Chapitre XXXVI

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3 jours plus tard.

L'orage gronde, l'éclaire violet traverse le ciel gris au-dessus de nos visages trempés. Les gouttes d'eau froide glissent sur ma peau, d'un geste délicat. Le vent s'engouffre dans mes cheveux, la tempête se déchaîne.

-         Décidément, tu n'as pas le sens du timing Smith. Choisir ce jour pour ton départ n'a pas été ta meilleure idée.

Mon regard se tourne vers James, il m'adresse un sourire ironique, trempé. Aujourd'hui est un jour important, je quitte cet endroit pour toujours. J'ai passé ces trois derniers jours à cogiter, quitter James n'est pas aussi facile que je le pensais. Loin de moi, l'idée de créer une relation avec lui, mais la simple pensée de tourner la page m'effraie. Je suis attachée à lui, j'en suis consciente. Aaron ne peut pas faire partir de mon présent, même si, je souhaite le contraire. On se retrouve tous les deux au milieu de la pluie, près a partir. Aaron ne veut pas me laisser rentrer seule, il me reste peu de temps avant nos  derniers adieux.

-         Il n'y a pas de « bon jour » pour te fuir, James.

Son rire se mélange au bruit de la pluie, son regard se perd dans le mien, scellant nos derniers souvenirs. Il se rapproche de moi pour prendre mon menton entre ses doigts glacés, son bras entour ma taille et me rapproche de lui.

-         Je vais te manquer Smith, avoues le.

Je secoue la tête, il fronce les sourcils, mon rire résonne face à sa moue. Ses lèvres s'étirent en un grand sourire, puis elles m'embrassent. Mes paupières se ferment, j'agrippe ses cheveux ténébreux en tirant légèrement dessus. La main qui enveloppe ma taille se déplace en bas de mon dos, son autre main quitte mon visage pour entourer mes épaules. Nos lèvres jouent, envieuses de danser ensemble, une dernière fois. La pluie accompagne notre échange charnel, plus rien ne compte, je me sens libre, enfin. Aaron rompt notre échange hardant, la réalité fait mal, elle est douloureuse. La fin est proche, les dernières lignes s'écrivent, le livre se termine. L'orage gronde une nouvelle fois, je regarde le ciel électrique, le château ne m'intimide plus, je souris avant de monter dans la voiture. Il s'assoit sur le siège du conducteur, un triste sourire éclaire son visage mélancolique. Je pose ma main sur sa joue froide, il laisse échapper un soupir lorsque nos peaux entrent en contact. Il pose son front contre le mien, mon cœur se serre, ma raison bouillonne. Je n'ai pas le droit de tomber amoureuse de mon ravisseur, il m'est impossible d'imaginer consciemment que cet amour est immortel. Mon cœur refuse d'abandonner cet homme qui le fait battre comme aucun de l'avait fait avant lui, mon cerveau me crie de fuir, de prendre le large et de reprendre le court de ma vie. À mon tour, je romps le contact physique, mon regard se voile. Sa main gauche enlace ma main droite, le moteur gronde en harmonie avec l'orage.

-         Mets ta ceinture chérie.

****

Ma tête est appuyée contre la vitre, mon regard se perd au travers du paysage qui défile sous mes yeux. Beaucoup d'émotions traversent mon esprit, nous passons devant des lieux qui m'étaient familiers, un tas de souvenirs remonte à ma mémoire. Je regarde les voitures qui roulent à nos côtés, il y a des familles, des couples, des personnes seules. Ces humains n'ont aucune idée de ce que nous avons traversé, j'aime le fait de redevenir invisibles aux yeux de tous.

-         Merci pour tout Aaron.

Nous arrivons devant un petit parc, ma maison se trouve à quelques pas. Le moteur se coupe, la main d'Aaron ne quitte la mienne uniquement pour me laisser sortir de la voiture. Il m'enlace une fois sorti, son étreint est chaleureuse.

-         Avant de te laisser avancer Smith, je dois te dire quelque chose.

Ses yeux se posent sur les miens, l'air graves. Le bruit du vent sur les branches des arbres nus cesse, nous sommes seuls dans ce grand parc.

-         Te souviens-tu de la première soirée passée chez l'ami de William ?

-         Oui Monsieur Black, je me souviens de tout.

Son rire résonne en écho avec le mien, je resserre mes bras autour de sa taille. Il poursuit ses propos.

-         J'ai volé les papiers qui prouvent officiellement tous les crimes de William et d'Alexandre. Je vais me rendre et donner toutes les preuves aux FBI. Ceci est notre dernier échange Smith, j'ai conscience que je ne pourrais plus te voir. Cependant, je te promets qu'un jour, nos chemins se recroiseront.

Il essuie les larmes qui coulent sur mes joues, silencieusement. Je fuis son regard hypnotisant, je ne veux pas affronter la réalité. Il pose sa tête dans mon cou, son souffle brûle ma peau.

-         Je refuse de continuer à vivre ainsi, je dois changer et payer pour tout ce que j'ai fait. Je suis certain que dans un univers différent, notre histoire aurait pu voir le jour Smith. Je suis désolé.

Ses larmes se déversent et mouillent la peau de mon cou, notre amour s'écoule à travers notre adieu. Je ne peux pas le retenir, il doit se rendre et laisser la justice faire son travail. J'ai mal. Je m'accroche à lui, nos sanglots mutuels résonnent dans l'air gelé, l'orage nous accompagne. Son regard plonge une dernière fois dans le mien, l'océan est agité. Je fais le vœu de m'y perdre pour toujours, merci de m'avoir laissé t'aimer James. Ses lèvres scellent les miennes en un baiser salé, la tristesse est présente. Le temps se suspend une dernière fois, la saveur de ses lèvres va terriblement me manquer. Les minutes s'écoulent, nous finissons par nous détacher l'un de l'autre, le sourire aux lèvres. Aaron James n'a pas changé depuis notre rencontre, ses cheveux sont toujours aussi sombres, des mèches rebelles tombent devant ses yeux. Son regard exprime tout ce qu'il ressent pour moi, il ne se retient plus. Il est l'homme qui m'a sauvé la vie.

-         Je te hais James.

Il m'adresse un sourire complice, puis il ébouriffe mes cheveux. La pluie cesse enfin, l'orage s'envole loin de nous. Le soleil fait son apparition, délicatement.

-         Ne te mets pas dans des situations dangereuses, je ne serai plus en mesure de t'aider. Prends soin de toi, Abby James.                                             

-         Abby James ?

Il pose ses lèvres sur les miennes pour me faire taire, il approche sa bouche de mon oreille, puis il enlace ma taille.

-         N'oublie pas que tu es à moi, chérie.

Il m'adresse un dernier clin d'œil avant de monter dans sa voiture, je le regarde s'éloigner loin de moi, pour toujours. La boule au ventre, je parcours les derniers mètres qui me séparent de mes parents. La maison se trouve devant moi, un sentiment puissant m'envahit. Je soupire, puis frappe à la porte, après de longues secondes interminables, elle s'ouvre. Ma mère apparaît, son regard plonge dans le mien, ses yeux s'écarquillent. Elle pousse un cri avant de se jeter dans mes bras en sanglots, mon père arrive en courant, il me regarde, ses larmes coulent instantanément. Je m'accroche à eux, je ne veux plus jamais ressentir le vide de leur absence. Mes larmes se déversent sur mes joues rougies par l'émotion, je suis si heureuse de les revoir.

Après toi [ réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant