Chapitre VI

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Je regarde le paysage défiler sous les étoiles lumineuses, il est concentré sur sa conduite. L'atmosphère est silencieuse, je sens son regard parcourir les blessures de mon dos. Du coin des yeux, j'observe le bouton pour déverrouiller les portes. J'ai encore une chance de m'enfuir. Aaron roule vite, il est plongé dans ses pensées, c'est mon dernier espoir. L'atterrissage risque d'être douloureux, mais je n'ai pas le choix, si je veux m'en sortir, je dois salir mes mains. Je décroche ma ceinture et, dans un geste rapide, j'appuie sur le bouton. Aaron est surpris, il essaie de me rattraper, mais le volant dérape. J'ouvre ma portière malgré ses menaces, je me retourne pour lui adresser un clin d'œil. Il est furieux, je regarde devant moi et sans hésiter, je saute du véhicule. La chute est brutale, j'atterris sur l'herbe mouillée. Mon corps, prit de vitesse, continue de rouler sur le sol, devant moi se trouve un ravin avec pour fond un grand lac visible grâce à la lumière émise par la lune. Le bruit sourd des freins de la Porsche résonne loin de moi. Je descends le ravin sans pouvoir m'arrêter, les branches des arbres griffent mon corps.

Mon dos me fait atrocement souffrir, je me rapproche du lac. Je ferme les yeux en attendant mon sort. Ma chute est violente, ma robe est déchirée de partout. Je suis encore une fois terrorisée, j'ai peur. Brusquement, j'arrive à me rattraper à une branche peu solide laissant mes pieds s'agiter dans le vide. Je pousse un cri de terreur, mes mains deviennent moites, les coupures sur mon corps me brûlent. Je suis coincée ici au milieu de nulle part, sans aide. Regretter mon choix ne m'aidera pas à me sortir de cette situation, je dois trouver une solution au plus vite avant que la branche cède sous mon poids. Elle émet un bruit peu rassurant, un frisson parcourt mon corps. Je vais tomber dans le vide, c'est certain. Je ferme les yeux, impuissante. Je ne survivrais pas à une chute aussi violente, cette pensée me donne la chair de poule. La branche craque à nouveau, je retiens ma respiration. Des larmes coulent le long de mes joues, elle finit par se casser m'emportant avec elle dans sa chute. Mon corps flotte dans l'air à vive allure, aucun cri ne sort de ma bouche. La fin se rapproche à grands pas, je ferme les yeux en faisant le vide dans ma tête. Je sais que je ne pourrais pas remonter à cause de l'impact de ma chute.

Je prends une dernière respiration avant que mon corps frêle ne touche l'eau gelée. La surface n'est plus qu'un lointain souvenir, je suis attirée  par les profondeurs du lac. Je suis incapable de bouger, mon être brûle, je me laisse sombrer. Je n'ai plus le courage d'affronter la mort. Les dernières bulles d'air s'échappent de ma bouche, elles volent vers la surface. Ma robe flotte autour de moi avec mes cheveux bruns détachés. L'air commence à me quitter entièrement, l'eau froide me paralyse. Les yeux clos, emportée dans un étrange silence, j'attends. Mais ma fin ne vient pas, un bras encercle mes épaules pour me remonter à la surface. Mon sauveur me dépose sur une berge, je refuse d'ouvrir les yeux.

- Idiote.

Aaron James vient de me sauver la vie, je l'entends jurer avant de commencer à rapprocher ses lèvres des miennes pour faire sortir l'eau de mon corps. Au bout de la troisième tentative, je recrache l'eau en toussant. Ma respiration est bruyante, j'essaie de reprendre mes esprits. J'ouvre difficilement les paupières, son regard de glace plonge dans le mien, j'ai l'impression de me noyer à nouveau. Je frissonne, la température est devenue glaciale.

Notre échange de regards est silencieux, il est trempé. Sa chemise blanche est devenue transparente laissant entrevoir de nombreux tatouages, sa beauté est ténébreuse. Il récupère son arme et sa veste qui sont posés un peu plus loin, il enveloppe mes épaules avec cette dernière pour me réchauffer. Je le regarde, surprise par son geste. Je recule maladroitement pour instaurer une distance entre nous.

- Ne me remercie surtout pas.

Je ne suis pas capable de lui adresser un seul mot, je suis sous le choc. La mort ne m'a pas prise, grâce à lui. Je n'ose pas bouger, je n'arrive pas à comprendre les raisons qui l'ont poussé à venir me chercher dans les profondeurs angoissantes. Il aurait dû continuer sa route en me laissant affronter les conséquences de mon acte débile, personne ne se serait arrêté pour venir me sauver de la noyade. Pourquoi est-il descendu ? Pourquoi n'a-t-il pas hésité à plonger ?

- William, je suis certain d'avoir entendu un bruit.

Je plaque mes mains sur ma bouche pour étouffer un autre cri. Aaron me prend par le coude pour me relever, on se cache derrière un grand arbre. Il se plaque sur moi pour cacher ma robe visible dans la nuit. Nos visages sont séparés par quelques centimètres, ses yeux me lancent des éclairs. Je baisse la tête blottie contre lui, William ne doit pas me retrouver. Leurs voix résonnent en écho, ils sont proches de nous.

- Je l'ai vu William, elle était aux côtés d'un homme glacial et intimidant.

J'entends le rire d'Aaron près de mon oreille gauche, je le fusille du regard.

- Tu es bien sûr que c'était Abby Smith ?

- Oui, j'ai réussi à l'isoler dans mon bureau loin de son prétendu mari. Elle est très jolie William.

- Raconte moi la suite.

Le rire d'Aaron disparaît aussi vite qu'il est arrivé, son corps se raidit suite aux paroles prononcées par ces monstres. Je sens son regard sur mon visage, je baisse la tête, honteuse.

-C'est une vrai tigresse haha, elle ne s'est pas laissé faire, elle m'a planté une paire de ciseaux dans le dos avant que je ne puisse faire quoi que ce soit.

William se met à rire, une larme coule le long de ma joue. Aaron pose sa tête dans mon coup, il chuchote.

- Abby, est-ce qu'il t'a fait mal ?

- Ça n'a plus d'importance.

Je sens sa main trembler, son corps se crispe. La colère envahit son corps, ses pensées, elle prend possession de lui. Son regard s'assombrit, une nouvelle lueur habite son regard.

- Je vais les détruire.

Je le retiens en m'agrippant à sa chemise . Nos regards se posent sur mes mains, hésitante, je prends la parole.

- Ne me laissez pas seule.

Son regard change, la colère disparaît. William et son ami repartent. Son regard brûle ma peau, je refuse de lui faire face.

Aaron se détache de moi, ses yeux ne me lâchent pas. Il me fait signe de monter sur son dos, j'accepte en silence. Nous remontons vers la voiture sans un bruit. Je m'accroche à ses épaules, j'ai froid, mon corps grelotte. Une fois arrivé, il m'allonge sur les sièges passagers, il me recouvre avec son manteau. Il part s'installer sur le siège conducteur et reprend sa route. Je ferme les yeux en serrant le manteau contre moi pour me réchauffer. La lune n'a pas bougé, elle a assisté à toute la scène, je la regarde. Les étoiles l'accompagnent, je n'ai pas eu beaucoup d'occasions pour les observer, Alexandre m'a privé de tout, même des étoiles. Un sourire timide naît sur mon visage, Aaron me dévisage dans le rétroviseur. Je le remercie silencieusement, il comprend. Au bout d'une heure, la voiture s'arrête, il quitte sa place pour ouvrir ma portière. Je me redresse, il entre et s'assoit à côté de moi. Il expire bruyamment.

- Pourquoi tu m'as retenu tout à l'heure

Je le regarde curieuse, il lutte contre ses pensées.

- Ces hommes ne méritent pas qu'on se mette en danger pour eux.

- Ils étaient deux, tu me sous-estimes Smith.

- Je connais William, ses hommes devaient rôder près de lui.

Il lève les yeux vers ciel, la colère refait surface.

- Ils arrivent toujours à m'échapper.

Il chuchote ses mots, je le regard sans comprendre où il veut en venir. Sans me laisser le temps de lui répondre, il sort de la voiture et m'invite à sortir aussi. Je regarde autour de moi, nous sommes devant un grand château construit en pierres grises. Il n'y a rien aux alentours à part un immense jardin, des arbres et des buissons. La route par laquelle nous sommes arrivés disparaît derrière les arbres. Il fait froid, je passe mes bras autour de moi. Je suis terrifiée à l'idée d'être seule avec ce criminel au milieu de nulle part, sans échappatoire.

- Et maintenant ?

Il se retourne vers moi, je recule. Il attrape mes poignets, ses yeux plongent dans les miens. Il sourit en prenant mon visage avec une de ses mains.

- Tu es mienne.

Je serre la mâchoire, il recule en gardant mes mains dans la sienne. Nous rentrons dans son grand château, je me débats du mieux que je peux mais Aaron à beaucoup plus de force que moi. La porte se ferme dans mon dos, ma liberté n'existe plus.

Après toi [ réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant