Chapitre 61 : Vouloir t'offrir ce que tu ne pouvais plus avoir

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"Je te connais depuis bien avant le braquage" annonce Raquel

"Comment ?" Je réponds choquée par cette révélation

Cela faisait maintenant plusieurs semaines que El Profesor et Raquel m'avaient convaincu de rester à Palawan avec eux. Depuis cette fameuse nuit, ma relation avec l'ancienne inspectrice s'est nettement améliorée, nous avons appris à nous connaître, à passer du bon temps ensemble et au fur et à mesure du temps je sens que je lui fais de plus en plus confiance, une grande avancée pour moi.

"C'était moi l'inspectrice qui a enquêté sur la mort de tes parents. Je suis venue sur le lieu de l'accident et en analysant les caméras de surveillance, en prenant en compte les témoignages des autres conducteurs et après le constat de mon ex-mari Alberto de la police scientifique, j'ai déclaré que c'était bel et bien un accident de la route involontaire." Me raconte t-elle

Je reste bouche bée, jamais je n'aurais imaginé parler avec l'inspectrice qui a découvert mes parents morts.

"Quand j'ai appris que ce couple avait une fille, je voulais absolument venir t'annoncer moi même leur mort, de la manière la plus délicate possible, mais je n'ai pas pu, j'avais énormément de papiers à remplir, mes collègues ont donc dû aller te voir chez toi.
À ce moment-là, j'ai tout remis en cause, j'ai pensé à Paola, et à son père qui me tapait et lui parlait agressivement, la seule chose qui m'est venue en tête c'était de protéger mon enfant, de m'éloigner de son père violent et d'être présente pour elle, tout ce que tes parents ne pouvaient plus faire dorénavant."

Ma mâchoire se crispe, ma gorge se noue, me remémorer ce jour-là est une plaie encore ouverte et très douloureuse. Je pense qu'on ne guérit jamais vraiment du deuil de ses parents, on apprend juste à vivre avec celui-ci.
Mon regard fixé sur Raquel se tourne vers Paola qui joue sur la plage à quelques mètres de nous. Je sens un coin de ma bouche sourire légèrement, elle me ressemble énormément quand j'avais son âge : souriante, intelligente et un peu naïve, croyant que tout irait bien dans le futur.

"Je suis sincèrement désolée Athènes"

"Tu n'as rien à te reprocher" je lui dis avant de replonger mon regard dans le sien qui s'est couvert d'humidité

"J'aurai dû te le dire dès que je suis arrivée sur cette île, je te devais la vérité, surtout après ce que je t'ai fait subir pendant le braquage."

"Nous étions ennemies, ton rôle était de m'arrêter ou de me tuer.
Ce qui a échoué car je me suis prise une balle mais j'ai résisté" je rigole
"Je crois que le pire est quand tu avais annoncé devant moi que Berlin était malade et qu'il allait mourir..."

"On s'est rendue coups pour coups"

"Oui, c'était une guerre entre l'État et ses serviteurs et des résistants"

Un silence s'installe, nous regardons la jeune fille jouer dans le sable

"J'ai suivi où tu es allée après l'accident de tes parents. Je savais dans quelle maison d'accueil tu étais et j'avais essayé d'avoir des informations sur elle, en vain. Quand j'ai appris que tu avais fugué de cette famille, je me suis mise à ta recherche avec la police, je voulais garder un oeil sur toi, mais tu es intelligente, tu ne laissais aucun indice.
J'ai retrouvé ta trace quand tu as braqué la banque de Barcelone, à ce moment-là j'ai su que j'avais échoué, je ne t'avais pas retrouvé à temps pour te sauver et t'offrir une nouvelle vie." M'explique Raquel

Je souris brièvement avant de repenser à ce fameux braquage où j'ai perdu la personne qui me maintenait en vie.

"Et puis nos chemins se sont finalement recroisés pendant ce braquage, sans que tu ne le saches avant de définitivement me rencontrer à Palawan, à l'autre bout du monde. Qui l'aurait cru que l'on réussirait ce pari fou de braquer la Maison de la Monnaie?"

"Ce braquage a changé la vie de tous les braqueurs impliqués, la mienne aussi, j'ai quitté mon travail d'inspectrice, j'ai fui l'Espagne, j'ai éloigné ma fille de son père et je suis tombée amoureuse de l'homme le plus recherché du monde..."

"Parfois, il faut prendre des chemins sinueux avant de trouver le bonheur..."

Todos somos resistenciaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant