Chapitre 8

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Assise aux côtés de mon mari, sur la table principale, les festivités battent leur plein. À ma gauche, mon père à qui je n'ai pas adressé la parole, pas plus qu'à mon mari. Chaque invité nous présente leurs vœux les plus sincères pour notre mariage. Je n'ose pas manger ce qu'il se trouve dans mon assiette de peur de le rejeter sans tarder. On aurait pu croire que le stress serait redescendu après l'étape de l'église, mais il n'en est rien, je crois même qu'il s'est intensifié alors qu'à mes côtés, mon mari ne prononce pas un mot. Tous mes espoirs volent en éclats. Cela étant dit, il n'a pas adressé plus de mot aux autres, même quand on s'adressait sans détour à lui, il se contentait de strict minimum.

- Vous devriez manger.

Je sursaute au son de sa voix, je me tourne vers mon époux en fronçant les sourcils, ne comprenant pas d'où lui vient cette envie soudaine de nous faire part du son de sa voix. Sa voix qui me donne des frissons de manière inexplicable. Il ajoute pour m'éclairer :

- Nous allons bientôt partir, nous ne resterons pas ce soir, je veux partir au plus tôt pour rejoindre Gium.

Je reste coite devant cette déclaration, alors qu'Anne m'avait expliqué que la soirée était importante, qu'il y aurait le première danse et ... et ... la nuit de noces. Je me détourne de lui ne sachant quoi répondre, à en juger par le fait qu'il s'était déjà détourné, je crois qu'il n'en attendait pas... J'ose quand même lui demander :

- Combien de servantes autorisez-vous à m'accompagner ?

C'est à son tour de ne pas comprendre, il fronce les sourcils accentuant sa prestance et demande :

- Que voulez-vous dire ?

- J'aimerais savoir combien de femmes de chambre d'Illenya peuvent m'accompagner à Gium étant donné que... que... (je détourne les yeux devant son froncement de sourcils qui s'accentue.) vous... enfin que nous... (je me tourne vers lui en espérant voir qu'il a compris, mais il semble plus amusé et attend que je finisse ma phrase.) qu'il n'y ait pas eu de premier entretien. (son expression devient tout de suite plus sérieuse et c'est lui qui détourne les yeux.).

- Autant que vous le souhaitez.

- Oh ! À vrai dire, une suffira.

Pour toute réponse, il hoche la tête d'un air que je suppose surpris puis il porte sa coupe de vin à ses lèvres en scrutant un point à l'autre bout de la salle. Je comprends alors que la conversation est terminée.

À la fin du repas, le roi Alexander se lève et annonce notre départ, tous semble surpris, mais personne n'ose dire quoi que soit. Je me lève à mon tour et pars me préparer pour le voyage. Une servante, Yseult, je crois, m'aide à mettre mon manteau quand on toque à la porte. Je m'attends à voir mon père ou Anne rentré, mais c'est Julietta qui s'avance.

- Je tenais à vous voir avant votre départ. Fit-elle pour justifier sa présence

- J'apprécie, merci.

Elle s'approche et prend mes mains dans les siennes.

- C'était une très belle cérémonie et je suis honorée d'y avoir assisté.

- C'est très gentil de votre part, merci.

- Je vous souhaite sincèrement le meilleur pour la suite, Votre majesté. Conclut-elle avec un clin d'œil qui me fait rire.

- Hélas, ce titre ne me revient pas encore.

- Vous avez raison, mais ça ne saurait tarder.

Quelqu'un toque à ma porte et une de mes servantes se charge d'aller ouvrir, elle m'indique ensuite qu'il est l'heure de partir.

- Allez-y, je ne veux pas vous retarder.

Je prends Julietta dans mes bras et la remercie. Elle rit et me souhaite bon courage avant que je ne quitte la pièce.

À l'approche du carrosse, je me sens nerveuse à passer autant de temps confiné avec mon époux. Le soleil commence à être bas. J'aperçois mon père qui s'approche alors que j'attends mon époux. Je ne peux m'empêcher de me crisper à son approche.

- Bien, je suis heureux que tout se soit déroulé comme prévu. Tâche à présent de faire ton rôle d'épouse comme il faut.

- Vous m'en voyiez ravi cher père, si la cérémonie vous a plu.

Devant mon insolence, il rétorque en m'agrippant le bras fortement :

- Écoute-moi bien, je te conseille de ne pas te montrer désagréable auprès de ton époux, je ne veux pas que tu me fasses honte si tu te comportes comme la gamine que tu es et qu'il refuse de consommer cette union. Chuchote-t-il pour ne pas se faire entendre.

- Lâchez-moi ! Murmurais-je.

- C'est grâce à moi, que tu vas devenir la reine d'un puissant empire alors montre toi reconnaissante et...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase que la voix glaciale de mon mari résonne derrière lui :

- Quel plaisir vous nous faites votre majesté de venir à notre départ. Je suppose que vous souhaitiez un agréable voyage à votre fille ?

Alexander vient se placer près de moi, légèrement en avant, obligeant mon père à s'éloigner de moi. Je dois dire que je suis soulagé de son arrivée. Mon père, après s'être remis de sa surprise semble en colère devant l'intervention d'Alexander.

- Vous avez vu juste, Votre majesté. J'espère que votre voyage se fera sans encombre.

Sur ce, il repart vers l'enceinte du château. Quant à moi, je ne prends pas la peine de consulter mon époux et me dirige vers le carrosse, un domestique m'ouvre la porte et je m'y engouffre sans attendre. Après quelques indications au cocher, mon mari m'y rejoint, s'asseyant en face de moi et nous nous mettons en route.

- Ça va ? Me demande-t-il sans me regarder.

Surprise, je ne réponds pas tout de suite, c'est quand il se tourne vers moi que j'arrive à souffler un oui à peine audible. Il me dévisage semblant choisir de me croire ou non puis il se détourne.

RespireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant