Chapitre 19

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Chapitre 19

17 décembre 2023

Blotti contre mon épaule valide, endormi sous son plaid dans son pyjama de Noël qu'il avait tenu à porter sitôt sa douche prise, Léo renouait avec ses habitudes de bébé : laisser la télévision le contempler pendant que Morphée le berçait. Il respirait paisiblement, repu de la pizza pepperonni qu'il avait consenti à partager avec Devlin et de son chocolat chaud devant Le Grinch, comblé de sa soirée. Un ronflement marqua son sommeil profond ; alors, une mesure s'imposa.

— Je le porte dans son lit ? me proposa Devlin.

— Bonne idée, accordai-je.

Avec une prévenance qui ne me surprenait plus tant, Devlin repoussa le plaid, poussant même la délicatesse de le contre-plier et de le poser sur le dossier du canapé. Puis, doucement, il faufila l'un de ses bras sous les genoux de Léo. Le second se glissa contre son dos et, bientôt, il souleva mon petit frère sans encombre ; ce dernier, absorbé par ses songes, n'eut d'autre réaction que de se blottir contre la laine chaude qui se présentait à son petit nez. Quant à moi, suivant le mouvement, je me relevai.

D'une œillade à la petite table où s'éparpillaient cartons de pizza et boites de chocolats, je remis à plus tard le rangement et ouvris la voie à Devlin qui, près de la porte du salon, patientait. En silence, le bruit de nos pas sur le marbre du carrelage et nos respirations seules nous trahissant, nous montions l'escalier et je le conduisais à travers le couloir de l'étage en direction de la chambre de Léo où je les précédai pour tirer la couette.

« Merci, lus-je sur ses lèvres. »

Toujours avec cette même douceur, celle que je ne lui aurais jamais soupçonnée il y avait encore une semaine, Devlin coucha Léo dans son lit, le recouvrit de sa couette et partit. Pour ma part, j'allumai la veilleuse, embrassai son front et quittai sa chambre sur la pointe des pieds, prenant soin de simplement entre-fermer au cas où il se réveillerait. Lorsque je redescendis au rez-de-chaussée, Devlin mettait un peu d'ordre dans les emballages vides et les boites restées ouvertes.

— Je rangerais, ne t'en fais pas, dis-je.

Les deux cartons de pizza empilés, il me lança un sourcil relevé.

— Tu en as déjà fait beaucoup, poursuivis-je.

— Je rangerai plus vite avec mes deux bras que toi avec un.

— Touché, admis-je.

Appuyant son point marqué d'un sourcil satisfait, il entassa les emballages de chocolats détroussés dans les boites vides et fila dehors à la recherche de la poubelle jaune. De mon côté, je me munissais d'une éponge et, entassant les boites de chocolats à moitié pleines, ramassai les quelques miettes parsemant la table basse. Les preuves de notre soirée improvisée effacées, je me mis en quête de la télécommande, soucieuse d'arrêter le film à moitié commencé qui tournait.

— Le guéridon, me lança Devlin.

Je me tournai, perplexe.

— Pardon ?

— La télécommande, elle est sur le guéridon. C'est bien ça que tu cherches, non ?

— Oui. Oui, merci.

Un peu bête, je me penchai vers la place qu'il avait occupée toute la soirée, me rappelant maintenant de lui avoir demandé de l'attraper sur la table basse pour baisser le son lorsque Léo somnolait contre mon épaule, et m'en emparai à mon tour. Bientôt, à l'instar de l'image qui, sur l'écran géant, se figea, le temps s'étira.

Tel est pris...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant