Chapitre 51 : Échec et Mat

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"On devrait dire quelques mots, non ? On doit honorer sa mémoire, on ne peut pas rester comme ça !" S'exclame Denver dans l'incompréhension de notre silence depuis la mort de son père

Nous étions devant une boîte en bois qui servait de cercueil pour Moscou, nous faisions une petite cérémonie pour lui dire au revoir.

"On pourrait faire une prière tous ensemble, c'est ce que l'on fait souvent pour honorer nos morts" propose Nairobi

"Oui faisons cela" répond le concerné

Nous nous prenons tous la main et récitons un "Notre père", une prière chrétienne en fixant le cercueil.

"Tu seras toujours avec nous Moscou" finit par dire Tokyo avant que tout les autres adressent un petit mot au doyen du groupe faisant plaisir à Denver, comme si ces petites attentions pouvaient soigner son coeur brisé

Après cela, je donne les consignes à mes coéquipiers, leur annonçant que notre évasion est pour bientôt. Dans quelques heures nous serons sortis et le plan d'évacuation est mis en route, il faut commencer à emmener l'argent dans le tunnel que va finir Rio.

Avant de partir de la salle, je pose ma main sur le cercueil et dis à voix basse :

"Merci..."

Je commence à partir quand Denver me prend par l'épaule pour me faire me retourner.

"Tu es la seule à n'avoir pas dit de mot pour mon père" me fait culpabiliser Denver

"Denver, nous sommes en guerre et je suis la cheffe, je pleurerai mes morts une fois la guerre terminée..." je lui réponds avant de partir

Je culpabilise de lui dire cela, je sais que je l'ai déçu de ne rien avoir dit mais je dois garder la tête froide, je règlerai mes problèmes et je ferai mon deuil une fois sortie de cette fabrique.
Je me dirige vers le tunnel et descends sous terre pour voir l'avancée de Rio, j'observe qu'il ne lui reste que quelques centimètres avant de l'avoir fini et ainsi commencer à faire sortir l'argent. C'était sans doute cela, la bonne nouvelle des derniers jours, nous allons pouvoir sortir prochainement !

Je surveille les otages avec Helsinki, l'avantage est qu'on leur a fait tellement peur après leur tentative d'évasion, qu'ils n'osent plus rien dire et faire à part exécuter les ordres, c'est à dire ranger les paquets de billets dans des sacs et les apporter dans la chambre forte où se trouve le tunnel. Je suis dans une salle où se trouvent 4 femmes et Arturito que je garde bien l'oeil. Je réfléchis et mets en place dans ma tête toutes les étapes du dernier plan, le plan final, le dernier pion avancé de El Profesor, celui qui nous permettra de dire échec et mat à la police.
Soudain, Nairobi arrive dans la salle avec un grand sourire, le genre de sourire qui te réchauffe le cœur et te dit qu'on a enfin une bonne nouvelle

"Suis moi !" Me dit-elle simplement

Je vois Tokyo arriver derrière Nairobi pour prendre la relève de ma surveillance. Je passe devant elle, nous croisons nos regards encore rongés par la colère l'une envers l'autre et surtout la tristesse de la mort de Moscou.
Je finis par suivre Nairobi jusqu'au couloir des chambres fortes, je m'arrête net quand je le vois au bout de celui-ci, mon ange gardien est dans la Fabrique, ce qui signifie que le tunnel est fini, El Profesor est parmi nous... Nous nous regardons intensément et nous approchons doucement avec un sourire marquant sur nos deux visages, sans doute un sourire de fierté, de gratitude et surtout d'amour.
Quand je suis assez proche de lui, j'aperçois qu'il est fatigué comme nous tous, il a d'énormes cernes et ses traits du visages sont très tirés, sa chemise est poussiéreuse et son état presque inquiétant, mais tout était à relativiser car nous étions en plein braquage.
Une fois à quelques centimètres, je brise la glace et fait ce que je voulais faire depuis quelques jours : le prendre dans mes bras et sentir qu'il est là avec moi, avec nous. Il accueille ce geste avec beaucoup de délicatesse et resserre son étreinte autour de moi

"Je suis fière de toi Athènes, et je suis désolée de t'avoir déçu" me murmure le prof

"Je suis tellement contente de te revoir, j'ai cru que jamais je n'aurais eu cette chance. Mais ne parlons pas de cela maintenant, on se doit tous les deux des explications, je te promets que si l'on sort d'ici, on aura une éternité pour se pardonner" je lui chuchote avant que l'on se sépare toujours avec un léger sourire sur les lèvres

Je m'aperçois alors que Nairobi, Berlin et Rio étaient en train de nous observer. Je me sens gênée et le prof également.

"Prof, est ce que l'on commence à sortir l'argent de la Fabrique ?" Demande Rio

"Oui, finissons ce braquage.
Il est l'heure de dire : Échec et Mat..."



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