Un Amour d'Hypnos (REECRITURE)

Chapitre 32

Lorsque nous sortons de la forêt, il fait déjà presque nuit. Nous rejoignons donc le prince Eliam sur le lieu de rendez-vous. J'arrive à distinguer, malgré la pénombre, ses grandes ailes noires. Il en a une repliée sur son torse, sûrement pour se protéger du vent.

- Ha, vous êtes enfin là !

Il affiche un petit sourire en coins, tout en faisant jongler son regard entre la forêt, Antéros et moi.

- Ce sera-moi ton professeur cette fois-ci. Antéros ne sera que la cible de tes pouvoirs, m'annonce le prince Eliam.

Je jette un coup d'œil anxieux à Antéros. Peut-être n'est-il pas prêt à être mon cobaye. Son haussement d'épaule me rassure, ça n'a pas l'air de le déranger. Après l'échec de ce matin, il n'a pas à avoir peur de quoi que ce soit.

- Je me suis permis d'amener Princesse, les animaux ont des sens plus développés que les nôtres. Elle nous sera probablement utile, m'explique-t-il.

Princesse ? Oh, ce n'est pas vrai, je l'avais totalement oublié. Avec tout ce qu'il s'est passé, je n'ai du tout eu la tête à elle. Le prince Eliam déplie son aile qui protégeait son torse et je retrouve Princesse blottie sur son biceps. Je me précipite vers elle et la serre contre ma poitrine.

- Je suis tellement désolé ! Je suis une horrible maîtresse, je t'ai oublié.

Je ne cesse d'embrasser son petit museau, espérant me faire pardonner. Je ne suis pas convaincu de l'utilité de mes excuses, elle a plutôt l'air ennuyé. Ça ne soulage cependant pas ma culpabilité de ne pas avoir eu une seule pensée pour elle. Mais si elle ne dormait pas dans ma chambre, où pouvait-elle bien être ?

- Mais où était-elle tout ce temps ?

Je dis tout ce temps, mais ça n'englobe qu'à peu près trois jours. Je vois le prince Eliam se gratter l'arrière de la tête, un air honteux dans le regard. Je plisse les yeux, voulant le faire flancher. Antéros ne rate pas l'occasion pour me donner un coup de main.

- Alors mon frère, où était cette fameuse créature de Tartare ? Insiste-t-il.

Le prince Eliam lance un regard amusé vers son frère.

- Dis donc petit frère, tu es bien bavard depuis quelques semaines, réplique-t-il.

- N'essaye pas de dévier la conversation.

Mes yeux jonglent entre les deux princes à chaque prise de parole. Je finis par reconcentrer mon attention sur Princesse le temps que les frères finissent de se chamailler. Je ne cesse de m'excuser et de promettre monts et merveilles à mon chat qui n'a pas l'air le moindre intéressé par mon discours. Même lorsque je mentionne de lui offrir de la pâtée, de la fameuse marque de luxe qui me coûte un rein, elle ne se lèche pas les babines. Je me rassure en me disant que mon absence ne l'a pas tant troublé que cela, même si égoïstement, j'en suis déçue. Je devais m'y attendre, c'est un chat, de petites boules de poils opportunistes dont les humains tombe d'amour, pour finir par en devenir les esclaves.

- Elle était dans ma chambre, murmure soudainement le prince Eliam.

Je lui jette un regard insistant emplit de suspicion.

- Tous les deux, dans la même pièce ?

J'ai du mal à y croire. J'ai effectivement pu remarquer, lors de mon attaque que leur...relation était moins houleuse. Mais de là à rester dans la même pièce autant de temps... Le prince se rapproche de moi et se penche à mon oreille. Il jette tout de même un regard anxieux à Princesse, qui nous observe depuis le sol en remuant sa queue à la vue des ailes du princes.

- Ces petites créatures, peuvent-elles s'enticher d'un humain ?

J'avoue ne rien comprendre au sens de sa question, mais y réponds quand même.