Chapitre XVII

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Les yeux et la bouche grands ouverts, je repasse la scène dans ma tête. Je sens encore ses lèvres contre les miennes, cette sensation inconnue.
Un frisson parcourt tout mon corps, je secoue la tête de gauche à droite pour chasser son visage de mon esprit. Il a bravé l'interdit. Je sors de la chambre avec un drap sur les épaules et m'approche des fenêtres qui se trouvent devant moi. Je décide de m'asseoir par terre pour regarder le ciel, j'ai besoin de réfléchir. Je m'agenouille et pose ma tête sur le rebord d'une des fenêtres, mon regard s'attarde sur le paysage. La nuit commence peu à peu à tomber, le ciel est teinté d'orange, de jaune, de bleu et de rose. Je le contemple pour me détendre, j'ai besoin de retrouver mes esprits après ce qui vient de se passer. Je sais que si Aaron me trouve, je vais encore passer un mauvais quart d'heure, mais au point où j'en suis ça ne me fait plus d'effet. Des images néfastes réapparaissent dans mon esprit, je secoue la tête en me centrant sur le ciel pour les oublier. Je passe involontairement mes doigts sur mes lèvres.

- On pense à moi ?

Je ne me retourne pas, je resserre le drap autour de moi en continuant de regarder le ciel.

- idiot.

Il rigole avant de s'agenouiller près de moi.

- Tu es fâché à cause de ce qui vient de se passer ?

Je ne réponds pas et tourne la tête du côté opposé. Je suis furieuse contre lui, il le sait.

- Pourquoi tu es ici Smith ?

- Je n'ai pas envie d'en parler.

Alexandre passait son temps à m'enfermer dans la chambre pendant des jours, je ne pouvais pas m'en échapper. La solitude était devenue une habitude, je ne la craignais plus. Il venait toujours à la même heure pour me frapper ou m'humilier. Cette partie sombre ne me quittera jamais, je vais devoir apprendre à vivre avec ces souvenirs douloureux. Le ciel devient noir, les étoiles apparaissent, la nuit du mois d'octobre prend place. La chaleur est présente malgré tout. Je sens son regard se poser sur moi, je frisonne.

- J'ai commencé à tuer dès mes seize ans.  Mon frère et mon père ne m'ont pas laissé le choix.

Ses yeux s'attardent sur le ciel. Je le regarde, sa voix se coupe, il secoue la tête. Son regard est fuyant, il instaure de la distance entre nous. Il contemple le ciel à son tour, ses mots volent dans l'air. C'est la première fois qu'il se confie ainsi, ses paroles me glacent le sang. Mes yeux se détournent des étoiles pour le regarder, il aborde une expression que je n'avais jamais vu avant. Les flash-back qui reviennent en lui doivent être douloureux, sa mâchoire se tend, un voile léger se pose sur ses yeux. Mes mots sont inutiles, je me rapproche de lui, attentive.

- Ma mère est morte en me mettant au monde, ils m'ont toujours détesté.

Sa carapace est en train de sombrer, il se montre sous un nouveau jour. James n'est pas effrayé de me dévoiler sa vulnérabilité, son comportement me surprend. Sa main droite tremble légèrement, son anxiété prend le dessus. D'abord hésitante, je finis par poser ma main sur la sienne. Sa peau est glacée, il entremêle nos doigts. Ses yeux ne se détachent pas du ciel, il reprend.

-         J'aurais aimé la connaître Smith, peut-être qu'elle aurait pu me sauver d'eux. Ils m'ont détruit.

Sa voix est grave, une larme coule le long de sa joue. Il l'essuie puis, il se tourne vers moi. L'océan présent dans ses iris est agité, je m'y perds à nouveau. Je découvre une tristesse lourde, des regrets profonds. Il se racle la gorge et se relève, je l'imite. Nos mains se lâchent, un vide s'empare de moi. 

-  Retourne te coucher Smith, je vais monter la garde cette nuit.

- Je ne vais pas pouvoir faire le mur alors.

Il sourit en entendant ma petite remarque, il part vagabonder dans son château. Je suis certaine que c'est une excuse, il veut fuir les souvenirs de son enfance qui remontent à la surface. Je retourne dans ma chambre, troublée par la conversation.

Après toi [ réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant