Chapitre 20

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Je suis réveillée à l'aube le jour de notre voyage sans que je ne sache où nous allions. Je suis tout de même informer que le trajet ne durera pas plus que quelques heures. Dans la voiture, le silence règne, je repense à notre baiser sans pourtant y croire, pensant qu'il s'agit d'un rêve ou peut-être d'un cauchemar. Nous arrivons après trois heures de route comme promis devant un château imposant sans être très grand. Il est encadré de grilles et de murs. Le jardin qui l'entoure n'est pas bien grand, mais reste aménagé avec soin. Le carrosse s'arrête et nous sortons l'un à la suite de l'autre. Sans attendre le roi grimpe les quelques marches qui nous séparent de la porte et entre sans attendre d'y être invité. Je le suis sans savoir quoi en penser, un peu surprise et curieuse. Alexander a à peine le temps de faire trois pas qu'une femme surgit dans le couloir.

- Alexander !

La femme le serre dans ses bras, me laissant par la même occasion interdite. N'y croyant pas mes yeux, je me demande même si c'est bien Alexander que j'ai devant moi et non un jumeau inconnu. La femme très élégante à les cheveux blancs attachés lâchement en un chignon. Son dos est courbé par les années qu'elle a vécues et un sourire lumineux s'étire sur son visage.

- Tu as tardé à venir ! Ne crois pas que tu t'en sortiras indemne. Fit-elle en lui pinçant tendrement la joue

- Je n'y comptais pas nonna. Répondit-il avec un petit sourire...

Attendez un sourire ? C'est officiel, j'ai à faire à un jumeau, il n'y a pas d'autre explication ! Je reste à l'écart, surprise, je reste immobile comme une statue, mais je n'en suis pas sûr, car je suis trop occupée à dévisager la scène qui se déroule devant moi. La vieille femme réprimande l'homme sur le fait qu'il ne mange pas assez ou quelque chose comme ça avant de me remarquer.

- Oooh, mais tu dois être Mary !

Alors que je pensais que son sourire ne pouvait pas être plus grand, ce dernier s'agrandit. « Nonna » s'approche de moi et me prend dans ses bras. Je reste figée ne sachant que faire. Je réalise alors qu'on ne m'a pas pris dans ses bras avec autant d'amour depuis... Je n'en sais rien, je ne m'en souviens pas. Je ne semble plus savoir comment on fait, car je suis incapable de lui rendre son accolade. Elle se retire alors que j'aurais étrangement aimé prolonger ce moment si anodin.

- Pardonnez-moi, je ne me suis pas présenté. Je suis Louise la grand-mère maternelle d'Alex.

Mes yeux glissent vers ce dernier et la seule chose qui me frappe, c'est : je ne savais pas. Je ne sais rien, suis-je la dernière des cruches ? Quand je me suis livrée à lui, je pensais qu'il me donnerait la vérité, qu'il me permettrait d'en savoir assez pour ne plus ressentir ce sentiment de ne rien contrôler. C'est ça, je ne contrôle rien. Je n'avais pas contrôlé quand j'ai perdu ma mère, ni quand j'ai été marier de force, ni quand je suis devenu la reine d'un royaume sans être la femme du roi. Je ne contrôle rien, rien du tout. Je suis baladée au grès des désirs et des nécessités.

Le faible sourire d'Alexander disparaît face à mon malaise. Son visage se transforme pour afficher ce qui ressemble à de l'inquiétude. Avant qu'il ne puisse intervenir, Louise, qui semble avoir perçu la tension, intervient.

- Allons boire le thé. Le déjeuner sera servi un peu plus tard.

Nous la suivons vers un salon, Alexander à mes côtés me jette des regards en coin que j'ignore. Nous nous installons sur un divan mauve, couleur dominante de la pièce, face à nous la maîtresse de maison. Pendant le thé, les discussions s'enchaînent même si je n'y prête pas une grande attention, j'apprends néanmoins que Louise est incontestablement une pipelette et une passionnée de lecture. Je ne participe pas à la conversation, sauf quand Louise me pose une question, elle s'intéresse à moi, me demande si mon pays me manque, ce à quoi je réponds par l'affirmative sans rejeter mon nouveau pays. Je me contente de faire bonne figure. Le repas se déroule de la même manière, Louise raconte ce qu'a raté son petit-fils pendant son temps d'absence lors de la guerre, j'en oublie que la guerre ne s'est pas fini il y a tant de temps que ça. Elle lui parle aussi de ses lectures. Ce dernier écoute attentivement, fait des remarques quand cela est nécessaire, mais laisse sa grand-mère prononcée un nombre incalculable de mot par minute sans la couper. Quand le repas est fini, je demande à visiter les jardins afin d'échapper à cette comédie et aux mensonges que je suis obligée de prononcer pour garder la face. Louise me propose de me faire la visite, mais j'incite pour qu'elle profite de la présence de son petit-fils.

RespireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant