu'une longue conversation. Sa décision de faire confiance à la jeune médic avait été soudaine, presqu'irréfléchie, et il lui fallait à présent confirmer sa première intuition.

La Jounin le savait également. Quand elle était arrivée, elle l'avait jaugé pendant un long moment avant de commencer ses exercices.

Si défaillante soit sa vue, Itachi avait tout de même pu admirer l'excellent contrôle qu'elle avait de ses mouvements. Elle ne vacillait jamais, ne perdait jamais l'équilibre, aucun de ses coups ne s'égarait, aucun de ses appuis n'était incertain. Son style n'avait rien de celui, gracieux et esthétique, qu'on inculquait autrefois aux kunoichi Uchiha ; il était puissant, brutal, et Itachi n'avait aucun mal à imaginer ses cibles explosant là où elle les touchait.

Il y avait une beauté dans cette violence qui ne se cachait pas.

Jusqu'à ce que Sakura s'arrête à mi mouvement. Elle avait reposé son pied au sol, ramené ses bras contre son corps, et s'était tournée vers Itachi qui avait incliné la tête sur le côté en signe d'incompréhension.

Il y a un cerf blessé plus loin, avait-elle déclaré. Je vais le soigner.

Itachi avait appris deux choses ce jour-là. Un, Haruno Sakura soignait toujours les cerfs blessés.

Pour Le Choix d' Itachi (Itachi x Sakura)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant