Chapitre XIV

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La douce lumière du soleil me réveille, Aaron dort toujours profondément. Je me lève pour sortir du canapé, je ne veux pas le réveiller. Cette nuit a été très étrange, troublante. Il n'y pas un instant où j'aurais songé à passer ma nuit avec lui, mais la réalité est différente, je me suis endormie dans les bras de mon ravisseur. Il a réussi à me déstabiliser, j'ai complétement perdu le contrôle. Je quitte la chaleur de la chambre pour aller dans la grande pièce principale, j'aimerais profiter de ce moment solitaire pour jouer un peu de piano. Je parcours le couloir gelé en courant ma main sur le mur, mon t-shirt flotte autour de moi. J'arrive enfin devant les escaliers, je les descends doucement avant de m'approcher du piano qui trône au centre de la pièce. Il est blanc, je passe mes doigts sur ses touches délavées. Son contact me rassure, il me remémore de beaux souvenirs. Je m'installe sur le tabouret marbré avant d'élever mes mains dans le ciel. Des particules de poussière volent à travers les rayons du soleil, je les observe un moment avant de poser ma main droite sur les touches.

J'aime beaucoup jouer Clair de Lune de Debussy, c'est mon morceau préféré. Je ferme les yeux et laisse mes mains s'envoler sur les touches faites de noir et de blanc. La mélodie qui en ressort est un vrai plaisir, mes oreilles se délectent de ce spectacle auditif. Je joue le morceau en entier avant de recommencer, renversant ma tête en arrière laissant mes mains libres à leur imagination. Bercée par toutes ces émotions, j'en oublie tous mes problèmes, toutes mes angoisses, toutes mes peurs s'élèvent en harmonie avec les notes dans l'air. Cette mélodie parcourt tout mon être, elle cicatrices mes blessures. Je me retrouve enfin, je m'abandonne à cette infime joie.  Un sentiment nouveau s'empare de moi, je me sens plus légère. Je me sens enfin libre.  Ces mots me font sourire, la liberté, j'aimerais vraiment la retrouver, un jour.

- Ainsi Abby Smith joue du piano.

Je m'arrête soudainement de jouer provoquant des fausses notes, je reviens très vite à la réalité. Je me redresse confuse avant de me retourner vers lui.

- Ça vous dérange ?

Je lui parle  d'un ton froid et sec car je ne veux pas installer une proximité entre nous, il reste l'homme qui m'a enlevée. Je ne suis pas ce genre de femme qui tombe sous le charme de leur ravisseur au bout d'un temps, il reste l'homme qui ôte la vie.

- Pas le moindre du monde.

Sa façon de me parler me tiraille, il s'amuse à me regarder de bas en haut avant de repartir dans sa chambre. Je reste debout  dans la grande salle ne sachant plus quoi faire. Je décide de retourner dans ma chambre pour être seule encore une fois, il m'a surpris en train de jouer, je n'aime pas ça. Je marche dans le couloir d'un pas déterminé. Alors que je suis devant le palier de ma chambre, je remarque une petite porte rouge bordeaux cachée dans l'ombre.  Je m'approche d'elle et la pousse du bout de mes doigts, elle grince avant de s'ouvrir, laissant place à un magnifique jardin ensoleillé. Je pose mes pieds nus sur les pavés chauds, devant moi se trouve un grand arbre, le vent caresse ma peau, délicatement.

Pourquoi cette porte est ouverte ?  Aaron a-t-il oublié de la refermer ? Est-ce qu'il me teste, encore une fois ?

Je décide d'avancer dans ce havre de paix, les feuilles des arbres orangées colorent le sol. Un petit sourire apparaît sur mon visage, j'entends le bruit des oiseaux et du vent sur les arbres. Une fontaine entourée de bancs se trouve devant moi, l'eau est très claire.  Je continue mon chemin jusqu'aux arbres, un petit étang est dissimulé derrière eux. L'air est chaud, je regarde l'eau avant de regarder mes vêtements. Je décide de me baigner, il n'y a personne aux alentours. J'enlève mon haut et mon short en gardant tout de même mes sous-vêtements, je trempe mes pieds puis, mon corps en entier. Je mets ma tête sous l'eau pour nager, je ferme les yeux et reste un petit moment dans ce grand  silence.  Lorsque mes poumons sont presque vides, je remonte à la surface pour respirer. Je laisse mon corps flotter en fermant les yeux, le soleil brûle ma peau. C'est la première fois que je sors "librement", une sensation de bien-être m'envahit.  Un sourire aux lèvres, l'esprit libre. Si Aaron me trouve, il va me tuer.  Pour une fois, je ne veux pas penser aux répercussions qui engendreront mon acte. J'entends une branche craquer, cela doit être sans doute un animal. Je continue de nager dans l'eau sans prêter attention à ce qui m'entoure. 

Quel beau mois d'octobre.

De nouveaux craquements résonnent près de moi, je m'arrête de nager pour repérer l'origine du bruit. Mon instinct me crie de fuir, je suis en danger, je le sens. Je me retourne, je ne vois personne. Est-ce que j'hallucine ?  J'aperçois une silhouette dissimulée derrière un arbre, mon corps est épris de tremblements. L'eau me paraît comme étant glacée, j'ai fait une erreur.

- Aaron c'est vous ?

La personne sort de sa cachette, menaçante.

- Non, malheureusement pour toi ma belle.

Le cauchemar réapparaît.

Après toi [ réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant