Chapitre 23
20 décembre 2023
Comme prévu, Léo avait exulté. La simple prononciation du prénom tant apprécié avait fait naître une étincelle que même la rupture de stock de sa boisson de Noël fétiche à Starbucks n'avait su éteindre. Pour ma part, je me mordais une nouvelle fois les doigts face à mon impulsivité. Non que je doutais de la détention de l'information en question, mais parce qu'elle impliquait une action qui, sur l'instant, m'avait échappée : le retour. Et comment dire qu'après cette fameuse soirée, après son petit jeu de séduction pourri et le silence radio qui s'en était suivi, être celle qui revenait, ça me faisait mal ; très mal.
Hélas, le choix ne m'appartenait plus. Léo s'accrochait à l'idée de passer un moment avec lui et, de toute manière, ne fût-ce que pour le réveillon qui approchait, il me fallait bien le recontacter. De ce point de vue, autant arracher le sparadrap maintenant. Histoire d'avoir le temps de digérer cette nouvelle défaite.
Lorsqu'il avait répondu qu'il révisait à la bibliothèque universitaire avant de rentrer chez lui, Léo avait trépigné à l'idée qu'on le rejoigne à l'endroit où il vivait. Toutefois, et pour une plaisante surprise, Devlin avait décliné. Selon lui, c'était loin ; et, même si ce point était discutable, j'en appuyai la finalité. C'était donc installée dans le salon, à ruminer devant Harry Potter et la chambre des secrets, que je l'attendais.
« Tu crois qu'il aura le temps de manger avec nous ? »
Mon bras libéré de mon écharpe le temps d'un repos sur un coussin, je signai en réponse :
« Je pense pas. Le partiel commence tôt demain, tu sais. »
Sa petite moue déçue m'en inspira une. Une qu'il interpréta selon sa volonté en lui attribuant plus de sincérité qu'elle n'en possédait en réalité.
« Mais si tu insistes, il dira oui. En plus, Bill peut le ramener après manger ! Je suis sûr que papa sera d'accord. »
Un argument convaincant, certes, mais auquel il me fallait trouver une parade ; car il était exclu que je subisse un second dîner où ses louanges seraient chantées. Pas après l'autre soirée. Pas après son attitude qu'il s'était gardé d'expliquer.
« Maman ! Dis-lui que Bill ramènera Tom après manger ! »
Prise de court, je me retournai : aussi décontenancée que je n'étais désarçonnée, ma mère nous rejoignait près du canapé où nous étions tous les deux affalés.
« Bien sûr que Bill peut ramener Tom après dîner. En plus, votre père vient de rentrer. »
Puis, signant sommairement pour Léo, elle me dit :
— J'ignorais que Tom passait nous voir ce soir. Pourquoi ne me l'as-tu pas dit ? J'aurais choisi un autre dessert.
Parce qu'en plus, ça allait être de ma faute ?
— Tom ne vient pas dîner, maman. Il passe m'apporter quelque chose, et il rentre pour réviser.
— À cette heure ?
Je jetais un œil à l'heure, passablement surprise qu'elle s'en offusque, qu'elle décida :
— Dis-lui de rester dîner. Le pauvre, avec les partiels, je suis certaine qu'il ne prend pas le temps de dîner correctement.
— Crois-moi, Tom se nourrit.
Une musculature, aussi svelte soit-elle, exigeait un minimum d'entretien ; tant dans l'exercice physique que dans l'assiette. Et vu celle qui avait réveillé ma féminité, il n'y avait aucun doute quant à l'effort qu'il y mettait. Infortunément, ma mère ne l'entendit pas de cette oreille...
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Tel est pris...
Romance« En réalité, ce sera Anastasia plus un, cette année. » Une phrase. Une simple phrase, et j'embrassais l'anxiété à bras ouvert. Qu'est-ce qui m'avait pris de mentir ainsi ? Le sourire goguenard de ma cousine parfaite, sans aucun doute. Sauf que main...