Après toi [ réécriture]

Chapitre XXXIII

Son regard exprime tant de choses à la fois, il m'hypnotise. Quelque chose a changé chez elle, Smith n'est plus la femme que j'ai enlevé à son ravisseur. Je découvre une nouvelle personne, une femme forte qui lutte contre ses démons. Au travers de la beauté de ses iris, je lis la profonde douleur qui ronge son être depuis des années. Seule la flamme de son désir de liberté brûle au plus profond d'elle, la peur ne fait plus partie de ses préoccupations. Mon désir de la garder auprès de moi ne doit pas l'emporter, je dois accepter que c'est terminé. Je relève la tête, puis je démarre, le bruit du moteur me fait sourire.

-         Quittons cet endroit, on reprendra notre discussion château.

Son regard s'attarde sur mes mains tatouées, puis sur mon visage, elle acquiesce sans dire un mot. La forêt s'éloigne au fur et à mesure, la villa de William n'est plus qu'un mauvais souvenir.

Du coin de l'œil, j'aperçois des larmes couler discrètement le long de ses joues. Elle ne les sèche pas, son regard se perd dans le paysage qui défile rapidement sous nos yeux. Ma main gauche quitte le volant pour venir serrer la sienne, elle exerce une petite pression pour me remercier. Après un long moment silencieux, nous arrivons enfin chez moi. Le moteur de la voiture se coupe, je quitte la voiture pour ouvrir sa portière. Sa longue robe blanche se mélange à la neige, elle frissonne. Sa beauté me rend, fragile. J'aimerais la prendre dans mes bras, lui dire que tout est terminé, mais nous savons tous les deux que ce n'est pas le cas. Je lui donne les clés du château, son regard rencontre le mien, je suis pris de frisson.

-         J'ai besoin d'être seul quelques minutes, je te rejoins. Attends-moi au chaud.

Elle récupère les clés puis entre dans le château, son ombre s'efface, le silence réapparaît. Je regarde la neige tomber sur le sol, ma respiration s'allie au rythme des flocons qui volent dans l'air.

PDV ABBY.

J'erre dans le château de James à la recherche de réponses, je dois trouver un moyen de percer le mystère qui plane autour de lui. J'atterris devant le majestueux piano, silencieuse, je l'observe. L'atmosphère qui plane autour est singulière, cet endroit m'avait manqué. Je m'assois sur le tabouret, seul mon regard parcourt les touches noir et blanches. Je partirai d'ici une fois que j'aurais obtenu mes réponses. Je ferme les yeux et je réfléchis, je suis certaine qu'il écrit ses pensées. Il n'est pas encore rentré, c'est ma seule chance de percer son secret. Je me relève, les couloirs vides m'intimident, il ne doit pas me trouver. La pièce qu'il occupe le plus est son bureau, je vais commencer mes recherches là-bas. Je me hâte d'ouvrir délicatement la porte et de la verrouiller une fois entrée, la beauté de la pièce m'éblouit. Son bureau noir est posé au milieu de la pièce, des fauteuils noirs lui font face. De nombreuses étagères remplies de livres et d'objets anciens habillent les murs blancs, des plantes sont posées de part et d'autre de la pièce. L'échiquier posé sur son bureau attire mon attention, la partie n'est pas terminée. Il se défie. Les rayons du soleil se reflètent sur le carrelage de damier noir et blanc. Je suis émerveillée par  l'élégance de cette pièce, elle est chaleureuse. Je m'approche de son bureau et je commence à fouiller les tiroirs les uns après les autres. Au bout de dix longues minutes, je parviens à trouver un double fond dans un tiroir dissimulé sous son bureau. Je le soulève et découvre un petit carnet noir, abîmé. Je le prends délicatement entre mes mains, puis je m'assois sur sa chaise. Son écriture lui ressemble, elle est élégante et distinguée. Certaines pages sont déchirées, abîmées, d'autres sont raturées. Je finis par tomber sur un passage qui attire directement mon attention.

Jeudi 3 Mars, 2012.

«  Je n'ai jamais apprécié le fait de coucher par écrit mes pensées et mes ressentis, ça ne me correspond pas. Pourtant, j'ai ce besoin vital de me confier, l'écriture est ma seule échappatoire. Aujourd'hui, j'ai seize ans. »