Chapitre XXVII

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Une journée de plus s'écoule, cet endroit maudit me hante, ils essayent de me faire abandonner, ils veulent que je me résigne. Les journées se ressemblent toutes, je n'ai pas revu le soleil depuis qu'ils m'ont enlevé, je commence à m'affaiblir sérieusement. Je puise dans mes dernières forces, je n'ai plus d'énergie, si je ne trouve pas une solution rapidement, je risque de perdre le combat, il en est pas question. Je suis épuisée et affamée, je ne rêve que d'une chose, dormir. Les deux hommes entrent dans ma cellule, ils m'escortent dans une nouvelle salle. Contrairement à l'autre pièce, celle-ci est plus chaleureuse, la lumière du jour se répand laissant apparaître un nouveau protagoniste. La seule chose qui retient mon attention est la couleur de ses cheveux, ils sont colorés d'un rouge vif, presque aveuglant. Il dégage une aura différente des autres hommes, il est plus calme et ne tient aucune arme dans ses mains fines. Il me désigne un siège en face de lui en m'adressant un léger sourire, je m'assois sans détourner le regard.

Il s'assoit en face de moi, un lourd silence oppresse l'atmosphère, j'ai un mauvais pressentiment. Les deux hommes quittent la salle en nous laissant seuls, je n'arrive pas à le cerner, je ne comprends pas ce qu'il recherche. Sa voix brise le silence, un frisson parcourt mon corps.

-         Bonjour Abby, je m'appelle John. Je vais tester ta force mentale, nous allons faire connaissance.

Il va essayer de m'affaiblir psychologiquement, je vais m'amuser avec lui. Mon silence le fait sourire, il croise les jambes sans me lâcher du regard. Il essaie de me déstabiliser, je suis certaine qu'il va insister sur mes faiblesses, il souhaite que je ressente ma douleur non pas à travers mon corps, mais plutôt par l'intermédiaire de mon esprit. Je vais rentrer dans son jeu et lui montrer qu'il s'est attaqué à la mauvaise personne. Je prends la parole pour la première fois depuis notre rencontre.

-         Vous et votre attitude pathétique pouvez repartir, vous n'obtiendrez rien de moi.

Il soupire en se tenant l'arrêt du nez avec deux doigts, ce n'est que de la comédie, je ne suis pas idiote.

-         Ils m'ont prévenu que ta carapace est difficile à percer, je pense que ton séjour chez ce criminel t'a beaucoup changé.

Je lui adresse mon plus beau doigt d'honneur, il est hors de question qu'on parle de lui. Personne ne doit savoir ce qu'il représente à mes yeux. Je regarde par la fenêtre, les rayons du soleil m'éblouissent, leur chaleur m'avait manqué.

-         Ton regard te trahit, il ne te laisse pas indifférente.

Il marque un temps de pause puis il continue son interrogatoire, mes yeux se posent sur ses cheveux, la question du choix de la couleur m'intrigue.

-         C'est ma couleur préférée.

Il essaie de créer une complicité, une atmosphère détendue et bienveillante pour obtenir ce qu'il veut. Je ne relève pas sa réponse, je préfère l'ignorer. Il continue d'enchaîner son monologue.

-         Serais-tu tombée sous le charme d'Aaron James, Abby ?

Je ne réponds pas, même si je voulais lui donner une réponse, je ne la connais pas. Aaron James a laissé un brouillard épais impossible à lever dans mon esprit, j'ai du mal à exprimer ce que je ressens pour lui. Un rire légèrement aigue s'échappe de ses lèvres.

-         Eprouver des sentiments amoureux pour ton ravisseur doit être difficile à accepter non ? Cela doit te rendre faible, il est ta faiblesse.

Je reste immobile face à sa remarque piquante, j'ai envie de le faire taire, de lui prouver qu'il se trompe. Mes doigts se crispent légèrement sur le siège.

-         Tes parents accepteraient cette situation, leur fille et son ravisseur ensemble ? Cette épreuve doit être insurmontable.

Je veux le gifler, lui faire comprendre que je ne suis pas celle qu'il pense. Je n'ai pas vu mes parents depuis quatre longues années, ils doivent sûrement penser que je ne suis plus de ce monde. Ils me manquent terriblement, je ne veux pas en parler. Je relève le menton en serrant la mâchoire, il ne doit pas voir la colère qui se réveille en moi, il la verrait comme une confirmation.

-         La prochaine fois dis à ton patron de prendre quelqu'un de compétant. Tu me fais perdre mon temps imbécile.

Mes mots le surprennent, il se lève et quitte la pièce. Il revient avec un homme qui lui ressemble étrangement, il essaie encore une fois de me déstabiliser. Ils s'approchent tous les deux de moi, l'homme dégage une allure mauvaise.

-         Je n'aime pas le ton que tu adoptes pour parler à mon frère.

-         Oh, c'est mignon, le grand frère qui vient aider le petit psychologue. Je n'aime pas quand on me fait perdre mon temps.

-         Arrête de me répondre.

Sa posture devient menaçante, il agrippe mes épaules brutalement, je ne peux pas fuir.

-         Vous n'êtes qu'une bande de moutons. Vous servez un homme que vous ne connaissez pas dans l'espoir de recevoir ne serait-ce qu'un tout petit peu de gratitude de sa part, vous me faites pitié.

-         Retire ces mots de suite trésor.

-         Et toi prends un chewing-gum, tu pues de la bouche trésor.

Il prend ma tête entre ses mains sales puis il me donne un violent coup de genou au visage. La douleur crispe tout mon corps, le sang se met à couler à flots, je n'y prête pas attention. Je lui réponds avec un coup de pied dans ses parties intimes, il me lâche en poussant un gémissement de douleur. Je me relève, le sang coule davantage. Ma tête se met à tourner brutalement, j'essaie de me stabiliser pendant que l'homme se relève, furieux.

-         Tu vas le regretter petite merdeuse.

Je lui souris avant de lui donner un violent coup de pied au visage, son frère John se jette sur moi en hurlant, nous tombons tous les deux sur le sol taché par mon sang. J'essaie de le repousser, mais il est trop lourd pour moi. John me plaque contre le béton et appelle du renfort. Sa mâchoire est serrée, mes forces commencent à me quitter lentement, je me débats en criant, il ne bouge pas.

-         Tu aurais pu éviter toute cette histoire Abby si tu avais répondu à mes questions.

Ses collègues entrent en courant dans la salle, marquent une pause en regardant la scène qui se déroule sous leurs yeux. Deux hommes m'attrapent, ils agrippent brusquement mes bras, je n'ai plus la force de me débattre, j'ai perdu beaucoup de sang. Leur chef arrive hors de lui, il fixe mon visage.

-         Il est arrivé.

Les hommes m'attachent sur une chaise, la douleur est omniprésente, je ne ressens qu'elle. Ils me regardent tous en souriant puis, ils quittent la pièce. Un homme entre, je n'arrive pas à voir son visage. Je décide de l'attaquer directement, ma voix arrogante résonne, seule.

-         Et toi, c'est quoi ta spécialité ?

L'homme se retourne vers moi, un sourire sadique sur le visage. Mon corps se fige, je déglutis. Je m'étais préparé à tout sauf à lui.

- On a perdu la parole trésor ?

- Alexandre.

Après toi [ réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant