(Gaëtan )
Lorsque nous nous retrouvons devant la porte de ma chambre , je ressens un bref moment de … flou. C’est le premier homme qui y entre. Et vue la tête angoissée de Nils, il en mène pas plus large que moi.
— Je...commence-t-il.
Aucune idée de ce qu'il veut exprimer mais il n’est pas question un seul instant qu'il tente une fuite. Je l’entoure de mes bras, cale ma tête sur son épaule.
—Elle ne connait que moi aussi si c’est cela qui t’inquiète. Aucune de mes quelques rencontres, dans ce lieu ou ailleurs, n'a franchi la porte de ma chambre. Il n’y a aucune obligation à quoique ce soit. Être près de toi, décider de ce que nous avons envie tous les deux, c’est la seule chose que je souhaite.
Une profonde respiration en réponse, mais il ne fait aucun mouvement pour se détacher de mon étreinte.
—J’en ai assez de fuir, chuchote-t-il et il pousse la porte.
L’obscurité me convient tout à fait, nos mains ont déjà fait connaissance de pas mal de surfaces de nos corps respectifs. Mes doigts se posent sur sa chemise. Bouton par bouton, à l’écoute de sa respiration, je découvre son torse. Fin sans être maigre, seule la luminosité du couloir nous éclaire.
—Es-tu d’accord pour que j’allume ma lampe de chevet ?
—Oui, chuchote-t-il à nouveau.
—Ne bouge pas, je reviens.
A peine suis-je revenu auprès de lui, qu'à son tour il m’aide à ôter mon haut. Sa bouche parseme sur mon torse des baisers délicats, s’attardent avec délicatesse sur ma poitrine. Très vite, nous nous retrouvons allongés, découvrant chacun le corps de l’autre. Aucune précipitation dans nos gestes, ils ne sont que douceur et tendresse.
Son souffle s’accélère accompagnant quelques gémissements lorsqu’un hurlement résonne dans le noir.—PAPA !
En un instant, je suis debout, pantalon et tee-shirt ont rejoint de manière express leur place respective et je fonce vers la chambre de Sophie.
En larmes dans son lit, elle se blottit dans mes bras lorsque je m'assieds à ses côtés.
—Chut, mon petit lutin. Je suis là, mon bébé, murmuré-je. Le moment que je redoutais tant est arrivé et je ne sais comment l'appréhender. Je m'installe plus confortablement. Elle grimpe sur mes genoux, sa tête posée contre mon torse, sa peluche fétiche dans les bras. Elle tourne la tête quand la porte bouge et que Nils se glisse dans l'ouverture pour nous rejoindre. Il s’installe à genoux à nos pieds. Une de ses mains caresse doucement la main de Sophie, l'autre me frôle le bras.
Peut-être devrais-je dire quelque chose mais je suis bloqué par peur de la blesser. Je réalise que, focalisé sur son bien être immédiat, j'ai volontairement occulté le moment où elle poserait des questions. Son souffle devient plus lourd, elle est en train de replonger dans son sommeil. Je descends du lit, la soulève dans mes bras. Pas besoin d’expliquer mes gestes, Nils me devance pour ouvrir les portes.
Je la glisse sous les draps.—Il n’est pas très tard. Tente de joindre François, je reste avec elle.
Je le remercie d'un petit bisou sur la joue. Vingt-deux heures, ce n’est pas une heure convenable mais c’est exceptionnel.
A peine quatre sonneries que quelqu'un décroche.—Gaëtan ? Je ne décroche pas habituellement à cette heure mais je me doute que cela doit être important. Je vous écoute.
—Sophie a eu une crise de larmes en rentrant en fin de journée. Elle m’a demandé l’album photo de leurs souvenirs que nous avons feuilleté ensemble. Et elle vient de nous réveiller en hurlant Papa.
—J’attendais à peu près tout cela. Rien d’anormal Gaëtan. Elle fait son travail de deuil.
—Mais…
—Je me doute de ce qui vous tracasse. Elle ne redeviendra pas mutique. L’état de choc est passé. Celui des questions arrive. Je devrais rester à l’hopital de jour jusqu’a 19 heures demain, passez avec Sophie si vous voulez. Et n’hésitez pas à appeler.
Après l’avoir remercié, je rejoins Nils dans la chambre. Sophie est réveillée et discute tranquillement avec lui.
–Dis donc petit lutin, tu vas être fatiguée demain !
Son sourire reste le même. Sa main attrape celle de Nils, puis elle s’allonge à ses côtés.
—Je fais dodo là, dit-elle en enfournant son pouce dans la bouche.
Un léger gloussement me confirme que Nils pense exactement la même chose que moi. La petite maline est en train de profiter de la situation ! Qu'importe, son cri et ses larmes n’avaient rien à voir avec un caprice. Quelques minutes plus tard, elle dort bien. Nils se lève, fait le tour du lit, s’installe en cuillère derrière moi. Délicatement je pousse un peu Sophie.
—Ne bouge pas! Elle est tout à fait confortable, cette place, chuchote-t-il Je n’en changerais pour rien au monde. Tu as eu François ?
—Oui, nous allons y passer en fin de journée. Tu viens avec nous ?
—Avec grand plaisir. Simon vient demain matin ?
—Oui. Sophie va peut-être devoir faire quelques temps de présence supplémentaires à l’hôpital de jour. Nous en saurons plus demain.
—Parfait. Je passe à la maison, et on se rejoint à l’IME.
(Simon )
Je me pensais en retard ce matin, un peu chamboulé pour retrouver le rythme vélo puisque Martin n’est plus chez Gaëtan. Finalement, j’installe l’antivol de mon deux roues lorsque la porte d’entrée s’ouvre. Nils stoppe tout aussi surpris que moi.
—Promis, je garde cette info pour moi...Au moins jusqu'à ce soir, dis-je alors que son visage prend une teinte cramoisie.
—Il n’est pas un peu tôt ? Sophie dort encore.
—Je me doute mais sans mon chauffeur attitré, je me suis un peu planté dans les horaires. N’est-il pas également très tôt pour toi ? me moqué-je. Si je ne connaissais pas ta phobie de la non organisation, je pourrais croire que…
—Tais-toi ! C’est exactement ce à quoi cela ressemble. Un délicieux imprévu qui m’oblige à galoper chez moi avant de foncer à l’IME.
Je ne contrôle pas mes gestes en le serrant dans mes bras pour l’embrasser.
—Allez, file ! Je m’en voudrais de mettre l’éducateur spécialisé à la bourre. Quoique ton patron ne risque pas de te faire un sermon !
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Percuté par le soleil
RomanceAprès un long arrêt maladie, Gaetan revient au travail. Son poste de directeur adjoint à l'IME l'attend. Costume sombre, chemise blanche, cravate, rien dans son apparence n'inspire la joie de vivre. Suite à un entretien avec la direction, Nils a dé...