Chapitre XXV

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J'ouvre difficilement les yeux, ma joue est collée contre le sol gelé, un frisson envahit mon corps frêle. Aaron James hante mes pensées, il ne se passe pas un seul instant sans que je ne repense à ses mots, ses gestes, mais surtout son regard. J'étais certaine de m'être trompée sur son compte, je pensais qu'il était sincère, qu'il pensait réellement ce qu'il me disait. Pourtant, je me retrouve dans cet endroit humide et angoissant, seule. La vérité est étrange, difficile à encaisser. Je ne repense pas à ses gestes brusques, ses paroles blessantes, ses comportements ambivalents, non. Seul son regard obsède mon esprit, doux et hypnotisant. Je rêve de plonger  une nouvelle fois dans l'océan profond de ses iris, de nager dans les éclats d'or qui les habite. Ses yeux qui me tiennent en haleine, ses pupilles qui s'offrent aux miennes, je ferais tout pour les revoir, ne serait-ce qu'une dernière fois. J'aimerais me retrouver dans ses bras, me blottir contre son torse, goûter à nouveau ses lèvres.

Il m'est impensable de reconnaître qu'il me manque, impensable d'avouer que je suis attachée à lui. Une larme solitaire se déverse sur ma joue pour retrouver le béton glacial de ma prison, je ferme les yeux, je dois me concentrer, je ne peux pas me laisser distraire par ces bêtises. Aaron est un criminel, je ne peux pas le laisser me déstabiliser, je ne dois pas tomber sous son charme, jamais. La porte s'ouvre brutalement, je mets mes mains devant mes yeux pour les protéger de la lumière aveuglante. Deux hommes entrent, ils sont légèrement plus âgés que moi, un sourire mauvais apparaît sur leurs lèvres plates. Leurs yeux noirs brillent d'une lueur sombre, ils ne me lâchent pas du regard.

-         Tu es restée inconsciente trois jours, notre patron commençait à s'impatienter !

Je me relève, ils s'approchent de moi, j'affiche mon sourire insolente, prête pour un second round.

***



Point de vue Aaron.

Assis seul sur le siège de mon piano je fixe les touches depuis un long moment, je n'arrive pas à jouer depuis son départ. Ils me l'ont enlevé depuis cinq jours, son absence pèse sur l'atmosphère du château. Ma colère a repris le dessus ces derniers jours, je suis furieux. Il a scellé notre pacte pour toujours, l'avenir d'Abby ne dépend plus de moi. Mille questions envahissent mon esprit chaque jour, chaque nuit, je n'arrive plus à dormir, elles m'obsèdent. Est-ce qu'elle va bien ? Est-ce qu'elle se bat ? Je me hais, je suis conscient de sa souffrance, je me retrouve à en être acteur malgré moi. Le plan aurait fonctionné si je n'avais pas été aveuglé par mon désir de vengeance.

                                    ****

Le château appartenait à mon grand-père, j'en ai hérité lors de ma vingtième année, mes bourreaux n'en voulaient pas.

J'habite dans cet endroit beaucoup trop grand pour moi depuis six ans, mon grand-père était ma source d'inspiration, il veillait sur moi, conscient de ce que je traversais. Il faisait partie d'un clan, ils luttaient contre les crimes de William, ils avaient une seule volonté, le voir tomber. Ils se battaient jour et nuit contre lui, mais William a fini par tuer mon grand-père, ils ont tous arrêté de le traquer par peur de finir comme lui. Je me suis promis d'honorer sa parole en remettant William entre les mains de la justice. Mon plan était parfait, j'enlevais la future femme de son fils pour l'attirer dans mon domaine. L'homme avec qui je collaborais devait ensuite m'aider pour rassembler toutes les preuves de ses crimes et ainsi, prouver qu'il est l'auteur d'innombrables massacres. Notre plan était fiable et solide, on avait toutes nos chances de réussir.  Pour ce qui concernait la future femme d'Alexandre, je comptais la relâcher une fois ma promesse tenue. Je l'ai détesté pendant longtemps, je ne supportais pas de me reconnaître en elle.
Puis, j'ai compris que je ne possédais pas les armes pour lutter contre Smith, elle est si différente, si intrigante. 

Mes menaces n'ont servi à rien, je suis toujours revenu vers elle. Abby est une femme forte et courageuse, elle est devenue ma lueur d'espoir, celle qui brille même dans les ténèbres de la nuit. Je me suis fait avoir à mon propre jeu, ce n'est pas une simple brûlure qui a touché mon cœur, mais le feu tout entier qui le consume. Elle est devenue l'objet principal de mes désirs, tomber amoureux de Smith ne faisait pas partir de mon plan.

Après toi [ réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant