Chapitre 4

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Je suis réveillée par une voix affolée. Eme apparaît petit à petit dans mon champ de vision et je parviens à me redresser.

- Oh mon Dieu, Mary, vous allez bien ? Je me suis tellement inquiétée pour vous ! Béatrice est venue me voir, paniquée, en me disant que...

La brume de sommeil encore présente m'empêche de suivre la conversation. Je remarque alors qu'il fait nuit, combien de temps ai-je dormi ? Eme semble vraiment paniquée, elle utilise mon prénom qu'à de rares occasions et à chaque fois, car ses émotions la submergent tellement qu'elle en oublie les conventions. J'espère ne pas avoir dormi trop longtemps et que tout le château soit à ma recherche ainsi que... :

- Le roi ! Eme le roi est-il au courant ? Me cherche-t-il ? La coupe-je affolée.

- Le roi ? Non, non, je n'ai prévenu personne... mais à vrai dire, j'étais à deux doigts d'courir et de crier partout que vous aviez disparu ! J'ai d'abord commencé par vous chercher dans vos...

- Eme ! Je vais bien et si le roi n'est pas au courant alors tout va bien.

- Votre père est...

- Le roi ! ... Mon père est le roi alors appelé le par son titre. Justifiais-je devant son air surpris.

Rentrons, il commence à faire froid.

- Oui... oui, oui, bien sûr, allons-y.

Nous retournons au château dans un silence pesant. J'ai conscience qu'elle est suspicieuse devant mon insistance pour qu'elle appelle le roi par son titre et devant mon attitude défensive. Je n'ai jamais été formalisé par les titres et au contraire, je l'encourage à ne pas les utiliser. Arrivée dans mes appartements, Eme m'interpelle.

- Votre majesté ?

- Oui.

- Comment vous portez vous ? (Devant mon silence, elle poursuit.) Je ne sais pas ce sur quoi portais votre échange avec votre père, je veux dire le roi, mais... des éclats de voix se sont fait entendre dans le couloir et... les domestiques parlent...

- Que disent-ils ?

- Ils affirment que... et bien... comment dire ?

- N'ayez crainte Eme, parler librement.

- Ils disent que le roi aurait porté la main sur vous... (J'en suis stupéfaite, comment cette rumeur, qui à vrai dire n'en est pas une, a-t-elle pu circuler. Le roi n'aurait jamais permis que cela se fasse volontairement, ce serait la preuve d'un manque de contrôle. Je suis déjà surprise que Sir Wiston soit toujours des nôtres. Face à mes yeux arrondis de stupeur Eme continue en baissant les yeux.) Bien sûr je n'en crois rien, mais je voulais seulement être sûr que vous alliez bien après, ...um cette dispute.

Je n'en crois pas mes oreilles, c'est avec beaucoup de courage que Eme intervient. Cette gifle est une humiliation à la fois pour le roi, mais surtout pour moi. C'est une marque de faiblesse que je ne laisserais plus jamais arriver. C'est là que je prends conscience que peu importe l'homme que j'épouse et la vie que je mènerais, aucun homme ne m'humiliera plus jamais, je m'en fais le serment. Je m'approche de mon amie et pose une main sur son épaule pour qu'elle relève les yeux.

- Je te remercie de te faire du souci pour moi, mais tout va bien, ce ne sont que des rumeurs et ce n'est pas ma première dispute avec le roi. (Même si c'est la première aussi violent, mais je me garde de lui partager.) Et pardonne moi d'avoir été dur dans mes propos.

Eme acquiesce d'un hochement de tête et consent à ma demande affirmant qu'il n'y a rien à pardonner. Nous rentrons dans la chambre où mes autres servantes se trouvent.

- Votre altesse ! S'écrit Geneviève en m'apercevant.

- Vous allez bien ? Continue Béatrice

- Nous nous sommes inquiétées, mais Eme nous a demandé de ne pas prévenir les gardes. Termine Beth.

- Je vais bien, je me suis seulement assoupie dans les jardins. Si mon lit est prêt pour le coucher, vous pouvez disposer, je finirais seule merci.

- Vous êtes sûr ? Me demande Geneviève.

- Bien sûr profiter de votre soirée, je vous ai déjà retenue assez longtemps.

- Bonne nuit votre altesse. Disent-elles en cœur en s'inclinant puis elles quittent la pièce sans un mot.

Eme la dernière me regarde une dernière fois avant de passer la porte. Je la rassure d'un sourire et celle-ci ferme la porte me laissant seule avec mes pensées.

Je m'installe devant mon bureau et prends une feuille de papier. Julietta tout comme Eme a toujours été ma confidente, cependant, je ne peux me confier à qui que ce soit. J'ai seulement l'espoir que cela me divertisse. Ainsi, je prends de ses nouvelles et lui en donne des miennes en vaillant à ne mentionner aucun mariage. Quand c'est chose faite, je pose mon cachet royal d'Illenya sur la feuille repliée et la place en évidence pour que l'une de mes domestiques se charge de son envoi.

Malgré la fatigue de cette journée, je ne trouve pas l'envie de me coucher. Je me pose près de la fenêtre et admire la vue que je connais aujourd'hui par cœur. Ce sont mes derniers mois dans ce château, dans ces appartements. C'est là en sachant que je quitterais cet endroit où j'ai grandi, rempli de souvenir que j'éprouve de la tristesse et de la peur. Les étoiles dans le ciel dégagé scintillent alors que mon humeur s'assombrit. Quel paradoxe ! Lorsqu'on regarde les étoiles, tout semble plus paisible, comme si le silence du ciel nous enveloppait, nous offrant par la même occasion la paix dont il semble être habité dans ces nuits comme celles-ci.

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