Chapitre 54 : Traumatismes et déceptions

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Le bruit de l'eau m'apaise, le vent souffle calmement faisant voler mes cheveux détachés, le sable détend mes pieds encore crispés.
Je suis assise dans le sable, fixant le reflet de la lune dans l'eau dans cette nuit claire. El Profesor nous avait emmené à Palawan, sur une petite île avec une imposante maison où seuls nous y logeons.
C'était ma première vraie nuit depuis le braquage mais également la première dans mon nouveau lieu de vie. Cependant, je me suis réveillée en sursaut et transpirante après avoir fait bon nombre de cauchemars. Je me suis donc décidée à prendre l'air afin de reprendre mes esprits et réfléchir dans un calme que je n'avais pas connu depuis longtemps.
J'entends quelqu'un venir s'asseoir à côté de moi.

"Tu n'arrives pas à dormir non plus ?" Demande le prof

"Non, à peine j'arrive à m'endormir quelques minutes que je me réveille car je fais des cauchemars..." Je lui révèle

"Moi aussi"

"Je revis la mort de Berlin en boucle, à chaque fois la situation est pire et il me fait culpabiliser de l'avoir abandonné" je dis émue

"Chaque personne, chaque chose, chaque phrase me fait penser à lui, je le vois de partout..."

"C'était quelqu'un de bien même s'il essayait de prouver le contraire, tu as eu de la chance de l'avoir comme frère.
J'ai l'impression qu'avec moi il était plus Andrès que Berlin" je lui confesse

"C'était mon frère, la seule famille qui me restait, il avait des défauts, comme tout le monde, mais il avait surtout un grand cœur, il a donné sa vie pour nous protéger" dit le coeur lourd mon ange gardien

Sa dernière phrase me touche, et finit en grand silence entre nous deux, non pas un silence gênant, non, un silence plein de sens, celui qui dévoile ce que les mots ne peuvent pas dire, celui qui montre que l'on se comprend.
Après un long moment, je détourne mon regard de la mer pour regarder le prof, le regard vide, révélant encore mon intuition qu'il me cache quelque chose depuis nos retrouvailles

"Ne me mens pas prof, depuis que je t'ai retrouvé il y a quelque chose qui ne va pas, et ne me dis pas que c'est la mort de ton frère" je lui adresse

Il souffle un coup calmement, comme s'il savait déjà que cette discussion viendrait.

"C'est compliqué..." Dit-il

"Non, ce n'est pas compliqué, tu es malheureux et tu n'arrives pas à dévoiler ce que tu ressens."

Un nouveau silence se fait entendre, je vois le prof ayant du mal à exprimer ses pensées, je commence à m'inquiéter me faisant plusieurs scénarios dans la tête

"J'aime l'inspectora Raquel Murillo..." Finit-il par dire difficilement sans réussir à me regarder dans les yeux

Ce dont j'avais peur se réalise, mon cerveau essaye de démentir cette information et me dire que ce n'est pas vrai, non, il ne peut pas aimer notre ennemi !

"Attends quoi ?!" Je redemande plus violemment

Et comme pour enfoncer définitivement le couteau dans la plaie, el Profesor murmure :

"Je suis amoureux de Raquel Murillo..."

Mon monde s'effondre, mon cœur rate un battement, ma tête va exploser, je vois flou. Je réalise soudainement que l'amour que j'ai pour lui ne sera jamais réciproque...

Au fond, que vaut une existence entre les traumatismes et les déceptions ?

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