Chapitre III

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Je me dirige vers la fenêtre pour tirer les rideaux sombres et l'ouvrir. Dehors, les hommes discutent entre eux, ils ne sont pas beaucoup, j'aimerais pouvoir sauter, mais je risque de me faire attraper. La nuit silencieuse éclaire la pièce, la lumière blanche de la lune se disperse dans la chambre créant des jeux d'ombres. Je me hâte de rassembler le peu d'affaires que je possède dans un petit sac. Je boutonne ma chemise de nuit et me dirige vers la porte. J'entends des bruits de pas venir dans ma direction, je reconnais instinctivement ceux d'Alexandre.

- Abby ! Anora m'a tout dit. Tu n'as pas le droit de lui hurler dessus ! Viens la !

Je cours vers la porte pour fermer le verrou, j'y parviens de justesse en dépit de la nervosité qui se reflète dans mes gestes. L'atmosphère change soudainement, l'air frais de la nuit refroidit ma chambre. Mes mains se mettent à trembler, je ferme les yeux, je suis terrifiée. Un courant d'air caresse mon dos, je frissonne. Je veux partir d'ici au plus vite. Alexandre frappe comme un fou à la porte en me hurlant dessus.

Je bouche mes oreilles sensibles, des larmes s'écoulent à nouveau le long de mes joues, mes jambes me semblent lourdes. 

- Abby ouvre moi !

Il frappe encore et encore en hurlant mon prénom, je l'entends insulter Anora. 

-  Je sais que tu es là ! Je vais revenir, Abby, je vais revenir.  

Je tremble de tout mon être, je dois prendre la fuite avant qu'il ne revienne ouvrir la porte. J'entends le bruit de ses pas furieux descendre les escaliers, c'est ma seule chance de quitter cet endroit maudit. Je m'approche d'un siège brun pour prendre mon petit sac à dos, je fais un dernier tour pour éviter d'oublier quelque chose. Je parcours la salle de bain des yeux, je me retourne pour avancer près de la porte lorsque mon sang se glace. Je sursaute en étouffant un cri, devant moi se trouve la silhouette silencieuse d'un homme assit. Je lâche mon sac, le rythme de ma respiration s'accélère. Il se lève, mon corps est paralysé.

L'homme doit faire un mètre quatre-vingt-dix, je le regarde pour la première fois. La couleur de ses yeux me frappe en premier, ils sont teintés d'un bleu glacial, identique à la couleur d'un océan en pleine tempête. Son regard parcourt mon visage, un sourire se dessine sur ses lèvres.

- Qui êtes-vous ? 

- Je suis l'homme qui ne peut pas franchir les murs de béton, ni les hommes qui vous surveillent.

Comment est-il entré dans ma chambre ? Que fait-il ici ? Mon regard est plongé dans le sien, envoutant, je me mets à sourire en retour.

- Bien-sûr et moi je suis votre pauvre petite victime.

- Tu as tout compris chérie.

- chérie ?  Vraiment ? Sortez d'ici.

- Tu ne me prends pas au sérieux, je vais rafraîchir ta mémoire, chérie.

Il insiste sur le dernier mot de sa phrase, il s'approche de moi. Avantagé par sa taille nettement supérieur à mon mètre soixante-dix, il bloque toutes mes chances de sortir d'ici vivante.

- Vous ne me faites pas peur.

Il agrippe violemment mes cheveux, je mets mes mains sur les siennes pour l'arrêter, mais il resserre sa prise. Je pousse un petit cri de douleur, il est beaucoup plus fort que moi. Il me pousse, je tombe à terre. Je sens son torse se coller contre mon dos, je respire bruyamment. Une lame froide se pose sur  ma gorge, son autre main agrippe mes cheveux. Je place mes mains sur son bras, la lame est très froide. Je n'ose plus bouger, j'entends son rire grave résonner en écho dans cette chambre glacée. La lame contre mon cou me terrifie, mais j'ai déjà vu pire.

- J'ai l'habitude avec Alexandre. Vous n'êtes pas le premier à me menacer.

- Tu oublies une chose, je suis ton pire cauchemar.

Il me relève brutalement en m'agrippant par le coude, il range son arme. Je me défais de son emprise en me débattant, je rassemble toutes mes dernières forces pour le pousser. Mes nerfs craquent, je suis à bout. Des larmes coulent le long de mes joues, je mets ma tête entre mes mains. Ainsi, Aaron James est ici. Il se relève, son regard est habité par une lueur sombre, ses mains tremblent de colère, le muscle de sa mâchoire est tendu.

- Tu vas le regretter.

Il se jette sur moi, ma tête heurte le pied du lit, je sens un liquide chaud couler le long de ma tête. J'essaie de le repousser, mais il agrippe mes poignets et les plaque au-dessus de ma tête avec sa main gauche, sa main droite se pose autour de mon cou. Je suis bloquée, il sourit. J'ouvre la bouche pour respirer, il resserre sa prise, ses yeux ne me quittent pas. Cette fois, j'ai peur de lui et je sais que mon visage traduit mes émotions. Son emprise devient plus forte, j'ai la tête qui tourne, ma vision est parsemée de points noirs qui grossissent de plus en plus. Je me sens sombrer, le sang continue de couler le long de ma tête.

- Je me vengerais.

Il sourit face à mes mots, mes dernières forces me quittent, je me laisse partir, je ne peux plus lutter. Mes yeux se ferment, sa main quitte ma gorge, il se relève et me prend dans ses bras.

- Bonne nuit chérie, évite de laisser la fenêtre ouverte pour la prochaine fois. On ne sait jamais.

Mes yeux tournent, je commence à perdre connaissance. Il s'approche de la porte, la déverrouille et l'ouvre en rangeant la clef dans sa poche. Je suis spectatrice de mon deuxième enlèvement impuissante, la seule chance que j'avais pour m'enfuir disparaît sous mes yeux. J'entends Alexandre crier après ses hommes, mais seul le son de sa voix attire mon attention.

- Désormais, tu m'appartiens.

Il m'adresse un dernier sourire, je perds connaissance.

Après toi [ réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant