Chapitre 26

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Aujourd'hui, le vent souffle, mais heureusement voilà une semaine qu'il a cessé de neiger. Il faut dire que le soir de Noël était une véritable tempête. Les chevaux s'agitent alors que les derniers préparatifs sont préparés. Eme à ma gauche qui a glissé son bras sous le mien, ne cesse de grelotter. Elle a insisté pour rester, affirmant qu'elle n'a pas froid. Je suis reconnaissante de son soutien, car même si je ne laisse rien transparaître, je suis inquiète. Si le plan se déroule comme prévu, ils devraient être revenus dans dix semaines, douze semaines dans le pire des cas. Alexander sort des écuries avec un cheval auburn, ce doit être Eliott. Lucy s'étant blessée lors d'une récente balade, même si ce n'est rien de grave, elle doit se reposer.

Je regarde tous les chevaliers se préparer en me disant que nombreux d'entre eux ne reviendront pas. Cette pensée me rend triste et je la mets dans un coin de ma tête, déterminée à ne pas penser à cela. Les conseillers, qui resteront au château, sont sur les remparts, à regarder le départ d'un œil critique. Je reconcentre mon attention sur le roi, celui-ci est en train de chuchoter, je ne sais quoi à l'oreille du cheval. Puis il se dirige vers moi, le visage fermé. Mon corps se tend, car je sais que c'est l'heure du départ. Voyant le roi approcher, Eme se détache de moi et se met en retrait. Avec respect, Alec lui fait un signe de tête. Je sais qu'il y quelques jours, ils se sont parlé, mais ils ont tous deux refusé de me dire sur quoi portait cet entretien.

Arrivant à ma hauteur, Alexander m'enlace et m'accorde un long baiser d'au revoir. Puis il se détache, le visage toujours fermé pour que je ne puisse lire en lui. Mais je sais qu'il est anxieux.

- Tu as intérêt à me revenir.

- Je ferais mon possible.

Je hoche la tête, savant pertinemment que je ne peux rien exiger de plus. Il m'offre un dernier baiser.

- Et toi prends soin de toi.

- Promis.

À son tour, il hoche la tête, satisfait et se sépare de moi. Il monte sans difficulté sur son cheval. Pendant son absence, il m'a demandé de prendre soin de Lucy étant donné que je suis la seule autre personne à pouvoir l'approcher. Nous avons passé autant de temps que possible ensemble ces dernières semaines. Je ne regrette rien de notre histoire.

On annonce le départ et tous sortent de la cour à la suite du roi. Eme, qui reprend sa place à mes côtés, m'accompagne sur les remparts pour les regarder s'en aller. Alexander ne se retourne pas, ce que je préfère. L'armée s'est maintenant engouffrée dans les bois. Les conseillers s'en vont et je croise le regard sévère du conseiller Palton, à la tête du conseil. Je reste encore quelques instants, là et puis je prends pitié de Eme et nous rentrons.

Les jours qui passent semblent être des semaines et les semaines des mois. Pas un instant, je ne suis pas prise d'inquiétude. Louise est venue passer quelques jours au château. Cela m'a permis de me changer les idées et d'apprendre à la connaître. Je peux dire maintenant que nous sommes amies. J'ai échangé quelques lettres avec Julietta avec la désapprobation du conseiller Palton dont je n'ai pas pris compte. J'ai veillé avec soin à ne rien faire transmettre dans mes lettres donc son inquiétude était mal placée. Les nouvelles du front au cours des semaines se content sur une main ou plutôt sur un doigt quand ils ont remporté la victoire. Il faut croire que le roi Alexander se contente du minimum même en temps de guerre. Ils devraient maintenant arriver d'un jour à l'autre. Dans trois jours, cela fera trois mois pile. Je suis impatiente.

Malheureusement les trois jours qui suivirent aucune arrivée n'était distinguable à l'horizon. Les conseillers sont restés plutôt détendus alors j'ai patienté, mais une semaine après, toujours aucune nouvelle. Et tout comme moi, les conseillers se posent des questions. Eme et mes femmes de chambre tentent de me rassurer comme elles l'ont fait ses derniers mois mais je sens au fond de moi que quelque chose cloche. Et je suis persuadée que je ne suis pas la seule à le penser.

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