Chapitre 11

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Chapitre 11

8 décembre 2023

« Non, la boule verte !  »

Devant l'exaspération de mon petit frère, je me renfrognai davantage. L'agacement tordant ma mâchoire, je l'observai, une main sur la hanche, déterminée à obtenir l'excuse qu'il me devait. Fâcheusement, mon égo oubliait une chose ; une chose importante : ce caractère qui m'enjoignait à le toiser, il le possédait. Et ce fut du même regard blasé que, la main tendue, il me défia d'obtempérer.

« Vert sur vert, ça ne va rien donner. Réfléchis, Léo.

— T'en sais rien, on a pas essayé ! »

Était-il possible d'être aussi obtus ? Alors même que la logique le criait, non, mon obstiné de petit frère voulait l'expérimenter avant de renoncer. Consciente qu'il ne céderait rien, je capitulai et lui tendis l'armistice : cette ridicule petite boule désirée. La victoire défroissa alors son visage renfrogné.

Fier, il l'accrocha. Puis, défait, il la décrocha.

« L'argent ? proposai-je. »

Sa petite moue se releva vers moi. Lentement, avec le dépit de ne pouvoir mettre les couleurs qu'il aimait cette année, il me rendit la boule. À contrecœur, il accepta mon idée.

Traînant des pieds, il retournait près du sapin livré une heure plus tôt par Claude, notre portier, que je craquai. Profitant qu'il vienne en chercher une seconde, je l'arrêtai et lui demandai :

« Et si on allait en acheter des nouvelles ?

— Des roses et des violettes ? s'extasia-t-il.

— Ou des blanches et orangées ? négociai-je. »

Une torsion de lèvres renfrogna son petit nez en trompette, et je fis marche arrière avant de tout faire capoter.

« Ou roses et violettes. »

L'excitation brilla autant dans ses yeux qu'elle exulta dans ses poings et pieds qui ne demandaient qu'à sauter. Et tandis que je l'envoyais dans sa chambre et que je priais Claude de prévenir le chauffeur que nous sortions, une seule question me hanta : allais-je réussir à le dissuader de cette dysharmonie, ou ma mère manquerait-elle la crise cardiaque en rentrant ?

Une heure plus tard...

Stationnée au milieu du rayon de l'Auchan de la Défense, ma dernière cartouche, je bâillais pour la millième fois que Léo, avec autant de sérieux que s'il passait un contrôle de math, courait à l'autre bout, soucieux d'analyser le nombre des branches des flocons encore en course.

Il revenait, l'exemplaire dans les mains, que je craquai :

« Sérieux, Léo, tu te décides, oui ? C'est un flocon, pas le cadeau pour maman et papa. »

D'ailleurs, il fallait que je le commande en rentrant à la maison si je ne voulais pas me retrouver prise à la gorge comme l'année dernière.

« Ce n'est juste un flocon, rétorqua-t-il le plus sérieusement du monde. C'est l'habit du sapin ! Il faut qu'il soit parfait. »

Dépitée, je pestai contre ce dernier, mais également contre moi-même. Comment avais-je pu oublier ce détail ? Il y avait une raison pour laquelle ma mère ne le traînait plus dans les magasins pour choisir la décoration de l'année : Léo était incapable de choisir. Pire qu'un adolescent perdant une heure devant la glace le matin, il évaluait les formes, trépignait devant les couleurs et s'obstinait à trouver un vert qui ne jurerait pas avec le sapin. Cause perdue, bien entendu.

Tel est pris...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant