Chapitre 13

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Nous partons dans la matinée, alors que le bal est ce soir. Comme Marina me l'a affirmé, le roi ne souhaite pas s'éterniser, nous serons donc revenus dès le lendemain soir. Quand je sors pour me rendre au carrosse, le roi n'est pas encore arrivé je m'installe donc et ce dernier me rejoint peu de temps après sans un mot. Nos regards se croisent une fraction de seconde avant que je ne reporte le mien vers l'extérieur. Nul ne dit un mot pendant le trajet et très rapidement une tension s'installe à l'intérieur de l'habitacle sûrement dû à ma colère et à ses émotions que je n'arrive pas à déchiffrer. Je m'obstine cependant à ne pas détourner les yeux du point fixe que j'ai choisi à l'extérieur.

Nous rentrons dans une forêt et la lumière à l'intérieur du carrosse devient plus sombre. Soudain, le carrosse ralentit jusqu'à s'arrêter. Je me tourne vers le roi en face de moi pour trouver des réponses qu'il n'a visiblement pas. Un garde s'approche et Alexander descend la vitre.

- Un arbre nous bloque le passage, nous allons essayer de le déplacer, mais il faudra peut-être faire demi-tour et trouver une autre route.

Le roi acquiesce et le garde repart, mais il n'a pas le temps de faire trois pas qu'une hache se plante dans son flan m'arrachant un cri.

- Nous sommes attaqués ! Protégez le carrosse ! Cri quelqu'un que je ne vois pas.

Sans attendre une minute, Alexander se lève et sort du carrosse puis dégaine une épée de son fourreau que je n'avais même pas remarquée. Avant de refermer la porte, il se tourne vers moi, le visage soucieux.

- Ne sortez sous aucun prétexte et refermez après moi. S'il vous plaît, ne sortez pas de ce carrosse. Fit-il comme une supplique avant de disparaître.

Aussitôt, je referme et regarde autour de moi, empreinte à une peur panique que je repousse de toutes mes forces. J'entends des cris d'homme qu'on égorge, mais aussi de femmes et je me sens impuissante ne pouvant rien faire d'autres qu'attendre. Je vois sa majesté se battre sur ma gauche. Malgré ses larges épaules, il est rapide et tue son adversaire avant même qu'un duel ne commence ou je devrais peut-être plus dire ses adversaires au pluriel, car il est incontestablement la cible de ces assaillants. Il n'y a aucune hésitation dans ses gestes et étrangement, je ne suis plus effrayé, je devrais sûrement me pencher sur cette question, mais pas tout de suite, car le carrosse est secoué comme si on venait de le bousculer. Je détourne les yeux pour voir à ma droite deux gardes qui essaient de repousser deux hommes.

Le premier garde tombe à terre après un coup à la gorge et le second ne tarde pas à le rejoindre. Les agresseurs se tournent alors vers le carrosse, mais ils n'ont pas le temps de faire un pas qu'Alexander apparaît et plante son épée dans le premier. Il fait reculer l'autre, mais celui-ci lui demande plus d'effort. Il est, sans aucun doute, entraîné, peut être un ancien soldat. Alors qu'Alexander commence à être en difficulté un autre se rapproche dans son dos sans qu'il ne l'aperçoive. Mon sang ne fait qu'un tour et je cherche une solution et regardant autour de moi. Je ne vois rien d'utile et le temps presse. La panique m'envahit alors que mes yeux se posent sur un poignard accroché à la ceinture d'un des gardes inertes. Je jette un coup d'œil vers Alexander qui se bat encore pour sa vie alors que l'autre se rapproche discrètement.

Sans attendre, je fais sauter le verrou et sors. Je m'empare de l'arme et me dirige vers l'homme qui ne se doute pas de ma présence derrière lui.

- Eh !

Il se retourne et sans attendre qu'il ait le temps de m'envoyer six pieds sous terre, je lui plante le poignard dans le cou. Le sang gicle et m'éclabousse. Je recule de quelques pas, le souffle court alors que l'homme tombe à genoux sur le sol puis tout son corps s'écroule. Il est mort. J'ai tué un homme. La panique commence à monter quand je réalise ce que j'ai fait. Alexander se retourne à ce moment ayant sûrement achevé son adversaire. Son regard avise le corps inerte face à moi puis le sang sur moi. Ses yeux se plantent dans les miens, il fait un pas dans ma direction, mais un cri un peu plus loin attire son attention. Il me regarde avec hésitation ne sachant pas s'il peut me laisser. Un nouveau cri retentit, mais je ne bouge toujours pas, Alexander décide alors de se diriger à pas de course en direction du cri. Quant à moi, je reste figé sur place, à regarder le corps allongé devant moi puis mes mains. Ma vue se trouble et je crois suffoquer. J'ai tué un homme.

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