Chapitre 29 : La confiance

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La serveuse vient chercher nos plats vides, nettoyés de toute trace de nourriture. Il faut dire que nous nous sommes bien régalés.

— C'était vraiment délicieux. Quel bonheur de ne plus manger de semelle de chaussure.

— Ça t'arrive souvent de manger des semelles de chaussure ? Me demande alors le prince héritier.

Je le regarde en formant deux fentes avec mes yeux. Il est sérieux ? Il a l'air en tout cas. Mais on ne sait jamais vraiment avec lui.

— Tempées dans du lait le matin, c'est exquis, je rétorque.

La porte de l'auberge claque brusquement contre le mur, nous coupant dans notre discussion. Un groupe de voyageur, vêtu de capes noires, rentre. 

Celui du milieu retire la capuche qui lui cachait le visage. C'est une jeune fille qui apparaît, ses cheveux roux sont négligemment coiffés en un chignon, tenu par quelques plumes. 

Son nez est parsemé de taches de rousseur, ce qui souligne ses yeux verts. Ses compagnons enlèvent également leurs capuches, trois hommes. 

L'un porte des écailles sur les tempes, l'autre des plumes comme je l'ai déjà remarqué sur plusieurs personnes dans la salle. 

Mais le dernier ne porte pas de marque semblable à ce que j'ai déjà observé. Un réseau de fines veines noir pulsent sur le coin de ses yeux. 

Mon regard parcourt les alentours à la recherche d'une autre personnes portant cette marque, mais seul celles que j'ai déjà rencontrées sont présentes. 

Le groupe semble chercher quelque chose, leur regard s'arrête net sur notre table. Ils s'en approchent à grands pas. La fille s'avance un peu plus et prend la parole.

— Il n'y a plus de place nulle part. Pouvons-nous nous asseoir à votre table ?

Je me décale et prends Princesse sur mes genoux pour le signifier qu'ils peuvent s'installer. La fille au bois prend place à mes côtés et l'homme aux veines noir aux siens. 

Je le vois froncé les sourcils en reniflant l'air, mais ne fais aucune remarque. Il faut dire que nous ne devons pas sentir la rose. 

On ne traîne jamais très longtemps dans les points d'eau que l'on trouve pour se laver. Les deux autres hommes prennent place sur le même banc que le prince Eliam. 

Maintenant, que nous ne sommes plus seuls, je n'ose pas poser mes questions à Antéros. Ma curiosité devra attendre encore un peu.

 Je jette un coup d'œil à nos voisins de table, je tombe tout de suite sur une paire d'yeux bleu clair. Je me tortille sur ma chaise, mal à l'aise de faire l'objet de son analyse.

 J'ai l'impression d'avoir une gravure rouge vif sur le front qui clignote en disant « trop normal, humaine, humaine ».

— Tu es quoi au juste ? Me demande-t-il.

Je suis surprise qu'il s'adresse à moi sans préalable. Je bégaye des mots incompréhensibles, ne sachant quoi répondre. Je suis censé répondre quoi à ce genre de question ? 

J'envoie des regards alarmés aux princes. Mais leurs yeux sont déjà méchamment dirigés vers notre invité peu commode. 

Son voisin se frappe le front avec le plat de sa main. Sa réaction désespérée me donne espoir qu'il va dire à son ami d'arrêter, mais il n'en fait rien.

— Il manque une certaine forme de politesse, il me semble. Intervient Antéros.

Je le remercie intérieurement pour son intervention. Le concerné lève les yeux au ciel, comme si ce n'était qu'une chose inutile dans une conversation d'avoir recours à la politesse. 

Un Amour d'Hypnos (REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant