Chapitre XXXIV

103 3 0
                                    

J'observe la neige tomber en silence sur le sol à travers la fenêtre du couloir, Aaron n'a pas fait un seul bruit depuis mon départ. J'attends depuis vingt minutes, je culpabilise. Ses écrits ont dévoilé toutes ses pensées, je n'aurai jamais imaginé qu'il évoque ses sentiments pour moi dans son journal. Ses mots me hantent, mes pensées s'embrouillent entre elles, je suis troublée. La vérité est aussi brutale que ses pensées écrites, je l'apprécie plus que je ne l'admets. Je ne me suis jamais autorisée à éprouver quoi que soit pour un homme, j'ai trop souffert dans mon passé. Aaron est différent de ceux que j'ai côtoyés, il me déstabilise, il a brisé la carapace qui me protégeait. Je suis confuse, je me retrouve seule avec les sentiments que j'éprouve pour lui, ça m'effraie. Il n'a aucune conscience du désir qu'il me fait ressentir, mon cœur et mon esprit se battent quotidiennement. Je ne sais qui va gagner cette bataille. Je dois prendre les devants et m'excuser pour partir au plus vite avant que cette situation ne dégénère.

Je n'ai pas le droit de m'attacher à lui, c'est dangereux, je risque d'y laisser quelques plumes. Je n'ai pas le droit de fuir en nous laissant dans cet état. Je me relève, les mains tremblantes, je repasse le tissu de ma robe blanche. Je frappe à sa porte délicatement, nerveuse. Il ne me répond pas, je ne suis pas surprise. Je décide d'entrer sans son autorisation, consciente du risque que je prends. James est debout, il n'a pas bougé, son regard est concentré sur les mots qu'il a écrits. Il relève la tête, ses yeux rencontrent les miens. Il s'approche de moi, sa colère n'est pas partie.

-         Je t'ai dit de partir Abby, j'ai besoin d'être seul.

Aucun mot ne sort de ma bouche, mon regard parle à ma place. Cette situation est devenue récurrente entre nous. Ses poings sont toujours serrés contre lui, les muscles de sa mâchoire sont tendus. Sa colère se manifeste à travers ses gestes brusques, son regard est électrique.

Je brise la distance qu'il a instaurée et m'approche délicatement de lui en décidant d'ignorer ses paroles. Je prends sa main et la pose sur mon cœur sans le lâcher du regard. La pièce est plongée dans un grand silence, ses yeux fuient les miens. Je pose ma main au-dessus de la sienne, nous écoutons les battements de mon palpitant qui s'accélèrent. Aucun mot ne sort de sa bouche. À son tour, il prend ma main et la pose sur son cœur, toute trace de colère a disparu. L'électricité de son regard se transforme en curiosité. Nos doigts se lient, j'écoute son rythme cardiaque s'aligner en harmonie avec le mien, nos cœurs battent à l'unisson. Nous ne formons plus qu'un, nous sommes liés par la souffrance qui nous habite. Des milliers de frissons traversent mon corps, je me perds dans son regard.

-         Arrête de me regarder comme ça Smith, tu me déstabilises.

Ses iris bleutés brillent de mille feux, la profondeur de l'océan qui les habite m'attire. Je veux m'y perdre, oublier le temps. J'ai l'impression que je me noie, à croire que j'ignore le fait que je ne peux pas respirer sous l'eau. Je plonge dans son regard, sans penser aux conséquences. Mes lèvres s'ouvrent, ma respiration résonne bruyamment dans l'air.

-         Abby, Tu es ma lueur d'espoir.

Il place sa main sur ma joue et dépose ses lèvres sur les miennes. Je ferme les yeux pour ressentir l'espoir et le désir qui habitent son baiser. Une vague de chaleur m'envahit, chaque émotion qu'il me transmet se mélange avec celles que je ressens. Nos langues s'unissent dans un tourbillon sans fin, je m'accroche à ses lèvres, je ne veux plus le perdre. Son autre main est posée sur ma hanche, il me rapproche vers lui pour m'embrasser à nouveau. La vérité éclate, celle que j'enfouissais au plus profond de mon être, je ne peux plus lutter contre mes sentiments. C'est un fait que je dois assumer, j'aime Aaron James comme je n'ai jamais aimé.

                   PDV AARON.

Elle quitte mon bureau, mes nerfs sont tendus. La situation m'échappe, Smith me fait perdre le contrôle, elle me rend fou. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle trouve mon journal, elle a lu toutes mes pensées. Elle connaît mon histoire à présent, je m'en veux, j'ai été faible. A présent, elle doit ressentir de la pitié, je l'ai vu dans ses yeux. Mon passé est douloureux, mais je ne mérite pas qu'on s'inquiète pour moi. Je dois vivre avec ma souffrance, mes démons ne dictent pas ma vie, j'apprends à les surmonter, même si ça prend du temps. Je relis les mots que j'ai écrits, putain, elle sait. Je ne peux plus me cacher, je suis perdu. Ma colère n'explose pas, je reste étrangement calme. Elle frappe doucement sur la porte qui nous sépare, je ne réponds pas, je ne suis pas prêt à l'affronter. Mon avis l'importe peu, elle entre sans attendre ma réponse.

-         Je t'ai dit de partir Abby, j'ai besoin d'être seul.

Seul son regard intense me répond, ses iris gris pétillent d'une lueur qui m'était inconnue jusqu'ici. Elle se rapproche de moi, confiante. Elle prend ma main et la met sur son cœur qui bat la chamade. Son geste me surprend, je tourne la tête pour éviter d'être confronté à son regard. Je sens ses yeux me supplier de les regarder, je lutte contre mon envie de la prendre dans mes bras. Elle laisse tomber sa main en pensant être vaincue, or ce n'est pas le cas. Ma main est posée sur le sien, je la regarde curieux. Je franchis les derniers pas qui nous séparent pour prendre sa main et la poser sur mon cœur dont les battements se lient aux siens. Je prononce son prénom. Je la regarde frissonner, ses yeux brillent à nouveau. Elle est magnifique, ses joues sont légèrement rosées, ses lèvres s'ouvrent, mon regard s'attarde sur celles-ci. Je ne peux plus lutter contre mon désir.

-         Abby, tu es ma lueur d'espoir.

Je prends son visage avec ma main et dépose mes lèvres sur les siennes, je laisse les émotions qui me traversent déborder. Ses paupières se ferment, ses lèvres brûlent les miennes. Nos langues s'unissent, elle s'accroche à notre baiser pour l'approfondir. Je passe ma main libre sur sa hanche pour la rapprocher de moi et intensifier la tension qui nous habite. Elle finit par rompre notre échange et se réfugie dans mes bras. Je passe ma main dans ses cheveux doux, je la sens sourire contre mon torse. Aucun mot ne résonne dans l'air chargé électriquement, je ferme les yeux, rassuré par sa présence chaleureuse.

Un espoir né, un sentiment inconnu réchauffe mon cœur glacé.

Celui d'aimer.

Après toi [ réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant