Chapitre 28 : Homme de bois et femme à plume

95 7 0
                                    

Depuis la menace, ou promesse, d'Antéros, je n'ose plus me plaindre de rien. Même lorsque je manque de trébucher à cause d'un caillou ou d'une racine d'arbre. Je m'empêche de pester contre le vent qui m'oblige à fermer les yeux à ne plus rien y voir. Je me contente de me taire et de marcher. Le prince Eliam a visiblement remarqué mon changement de comportement et il s'en amuse bien en me posant toujours la même question.

— Tu es sûr que ça va Halia ? Me demande-t-il taquin.

Je suis déjà perturbé par le fait qu'il m'appelle par mon prénom, ce qui n'est arrivé qu'une ou deux fois depuis notre rencontre. Il avait pris l'habitude de me donner comme surnom « ma belle », ajouté à cela le fait que j'ai effectivement ma cuisse qui me tire. Je me contente de lui adresser un sourire forcé en hochant de la tête. Non sans lui lancer un regards des plus noirs. Je vois le jeune prince m'observer du coin de l'œil, je dois donc jouer le jeu jusqu'au bout. Ce manège dure depuis deux jours, je me rassure en me disant qu'il ne me reste plus qu'une journée à marcher. Je dois mettre toute ma volonté pour ne pas boiter. Je n'ai pas mal à proprement parler, disons que c'est plutôt désagréable. Et que m'appuyer sur mon autre jambe m'enlèverait cette gêne. Princesse n'est pas fatiguée pour un sous, elle marche sans jamais s'arrêter. Ce qui est étonnant sachant l'habitude qu'elle avait de dormir toute la journée et de se défouler à la tombée de la nuit. Perdre quelques kilos ne pourra que lui faire du bien.

Nous avons quitté la forêt Khala depuis une journée, j'avoue en être rassuré. Cette forêt ne m'a pas apporté beaucoup de beaux souvenirs. Et savoir qu'aucun renard ne risque de nous attaquer durant la nuit, me permet de dormir sur mes deux oreilles. Nous sommes tous épuisés par le voyage et les péripéties que nous avons rencontré sur notre route, seule Princesse ne semble pas affectée, elle marche maintenant à mes côtés sans signe de fatigue.

Alors que j'allais capituler et demander une pause, je distingue difficilement de la fumée au loin. De la fumée qui vient d'une cheminée. L'auberge n'est plus loin ! Nous accélérons le pas inconsciemment. Des bribes de conversation nous parviennent, signe qu'elle doit être bien remplie. L'auberge se dresse devant nous. Au beau milieu d'une clairière, entourée de la forêt. Elle se fond parfaitement dans le décor. C'est une belle villa en vieille pierre délavée, de longues veines de lierre rajoute un charme à la bâtisse. À la vue du nombre de fenêtres, il doit y avoir deux étages sans compter le rez-de-chaussée. Les voix qui nous sont parvenues viennent de ce dernier. L'auberge est vraiment charmante, perdue au milieu de nulle part, parfaite pour ceux qui désire se ressourcer. J'avance vers la porte principale, qui est faite de bois, avant de me faire tirer en arrière derrière un arbre. Je pose instinctivement ma main sur ma cuisse ce qui me vaut un regard noir d'Antéros. Alors que j'allais leur demander pourquoi nous n'entrons pas, le prince Eliam me devance.

— Nous devons trouver d'autres habits. Il n'est pas prudent de se balader avec le blason du Royaume. M'indique le prince.

Je fixe les habits des deux princes. Le symbole est apposé sur la veste et le t-shirt. Je ne doute pas que le prince Eliam ne soit pas dérangé de se pavaner torse-nu dans l'auberge, mais impossible pour Antéros. Je peux lui donner ma veste, après tout, la mienne ne possède pas de symbole. Certes, elle sera un peu serrée pour lui, mais ça devrait faire l'affaire. J'enlève en vitesse ma veste et la lui tends. Il comprend tout de suite et s'enfonce dans les bois pour se changer. Le prince Eliam se déshabille, lui, sans pudeur devant moi. Il est doté d'une belle musculature, celle d'un combattant à l'épée. Sa carrure est imposante et a, à mon avis, déjà fait fuir plus d'un adversaire. Le clair de lune accentue ses abdos et ses pectoraux, les rendant encore plus volumineux. Il se dope, ce n'est pas possible. Ses tétons pointent à cause du froid. Ils sont tous petits, je ne sais pas pourquoi ça me choque, mais je reste fixé dessus.

Un Amour d'Hypnos (REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant