Chapitre 7 : Le Royaume d'Hypnos

176 15 6
                                    

J'ai passé une horrible nuit. J'ai été enseveli sous les souvenirs et les cauchemars une bonne partie de mon semi-sommeil. J'ai vécu et revécu une bonne centaine de fois la même scène que dans la bibliothèque. Sauf que cette fois, aucun prince n'était là pour me sauver. Je sens mon cœur battre dans mes blessures à force de bouger et me débattre dans mon sommeil. 

De la transpiration dégouline le long de mon cou et mon dos. Il me faut une douche, et tout de suite. Je me lève sans forcer sur mes blessures. La douche est extrêmement grande, assez pour que j'y place le petit banc sur lequel j'étais assise hier. Une fois nue, je rentre dans la douche et m'assois sur le banc. J'allume l'eau qui devient rapidement bouillante.

 Ça a le don de détendre instantanément mes muscles crispés après cette nuit mouvementée. J'ouvre les yeux et regarde devant moi, un grand miroir s'y trouve et donne une vue d'ensemble sur le bain et la douche. Je peux voir mon reflet recroquevillé sur le banc, le corps trempé et mes longs cheveux bruns cachant ma poitrine. J'ai l'air mal en point et totalement épuisée. Je reprends le même savon à l'odeur de madeleine qu'hier. 

Ce parfum a le don de me relaxer. Je profite pour bien frotter mon corps dans l'espoir de faire disparaître ces mauvais rêves. Lorsque je retourne dans la chambre, vêtue d'un peignoir, des habits ont été posés sur le lit. Un chandail bleu nuit transparent à manches bouffantes, un corset blanc à lacets et un pantalon bleu nuit. Je suis à peine habillé que Laora entre dans la chambre, toujours vêtue de son uniforme.

- Bonjour madame, vous allez bien ?

Elle m'installe tout de suite sur une chaise qui se trouve devant une coiffeuse et un énorme miroir qui fait facilement ma taille.

- Bonjour, je vais très bien merci. Et vous ?

Elle pose théâtralement une main sur sa poitrine et me regarde avec des yeux perturbés. Qu'est-ce que tu as fait de nouveau Halia !?

- Vous devez me tutoyer, madame ! m'exige-t-elle avec une voix devenue aigue.

Je m'enfonce dans ma chaise et rougis. Je suis si gênée de ne pas connaître les coutumes de ce royaume et de me tromper à chaque fois. Je me sens bizarre et étrange, alors que ce n'est pas moi qui ai des ailes.

À peine installé que je la vois sortir toutes sortes d'engins pour me coiffer. Elle commence par me brosser délicatement les cheveux. Elle me fait ensuite deux tresses qui partent de mes tempes, elle fait un chignon avec le bout des tresses et y accroche deux croissants de lune couleur argent par-dessus. 

Elle m'aide à me relever et m'entraîne dans la salle de bain juste en face du grand miroir face à la douche. Mon visage est dégagé, seules quelques petites mèches rebelles recouvrent mes tempes. Ma tenue épouse parfaitement ma silhouette. 

J'aime beaucoup ce que me renvoie le miroir, je me trouve jolie. Laora m'emmène ensuite dans une grande salle où une table remplie de viennoiseries, de pains et de beurre trône au centre, elle a réussi à me procurer des béquilles. Le château est difficile d'accès en fauteuil roulant. 

Des marches et des portes étroites auraient pu me bloquer. Ce qui est étrange, car un homme ailé prend deux fois plus de place que moi avec mon fauteuil roulant. En parlant d'homme ailé, j'aperçois tout de suite les ailes noires du prince, il remplit son assiette de tous les aliments qui se trouvent à table. 

Elle déborde, mais il continue à empiler les viennoiseries, je comprends pour quelle raison il est très grand maintenant. Il le fait cependant avec une certaine grâce, et puis ces énormes assiettes ont bien de la place pour mettre tout ce que l'on souhaite dedans.

 Le prince me remarque enfin et me fait un grand sourire, enfin, je suppose, avec son petit pain dans la bouche, c'est difficile de savoir s'il souffre ou s'il est heureux. Laora m'aide à m'installer sur une chaise autour de la table.

Un Amour d'Hypnos (REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant