Chapitre 4
— Abruti.
Comment avais-je pu croire qu'il m'aiderait ? Un acte de générosité isolée ne le rendait pas plus fiable et fréquentable qu'il ne l'était en réalité.
— Mignonne ! siffla un crétin. Combien tu prends ?
Tirant davantage sur le pull, j'atteignais le palier de ce que j'espérais être enfin le premier étage que la tête de nœud persista :
— Eh ! Je te parle.
Entre le studio délabré en dépit de sa propreté et ce chien mal éduqué, il n'y avait pas à dire, Devlin avait tiré le gros lot. Était-il pingre au point de côtoyer la drogue et l'instabilité, ou bien l'Anglais avait-il quelque chose à cacher ?
Une main agrippa mon épaule, et je manquai de trébucher.
— Eh, t'es sourde ou quoi ?
— Non, juste pas intéressée.
La poigne s'affirma, mon épaule craqua.
— Tu seras vite intéressée quand tu verras le matériel, ma belle.
À peine eus-je la présence d'esprit de m'agripper à la rembarre qu'il me tira en arrière, songeant m'embarquer pour ce qu'il s'imaginait être un privilège qu'il me fallait apprécier. Non mais, sérieusement, à quoi ce malade tournait ? Parce qu'il n'y avait bien qu'un malade pour entendre « oui » dans un « non ».
— Lâche-moi, espèce de taré !
— Allez, c'est bon, fait pas ta mijaurée !
— Ma mijaurée ? m'étouffai-je.
— Dans une tenue comme ça, là...
— Non, mais je pourrais être nue que ça ne te donnerait aucun droit de me violer.
— Violer, tout de suite...
À ces mots, la panique monta ; mon cœur s'emballa.
— J'ai dit non !
— On va s'amuser, c'est tout, s'énerva-t-il.
Las de ma résistance, il tira avec plus de vigueur : me déboitant l'épaule, il obtint ma reddition. Une reddition qui l'agaça bien vite lorsque, gémissant ma douleur, je m'assis sur la marche.
M'attrapant par le bras que je me tenais piteusement, il m'arracha un hurlement et me releva.
— Allez, viens, putain !
Tirée par ce bras qui me torturait, je tâchai tant bien que mal d'avancer, de limiter la douleur qu'il exacerbait de seconde en seconde. Le souffle court, je me concentrai sur mes pieds, consciente que choir revenait soit à m'ouvrir le crâne soit à me fracturer la nuque.
— Il me semble que la demoiselle t'a dit non.
M'extorquant un nouveau gémissement, mon tortionnaire se figea à quelques marches du palier.
— C'pas tes affaires, Tom. Retourne étudier.
— Je regrette, lorsqu'une femme se fait agresser et traîner par un violeur, cela devient mes affaires.
— Un accident. Elle est tombée.
— Évidemment. C'est pour cela que tu la traînes dans ton appartement au lieu de la conduire à l'hôpital.
La tension grimpait. Je la sentais dans l'électricité alourdissant l'air, dans la nervosité crispant le tortionnaire. De l'animal mal éduqué à l'étudiant névrosé, je me demandais lequel allait l'emporter sans pour autant avoir la force de suivre le bras de fer engagé.
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Tel est pris...
Romance« En réalité, ce sera Anastasia plus un, cette année. » Une phrase. Une simple phrase, et j'embrassais l'anxiété à bras ouvert. Qu'est-ce qui m'avait pris de mentir ainsi ? Le sourire goguenard de ma cousine parfaite, sans aucun doute. Sauf que main...