Chapitre 9 : reposer dans les rêves

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Alors que nous sommes arrivés à destination, tout le monde prend soin de poser les corps le long d'un point d'eau au milieu des arbres.

Un magnifique lac dans lequel puisent plusieurs rivières se trouve devant nous. Il est extrêmement grand, mais il me dit quelque chose. Les rivières qui le rejoignent font partie de la rivière Somnium, ou elle y ressemble en tout cas. 

L'eau en a la même apparence en tout cas. Elle est d'un bleu nuit et parsemé de petits points blancs. Que faisons-nous-là ? Chaque famille se présente près de leur proche posé dans l'herbe fraîche alors que le roi, quant à lui, s'avance seul près du point d'eau.

- Je tiens tout d'abord à présenter mes plus sincères condoléances aux familles endeuillées. Votre courage vous sera récompensé. Nous nous sommes aujourd'hui fait attaquer par des Malums. Un silence pesant s'installe après ses dires.

Nous n'étions pas préparés à un tel affront, malgré cela, vous avez fait preuve d'un grand courage. Vous avez protégé, malheureusement pour certains, au péril de votre vie, le royaume. Nos défunts sont morts en héros, même les plus jeunes.

 Et vous connaissez tous, le sort qui est réservé aux âmes héroïques. Qu'elles reposent aux Champs Elysée...Tous répètent cette phrase tel un mantra. Nous allons maintenant procéder à la plongée des corps.

Je me sens de trop, ils sont clairement occupés de faire une cérémonie au nom des défunts. Rester ici me semble inapproprié sachant que je ne connais rien de leur coutume. Je ne fais pas partie de leur vie, de leur royaume. 

Je suis une intruse. Je recule le plus discrètement possible afin de les laisser honorer les défunts comme il se doit lorsqu'une main gantée me prend délicatement le bras.

- Restes, tu as participé au combat et a même sauvé un enfant, il me semble. Tu as ta place avec nous.

Je ne peux empêcher un sourire de se former sur mon visage. Ça me touche qu'on puisse me considérer comme l'une des leurs. Je n'ai jamais appartenu à un groupe, je ne me sentais pas intégrée. Lorsque toute cette histoire de chiens des enfers enragés sera terminée, je me sentirais probablement nostalgique de cette aventure.

 Ce sera sûrement la première et dernière fois que j'appartiendrai à une communauté. Alors je dois en profiter. Je retourne parmi les habitants, offrant des sourires de réconfort. Le peu de mail aisance qui m'habitait s'estompe lorsque personne ne me regarde mal, mais ne me regarde qu'avec compassion, comme l'une des leurs. 

J'observe les alentours et vois que la petite fille, que j'ai aidée, est accrochée à la jambe de l'homme qui était avec elle, il lui sourit et embrasse son front. Je trouve cette scène attendrissante, même si ce même homme me menaçait de me trancher la gorge, il n'y a que quelques heures de ça. 

Je vois tout le monde se rapprocher du lac, les corps de leurs proches décédés dans les bras. Je les suis timidement, ne sachant ce qui allait se passer.

Tout le monde dépose une pièce dans la poche ou la bouche du défunt, ils leur font un dernier honneur en les embrassant, les câlinant, leur exprimant leur amour une dernière fois. J'entends des promesses et des paroles douces s'envoler. 

Des « je t'aime » ou encore des « on se retrouveras » laisse passer une petite larme qui trace son sillon le long de mon visage. Une fois leur esprit prêt et en paix, ils plongent la moitié de leur corps dans le lac. Les larmes coulent sur les visages, certains ont même du mal à tenir les corps, trop secoués par leurs sanglots. 

J'aimerais tous les aider, mais je ne peux pas. Les corps sans vie abîmés par le combat, les proches qui transpirent de tristesse. C'est trop pour moi, je ne peux que leur apporter mon soutien de loin. Le Roi reprend la parole.

Un Amour d'Hypnos (REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant