Chapitre 13
13 décembre 2023
— Daté, paraphé et signé.
Un œil sur le second exemplaire du contrat que je lui restituai, il haussa un sourcil avant que sa bouche moqueuse ne raille :
— Un peu illisible, non ?
L'envie de le frapper jusqu'à ce qu'il soit enterré gonfla violemment ma poitrine. Hélas, il me fallut rapidement l'expulser lorsque, dans le vestibule, la course de mon petit frère qui rentrait de l'anniversaire d'un copain martela le carrelage. L'image de ma mère, son manteau sur le bras et un poing sur la hanche s'émancipa de mon souvenir. Car j'en étais convaincue, en cet instant, elle condamnait la course de Léo ; un comportement qu'elle lui avait répété mille fois d'éviter. Un comportement, qu'obstinément, son tempérament se plaisait à oublier.
— Tu as dressé les informations ?
À cette voix, je cillai : le visage de Devlin se subsista alors à celui de ma mère qui montait certainement dans sa chambre ranger son sac et son manteau.
— Ou les révisions ont accaparé ton attention ? gouailla-t-il.
— Très drôle.
Gauchement, de cette main valide que j'apprenais encore à dompter, je poussai son exemplaire pour qu'il le range avant de répondre :
— Tu les auras avant vendredi, par mail.
— Je ne suis pas certain d'avoir envie de te donner mon mail. C'est personnel, ajouta-t-il d'un regard narquois.
Cette fois, ce fut mon sourcil qui se releva. Il se fichait de moi, n'est-ce pas ? Personnel ? Parce que lui dans la cuisine de mes parents, un mercredi après-midi, ce n'était pas personnel peut-être ? Lui me réclamant deux mille euros pour endosser le rôle de mon faux petit ami devant ma famille, ce n'était pas personnel ? Non, franchement, le personnel, je crois qu'on en avait largement franchi la limite.
Ma main valide appuyée contre l'îlot de la cuisine, je tâchai d'atténuer le rire nerveux qui montait et m'énervai :
— Tu sais que tu es sérieusement en train de...
— Eh alors, que se passe-t-il ici ? intervint ma mère.
Sur le granit du comptoir, mes ongles ripèrent.
— Je sais ce qui vous fera du bien, déclara-t-elle. Une collation, histoire de couper un peu de ces révisions !
Guillerette, elle ouvrit le réfrigérateur, en sortit les jus ainsi que le restant d'une bûche artisanale achetée la veille.
— Tu aimes la framboise, Tom ?
— Bien sûr.
— Merveilleux, sourit ma mère.
Propre comme un sou neuf, Léo paraissait dans la cuisine et tout était bouclé. Aidée de Devlin, ma mère préparait un plateau à porter dans la salle à manger et l'affaire restait une fois encore inachevée. Car si le contrat était réglé, il demeurait une petite chose qu'il n'avait réclamée et cela m'étonnait. Alors certes, je n'avais encore trouvé le moment adéquat pour demander l'autorisation de retirer une telle somme de mon compte à mon père (il fallait dire que l'instant aurait été plus que mal choisi la veille), mais, cela, il l'ignorait. Alors pourquoi ne s'était-il pas empressé de réclamer son paiement, lui qui avait bondi sur l'occasion d'acquérir cet argent ?
— Non, permettez, je vais le porter, ma...
Je relevai le regard à temps pour croiser celui, éhontément réprobateur, de ma mère. Celui qui convainquit Devlin, tandis qu'il attrapait le plateau terminé, de se rattraper :
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Tel est pris...
Romance« En réalité, ce sera Anastasia plus un, cette année. » Une phrase. Une simple phrase, et j'embrassais l'anxiété à bras ouvert. Qu'est-ce qui m'avait pris de mentir ainsi ? Le sourire goguenard de ma cousine parfaite, sans aucun doute. Sauf que main...