Epilogue

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- Je vous assure que j'ai bien cru que mon mari allait s'évanouir !

Les rires redoublent d'intensité face à l'histoire peu ordinaire de Julietta qui a surpris son fils en train de vider tous les tiroirs du bureau du roi de Magnia. L'après-midi est plutôt chaude pour ce début de mois de mai, mais idéal pour un thé en compagnie de Julietta qui est venue passer quelques jours avec son mari pour conclure une alliance solide entre nos royaumes et madame Edmiro, que j'appelle maintenant par son prénom, Agatha. Sans surprise Julietta et Agatha, se sont très vite entendues à leur première rencontre. Louise est également présente, de plus en plus souvent depuis la naissance d'Alexander deuxième du nom, je la soupçonne même de vouloir venir vivre ici. Je dois avouer que je suis pour l'instant un peu indécise sur cette question.

- Votre majesté.

Un valet me tend sur un plateau argenté avec une lettre que je saisis. Je la retourne et en voyant l'expéditeur, je crois avoir un vertige. Mon malaise n'échappe pas à mon entourage. Je m'excuse et m'absente pour la lire.

« Chère Mary,

J'aurais avec plaisir commencé ma lettre par « chère enfant » mais c'est seulement maintenant que je me rends compte en avoir perdu le droit. Tu sais, j'ai beaucoup de regret dans ma vie. Celui de ne pas voir été un bon père pour mon unique enfant, celui de n'avoir pas mérité de rencontrer mes petits enfants et surtout celui de ne pas avoir pu sauver ta mère. Je ne me le pardonnerais jamais et je ne te demande pas de le faire. Je suis désolé, Mary. Ces quatre petits mots auraient dû être les premiers que je t'adresse au bal d'Alexander deuxième du nom, mais je ne l'ai pas fait. Est-ce mon plus grand regret de ne jamais te le dire en face ? Oui, car vois-tu, je suis mourant, je suis même peut être déjà mort à l'heure à laquelle tu lis cette lettre.

Ce n'est pas pour te demander une faveur ou pour autre chose que je t'écris sur mon lit de mort, mais pour te mettre en garde. Malgré le fait que tu sois une reine forte et respectée, tu restes une femme. Et par conséquent, tu seras la cible de mes potentiels successeurs. Tout au long de ta vie, tu seras pour eux une menace. Je souhaite que tu hérites de la couronne et je comprendrais que tu la refuses, mais si je pouvais t'assurer le trône, je le ferais. Hélas, je n'ai pas ce pouvoir.Je te souhaite de vivre une longue vie, mon enfant, et ce, au côté de ta famille. Un luxe qui m'a été retiré trop tôt. Elle était mon univers, mon nord, ma respiration... Aveuglé, j'en ai oublié qu'elle l'était pour toi aussi. Vie uniquement pour l'amour, le reste n'en vaut pas la chandelle.

Avec tout mon amour,

Henri »

Mes doigts tremblent, faisant trembler par la même occasion le papier. Mes yeux parcourent encore et encore les lignes manuscrites de la lettre sans comprendre un traître mot. Le brouillard qui m'entoure semble anesthésier toute pensée rationnelle. Je ne sais pas combien de temps, je reste ici à fixer des mots sans en comprendre le sens avant que tout ne s'éclaire comme un flash. Il est mort. Je n'ai plus de famille, bien sûr, il me reste Alec et notre fils, mais je n'ai plus de parent, plus rien qui me rattache à mon passé et à ma mère. Je ne pensais pas que cela me bouleverserait autant et me ferait autant souffrir, mais pourtant la douleur est bien présente.

Sans attendre, je me dirige vers le château, mais les femmes à qui j'ai faussé compagnie m'interpellent. Un silence passe avant que je ne réussisse à prononcer quoique soit :

- Mon père est mort.

Je quitte aussitôt les jardins le papier à la main et me dirige vers le bureau d'Alexander. Je rentre sans frapper et ais le soulagement de le trouver seul. Il relève les yeux et en voyant mon visage, il se lève d'un bond, inquiet.

- Qu'y a-t-il ?


- Nous devons aller à Illenya.

Ses sourcils se froncent et il avise la lettre dans ma main, qu'il saisit. Après avoir parcouru rapidement les quelques lignes du papier, ses yeux se relèvent vers les miens et j'y lis la même urgence qui m'a fait venir rapidement dans son bureau. Les temps qui arrivent ne présagent rien de bon.

- Nous partirons dès que possible, me confirme Alex.


- Et avec nous pour soutien.

Le roi de Magnia et Julietta viennent de rentrer et je comprends que mon amie est allée chercher son époux dès qu'elle a entendue la nouvelle. Je suis touchée de voir le soutien qu'ils nous apportent sans hésitation. Alexander hoche la tête. Et je comprends que cette fois, nous ne serons pas seuls pour affronter les dangers qui nous menacent, car nul ne sert de nier que la succession ne se fera pas sans encombre, mais suis-je prête pour ce trône qui m'a tant pris ?

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