Chapitre 2

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       Je regagne ma chambre le plus vite possible. Mon père m'exaspère, ma mère était heureuse d'avoir une fille et mon père aussi, mais je pense que c'est seulement dans la mesure où il pouvait avoir un fils après cependant ma mère est morte sans donner naissance à un autre enfant.

Il accordait à ma mère, le respect, il l'écoutait lorsqu'elle lui suggérait une tactique politique. Cependant, malgré ma volonté, il me garde à l'écart prétextant que je ne suis qu'une enfant ou alors que je suis tout simplement une femme. Comment pourrais-je être une bonne reine si je ne connais rien au poste de roi ? Comment pourrais-je alors prendre sa succession ? Cependant, je ne me laisse pas avoir facilement, ma mère disait souvent que j'étais une petite rebelle qui n'en faisait qu'à sa tête et qui était impulsive. Alors à l'âge de 14 ans, quand mon père m'a viré de son bureau pour la première fois, j'ai décidé que j'apprendrais seule. J'ai arpenté les bibliothèques à la quête de livres d'histoire de la guerre, de politique. Parfois, je rentrais en cachette dans le bureau du roi pour dérober un ou deux livres que je remettais à leur place quelques jours plus tard. Ainsi, j'ai appris et je pense être devenu compétente pour conseiller mon père, mais lui ne le voit du même œil. Je sais qu'il me manque l'expérience et que tout ne s'apprend pas dans les livres, mais il ne me laisse même pas le bénéfice du doute.

Quand je rentre dans ma chambre, mes femmes de chambre s'activent pour chasser la poussière.

- Mesdames, accordez-moi quelques instants seul.

- Oui, votre altesse. Répondent-elles en cœur, puis après une révérence elles quittent la pièce.

J'attrape le livre sur mon chevet et vais m'installer près de la fenêtre sur un sofa. C'était le livre de ma mère et tous les ans, je le lis. Je me sens plus proche d'elle.

La journée passe ainsi sans que je ne sois dérangée. Je m'évade dans le monde de l'imaginaire pour échapper à ma vie. Les repas sont mes seuls instants hors de la lecture et lorsqu'arrive l'heure du coucher, c'est Eme qui me tire de mon monde en frappant à la porte.

- Entrez !

- Votre altesse, il est tard. Souhaitez-vous qu'on vous prépare pour cette nuit ?

- Vous avez raison. Entrez.

Alors que mes servantes s'activent pour préparer mon coucher, Eme me coiffe les cheveux.

- Comment a été votre journée votre altesse ?

- Comme tous les ans, je suppose...

Après un silence, Eme reprend la parole d'une voix hésitante.

- Um,... J'ai entendu dire que vous... Vous aviez rendu visite à votre père plus tôt dans la journée.

- C'est exact. Cependant, ma visite a été de courte durée comme vous pouvez l'imaginer.

- Je suis désolée princesse.

Dans le miroir, j'observe le reflet d'Eme, elle aborde une mine contrite. Elle n'est pas très grande et elle est plutôt jolie, elle possède des joues rondes qui ne lui enlèvent rien à son charme. Ses yeux sont marron, de la même couleur que ses cheveux, ce qui offre une certaine harmonie à son visage. Elle n'est pas plus vieille que moi de nombreuses années, ce qui doit expliquer que je m'entende si bien avec elle. Elle est arrivée au château à mes 15 ans et c'est assez rapidement avec sa maladresse et son implication que je me suis prise d'amitié pour elle. Elle a brisé la solitude qui m'entourait avec ses beaux sourires qui me sont contagieux. On peut se demander pourquoi je n'ai pas de dame de compagnie. À dire vrai, la réponse est simple. Quand ma mère est morte, j'ai hérité de ses dames de compagnie, cependant, je ne trouvais rien de divertissant à converser de choses banales quand j'avais tout juste 10 ans. Je me suis lassée de leur compagnie et très vite elles ont quitté le château sans que je ne sache où elles aillent. Il n'y avait pas d'enfant à la cours sauf lors de visite, ainsi la seule compagnie dont je bénéficiais était celle de ma régente. Elle m'a appris à être une princesse et plus tard à être une reine. En grandissant, j'aurais aimé avoir des dames de compagnie comme Eme, mais mon père n'a pas jugé cela utile ou alors ne s'y est tout simplement pas intéresser. Par conséquent, c'est Eme que j'invite pour jouer aux cartes ou encore pour partager un thé quand son emploi du temps le lui permet.

Je me suis également lié d'amitié avec la princesse d'Itani, tout comme moi, elle a 16 ans et aime la lecture. Lors d'une visite de sa famille, nous avons très vite sympathisé. Depuis nous échangeons des lettres, une correspondance qui me divertit et m'amuse. À travers elles, nous nous racontons notre vie, nos mésaventures ou encore nos amours. Julietta s'est mariée, il y a un plus d'un an avec le roi de Magnia, je pense que leur mariage est heureux, mais je ne pourrais jamais en être sûr, surtout lorsque c'est un mariage arrangé à des fins politiques. Elle a donné naissance à un fils, une nouvelle fort bien accueillis par son royaume et un soulagement certain pour la famille royale.

- Si je peux me permettre, la menace de ce roi Alexander III est une réelle inquiétude pour tout le royaume et donc pour le roi.

- J'aimerais pouvoir te rassurer cependant le roi ne me laisse pas approcher des affaires qui concernent la guerre ou à vrai dire d'une quelconque affaire. Je n'ai sûrement pas plus connaissance de la menace qui pèse sur Illenya que toi.

- Alors je peux peut-être vous éclairer de mes quelques connaissances ?

- Je t'en prie, brise l'ignorance dont je suis victime. Plaisantais-je.

- Je crois votre altesse que vous lisez trop de dramaturgie.

- Tu as sans doute raison, Eme.

- En ce qui concerne cette guerre, le roi Alexander III du royaume de Gium est un conquérant qu'il ne faut pas sous-estimer à ce qu'on raconte. On raconte aussi qu'aucun roi jusqu'ici n'a pu l'arrêter. Il a fait tomber 2 royaumes et je crains que nous soyons le prochain.

- Ton récit est fort triste.

- Votre altesse ? Intervient Béatrice. Je pense qu'aucun roi ne pourra vaincre notre royaume, n'ayez crainte.

- Oui, acquiesce, Geneviève. Votre père, le roi Henri a gagné déjà 2 guerres.

- Et il a beaucoup d'alliés, renchérit Beth.

- Merci, votre réconfort me va droit au cœur. Pour vu que cette guerre se finisse vite et que les soldats rentrent chez eux, près de leur famille.

- Vous avez raison, prions Dieu de nous ramener ces hommes en vie. Répond Béatrice.

- Assez parler de chose morose. Le sommeil m'appelle.

- Très bien votre altesse, bonne nuit.

Et elles quittent toutes les quatre mes appartements après une rapide révérence. En repensant à cette guerre, je me demande ce qui pousse ces royaumes à partir en guerre. J'en ai bien sur une idée : le territoire, la menace, la religion, sûrement bien d'autres choses encore, mais je doute qu'une de ces raisons soit l'origine de la guerre dans laquelle nous nous trouvons. Si c'était le cas, nos alliés se seraient déjà rallié à nous ? Hélas, je crains que cela soit la cupidité et la fierté de mon père qui nous pousse vers ce précipice.

RespireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant