J'ai toujours été habitué à tracer mes proies, la plupart du temps, elles revenaient vers moi par maladresse. Aujourd'hui, c'est différent, elle est déterminée à retrouver sa liberté. Au bout de quelques minutes, je l'aperçois devant moi, elle a enfilé le short et le t-shirt que j'avais laissé. Ses pieds nus laissent des traces sur le sol gelé, elle va tomber malade. Smith n'est pas très discrète, elle est concentrée à me fuir, elle sait que je ne suis pas loin. Je me rapproche d'elle en regardant ses gestes, elle ne panique pas, elle est prête à se battre pour obtenir sa liberté. Ses cheveux bruns volent dans l'air, sa respiration est bruyante. J'aimerais arrêter de courir, la laisser partir, mais je ne peux pas, je dois honorer ma part du contrat. Elle s'immobilise soudainement, elle est sur ses gardes. Ses mains tremblent légèrement, ses yeux sont grands ouverts, elle me cherche. Je suis la chérie. Je sors des arbres devant elle, son visage n'exprime aucune surprise. Je me rapproche d'elle, c'est nos derniers échanges.
- Tu n'es pas très discrète.
Ma voix grave retentit brisant ainsi le silence qui accompagne cette dernière scène.
- Je n'ai plus vraiment le choix.
Le short que je lui ai donné lui arrive aux genoux, le t-shirt beaucoup trop grand pour elle, est rentré dans le short blanc. Je la regarde, elle ne sait pas, elle ne se doute de rien.
- Et maintenant, qu'est-ce que tu vas faire?
- Fuir loin de vous.
- Développe, Smith.
- Je ne veux pas rester avec toi, tu es un criminel.
- Depuis quand tu me tutoies.
- Et toi alors ?
Rebelle, je souris, elle frissonne. Je prends son poignet pour l'attirer vers moi, je place ma main sur sa joue gauche. J'approche mes lèvres près de son oreille droite. Elle essaie de se défaire de mon emprise, mais c'est peine perdue.
- C'est terminé Abby.
Elle ne tremble pas comme à son habitude, son regard est très expressif. Elle commence à comprendre, un bruit de pas se fait entendre. Je me retourne, c'est lui. Je ne lâche pas son poignet, elle se retourne avec moi. L'homme qui est devant nous me fixe avec un grand sourire puis il la regarde. Je la sens frissonner, mais elle ne montre pas sa peur. Il s'avance vers nous, ses hommes restent en retrait. Je prends Abby par le coude et sors mon couteau, je le place sous sa gorge. Elle panique, je place mon autre main autour de sa taille avant de lui chuchoter quelques mots.
- Je ne vais pas te tuer chérie...
Elle tremble légèrement en posant ses mains sur mon bras qui tient la lame.
- ...je t'avoue en être incapable.
Elle relève la tête, elle me fusille du regard. Je n'ai plus envie de la laisser. Je plante mes yeux dans ceux de l'homme, il sourit. Je ne l'ai jamais vu auparavant, il est petit mais confiant. Ses hommes sont de très bons soldats, je ne peux pas les battre un par un tout en gardant un œil sur Abby. Je ne peux plus reculer, il a les cartes en main.
- Ne me laisse pas Aaron.
Elle prononce mon prénom pour la première fois, je frisonne malgré moi. Je ne suis plus le maître du jeu, je ne peux pas la garder auprès de moi. Je serre la mâchoire et mon bras autour de sa taille, je ne veux plus la lâcher. Ses mains, qui tiennent mon bras, resserrent leur emprise.
- On a notre part de marché, je vous rends Smith et vous m'oubliez. Je ne veux plus voir un homme rôder autour de mon domaine. Si j'en vois un, vous savez de quoi je suis capable. En ce qui la concerne, vous l'éloignez le plus loin de William et Alexandre, je ne veux pas qu'il la retrouve.
- Je te le promets Aaron James.
Je commence à ressentir un mauvais pressentiment, ce n'est pas bon du tout.
- Je pose une condition, si vous lui faites du mal, si vous touchez un seul de ses cheveux, je le saurai et vous regretterez de m'avoir connu.
- Elle va être en sécurité avec nous. Fais-moi confiance.
- Tu vas te brûler James.
Elle récite mes paroles, je sens sa main agripper la mienne, j'hésite. Je laisse tomber ma lame, je la prends par les épaules, je veux la voir une dernière fois. Ses yeux rencontrent les miens, mon cœur se resserre une nouvelle fois, je passe mon deuxième bras autour de sa taille. Elle commence à trembler, j'essuie les larmes qui coulent sur ses joues.
- Adieu chérie.
Je la libère, elle reste devant de moi.
- Abby !
Elle se retourne vers moi, ses lèvres tremblent légèrement. Une larme coule le long de sa joue, elle l'essuie avec sa main gauche.
- J'espérais que vous n'étiez pas comme eux, pas comme tous ces hommes cruels et dénudés d'émotions. J'y ai cru, je me suis accrochée à cet espoir, finalement vous ne valez pas mieux. Tu m'abandonnes Aaron James.
Cette dernière phrase me frappe de plein fouet, je suis complétement perdu face à cette vérité. J'arrive à ressentir tout ce qu'elle éprouve en ce moment à travers le ton de sa voix, elle regrette de m'avoir partagé ses souffrances et ses peurs. Malheureusement je ne peux plus rien faire pour elle, j'essaie de la sauver de William, mais j'ai l'impression que je la laisse seule dans son combat, livrée à elle-même. L'homme la prend brutalement par le coude avant de l'entraîner vers ses hommes. Elle me regarde jusqu'à la fin en m'implorant des yeux.
- William va être content de la revoir.
Je me retourne surpris, le chef me donne un coup à la mâchoire. Elle crie, je crache du sang. Il me frappe au ventre, je tombe sur le sol taché de mon sang.
- Il m'a demandé de ramener cette femme à son fils, c'est fini Aaron James, tu as perdu.
Je le frappe à mon tour, je vois Abby se débattre, je crie son nom. Elle se retourne vers moi, inquiète. Je perds le contrôle de mes gestes, le chef s'écroule sur le sol, inconscient à cause de mes coups. Je me relève et cours vers elle, les hommes viennent à ma rencontre tout en l'éloignant de moi. Je la regarde en sortant mes armes. Avant que je ne puisse faire un pas vers mes assaillants, je sens une très forte douleur derrière ma tête, je sens le sang couler le long de ma nuque. Je m'effondre sur le sol sous les cris de désespoir d'Abby, j'ai perdu.
Ils enlèvent la seule personne qui m'est le plus cher sous mes yeux et je suis impuissant.
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Après toi [ réécriture]
RomanceQue feriez vous si le plus grand criminel était devant vous, son arme pointée sur votre cœur ?