( Nils )Je ne me lasse pas de cette famille. Le plus jeune de la tribu a, petit à petit, pris plus de place dans ma vie. Gaëtan m’a raconté à quel point la présence de Simon aux côtés de Sophie l’a apaisée.
La combinaison de douceur et d'humour du frère d’Hugo fonctionne aussi bien sur la petite que sur le père d’adoption.
Lorsque ses mots étaient revenus, l’espièglerie et l’intelligence de ce petit bout animait les journées.
Quand je me replonge en arrière, je souris.
Les premières semaines, je me suis évertué à rester un peu à l’écart. Gaëtan, comme à son habitude, n’a rien forcé. D’invitations en invitations, je n’ai pas mis beaucoup de temps à admettre que me retrouver entre le père et la fille me faisait du bien.
D’un petit sac à un autre, j’ai réalisé un bon matin, que mon armoire contenait moins de mes affaires que les tiroirs cédés par Gaëtan.
Était-il satisfait de ce discret emménagement ? Il était temps d’en discuter.— Ne crois-tu pas que j’ai repéré ton manège ? me provoque Gaëtan. Sophie n’a jamais été couchée si vite et si tôt ! Dois-je m’inquiéter ?
— Je n’en sais rien. Nous sommes tous les deux conscients de l’évolution de notre relation mais ni toi ni moi n’avons encore décidé de mettre les choses à plat. J’ai besoin d’être certain que nous avançons dans la même direction.
— J’ai peur d’avancer trop vite, et que tu prennes la fuite. Je n’ai aucun doute sur ce que je ressens Nils. Quand tu es à mes côtés, je suis bien. Je me sens fort, capable d’abattre n’importe quel obstacle.
— Tu as réussi grâce à ta douceur à amadouer mes peurs. Sans jamais tirer sur la corde, tu as insufflé en moi, l’envie de te faire confiance. Je n’ai plus peur de vivre à côté de toi. Pour la première fois de ma vie, je me sens prêt.
—Et c’était l’idée de me dire ces mots qui t’angoissait ? Ou la prochaine étape ?
— Elle est déjà franchie dans ma tête. Certaines petites choses doivent pourtant évoluer. Attends, laisse-moi finir s'il te plait. Il n’est pas question que je ne participe pas. Financièrement je veux dire.
Son éclat de rire ainsi que le fait qu'il me serre contre lui pour me couvrir de baisers qui deviennent de moins en moins sages nous empêchent de continuer la conversation.
( Hugo )
— Quelle bande de bras cassés, me moqué-je ! Tu vois l’importance d’avoir aidé papa à des sessions bricolages ?
Le sol est recouvert de cartons d’emballages d'une marque de meubles en kit. Gaëtan et Nils ont tenté sans succès de monter une armoire pour Sophie.
—J’ai dû être beaucoup moins attentif que toi parce que j’ai de sacrées lacunes. Es-tu disponible le week-end prochain ?
—Si Gaëtan et Nils arrivent à se passer de moi, dis-je en montrant les deux concernés.
—Mon appartement est complètement vide, et le proprio va le refaire à neuf pour le vendre. Cela devenait ridicule de payer pour un lieu où je n’étais pratiquement plus, commente Nils. Tu ne me croiseras plus dans ta cuisine sans que ta mère m’ait invité, précise Nils à Simon.
—Cela risque d’être encore plus rare, précise mon petit frère. Je prends mon indépendance.
—Et tu nous annonces cela comme ça ? Sans prévenir ? dis-je en prenant un air offusqué !
—Je suis en train de le faire justement. À l'instant.
—C’est un peu de ma faute, intervient Gaëtan. La maison d’Arnaud va être mise en vente. Simon m’avait légèrement mis dans la confidence, concernant un futur appartement. Le mobilier partait dans un garde meuble, autant qu'il économise de l’argent. L’entreprise de déménagement accepte de faire un arrêt mais ils ne porteront pas. Yaël ne devait pas t’aider !?
—Yaël !? Tu n’as pas plus baraqué en magasins, réplique Hugo en montrant ses muscles.
—D’où ma question sur ta disponibilité ce week-end, réplique derechef Simon.
—Je pourrais minauder pour le principe mais je suis bien trop pressé de découvrir ton futur lieu de vie. Les parents sont au courant ?
—Je ne réponds pas aux questions idiotes !
Deux ans ont passé. Simon garde encore parfois Sophie mais pas dans le même contexte. Il a repris des études. Travailler avec des enfants est une évidence mais les multiples possibilités méritent d’être creusées.
Sophie est et sera toujours notre trait d’union à tous. Elle est un rayon de soleil qui illumine nos vies.
FIN
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Percuté par le soleil
Roman d'amourAprès un long arrêt maladie, Gaetan revient au travail. Son poste de directeur adjoint à l'IME l'attend. Costume sombre, chemise blanche, cravate, rien dans son apparence n'inspire la joie de vivre. Suite à un entretien avec la direction, Nils a dé...