Chapitre 10

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Ce fut un cuisant échec, pendant tout le trajet, je sentais son regard sur moi et quand enfin, il le détournait, c'est le mien qui s'accrochait à son profil. J'aurais aimé croire qu'il ne s'en était pas aperçu, mais sachant que je sentais très clairement la brûlure de son regard sur mon visage, je ne peux nier qu'il sente le mien sur le sien.

J'admire le paysage, même s'il est plutôt différent que celui que j'ai connu, il reste similaire. Si là par ma fenêtre, j'aperçois des forêts denses, là d'où je viens l'horizon n'est qu'une multitude de plaines. Étrangement, je ne me sens pas dépaysé, je suis plutôt curieuse de découvrir ces nouvelles plantes, ces nouveaux horizons... Le ciel commence à s'assombrir, nous nous sommes arrêtés que pour que les chevaux se reposent un peu.

- Nous arrivons.

Je me tourne vers mon compagnon de voyage et je suis tout de suite absorbé par la vue qui s'offre à moi. Derrière lui, un imposant château rompt la monotonie du paysage. De hauts remparts s'élèvent pour protéger un château dont j'aperçois quelques tours en pierre blanches sur lesquelles reflètent le soleil couchant. Je devine aussi un jardin et une imposante cour. Je suis totalement absorbée par ma contemplation que j'en oublie où je me trouve et avec qui je suis. Je me rapproche de l'autre côté du carrosse pour me coller à la vitre et pouvoir en voir le plus possible, j'ai tellement hâte de sortir pour découvrir le lieu.

Quand nous pénétrons dans la cour, je suis heureuse de découvrir que je ne m'étais pas trompé. Alors que dans la plupart des châteaux la cours est assez simple et plutôt rectangulaire. Ici, elle est en arc de cercle, embellit par la végétation qui se trouve sur les murs. De simples lierres sûrement indésirables, mais qui donne un charme fou à ce lieu. Quand le carrosse s'arrête devant un escalier menant à une imposante porte en bois sculptée, je n'ai qu'une envie, sautée dehors et découvrir les lieux, mais je me retiens. Un valet ouvre la porte et c'est là que je remarque, j'ai échangé de place avec le roi. Alors qu'au départ, j'étais à gauche, je suis maintenant à droite près de la porte. Il a dû basculer sur l'autre côté de sa banquette quand je me suis rapproché de la droite. Je suis donc la première à devoir sortir or cela n'est pas conventionnelle. D'un signe de tête, Alexander m'intime de sortir la première, ce que je fais sans hésitation.

Une fois sortie, j'admire l'architecture raffinée des lieux, les gargouilles, les toits à m'en dévisser le cou. Je suis toujours la tête levée vers le ciel quand le maître des lieux m'invite à rentrer. L'intérieur est aussi somptueux que l'extérieur, le sol est fait de la même pierre blanche que les murs, en observant de plus près, je remarque qu'elle est un peu grise. Des toiles et des tapis ornent la pièce.

- Marina, la gouvernante, vous fera visiter et répondra à vos questions.

Dur retour à la réalité, tout de suite, j'abaisse les yeux vers sa silhouette et retourne dans mon rôle, oubliant la petite fille folle d'architecture et de nature qui m'habite. Pour toute réponse, je hoche la tête, cachant la déception en comprenant que ce que j'ai vu jusqu'ici sera notre quotidien. Lui le plus loin de moi et moi... je n'en sais rien, sûrement enfermé dans ce château, telle une prison d'or.

Il me remet aux bons soins de Marina que j'ai cru apercevoir à notre arrivée parmi les domestiques, là pour nous accueillir. Marina est une femme aussi âgée que ma gouvernante précédente, peut-être plus. Elle porte une robe en velours rouge, très élégante. Malgré son air strict, elle se montre très accueillante et bienveillante durant la visite du château.

Pendant la visite, je découvre d'innombrables couloirs tous plus beaux les uns que les autres, je ne doute pas me perdre à plusieurs reprises par la suite. Mais ma plus grande fascination est quand nous passons par un couloir illuminé par d'immenses fenêtres sur sa droite. Attirée, par ce qui se trouve à l'extérieur, je m'y approche. La vue qui s'offre à moi est à couper le souffle. En contrebas se trouve d'immenses jardins fleuris par ce début de printemps. Mais ce qui me frappe le plus c'est ce qu'il y au-delà, à vrai dire rien, le vide. Le château se trouve en réalité au bord d'une falaise, malgré les remparts, je distingue sans mal les reliefs des montagnes. Je savais que Gium était un pays montagneux, mais jamais je n'aurais imaginé une telle splendeur. Le soleil est maintenant bas offrant à ce décor une atmosphère reposante. Je sais d'ors et déjà que ce sera mon refuge.

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