Habillé d'une veste et d'un pantalon noir, j'attends que le roi parle. Il est debout devant les princes et moi, son regard dirigé vers son fils héritier. Ses sourcils sont froncés, accentuant la petite ride qui s'est creusée au fil du temps sur son front. Ses cernes témoignent de la nuit blanche qu'il a sûrement dû passer à trouver des arguments pour que son cher fils héritier ne parte pas à l'aventure avec moi. Le fait qu'il ne s'inquiète pas le moins du monde pour Antéros m'énerve plus que je ne le devrais. Le roi souhaite trouver une excuse pour justifier l'absence de son fils, surtout après son annonce d'hier au bal.
— Tu es l'avenir d'Héliodor, partir en quête est irresponsable de la part d'un futur roi, répète-t-il pour la troisième fois.
Le prince héritier croise ses bras sur son torse en levant le menton. Il porte la même veste que moi par-dessus un chandail noir comprenant le symbole du royaume, tout comme sa veste. Ça doit bien faire une demi-heure que le roi tente de dissuader son fils de partir avec nous. Comment dire qu'il parle à un sourd, le prince ne compte pas abandonner. Et savoir qu'il le fait principalement pour ne pas me laisser seul, me fait un petit quelque chose au cœur. Je peux le considérer comme un ami. Et ce sentiment est si agréable que je ne le lâcherai pas d'une semelle.
— C'est justement parce que je suis le futur roi que je dois partir. En tant que souverain, je suis censé protéger mon royaume. Je ne peux pas le protéger sans me salir les mains. Clame-t-il.
Le roi passe sa main sur son visage, visiblement accablé par les dires de son fils. Il a l'air épuisé et totalement pris au dépourvu pas la ténacité de son fils. Je commence à douter de ses intentions, il ne cesse de répéter qu'il doit rester « pour le royaume ». Veut-il protéger son fils ou alors l'image de son royaume ?
— Et si tu viens à mourir ? Qui prendra ma place sur le trône ? Qui assurera l'avenir d'Héliodor ? Questionne le roi.
— Il y a toujours Antéros, il nous reste également de la famille du côté de maman. Et je ferai tout mon possible pour ne pas mourir, je vous le promets père.
Ce dernier incline la tête et sort en nous marmonnant une sorte de « bonne chance ». Je peux enfin respirer convenablement, je ne suis pas à l'aise lorsqu'il est dans les parages et savoir qu'une partie de sa rage est dirigée contre moi me déplaît fortement. Des coups à la porte nous font, à tous les trois, tourner la tête. Laora rentre avec trois gros sacs dans les bras. Elle s'approche de nous et les dépose à nos pieds.
— Il y a tout ce dont vous aurez besoin dans ces sacs.
Le prince Eliam ouvre chaque contenant et inspecte leur contenu.
— Il n'y a pas d'armes ? Sauf si on peut se battre avec cela, ce que je doute.
Il tient dans ses mains un paquet de serviettes hygiéniques et l'inspecte dans tous les sens. Il le rapproche de son nez et le renifle. Laora le lui arrache des mains, totalement accablée.
— Ceci est pour madame Halia. Vous n'en aurez pas besoin et non ce n'est pas une arme.
Le prince héritier jette un coup d'œil dubitatif au paquet qui est toujours dans les mains de Laora.
— Pourquoi ne pourrais-je pas en avoir également ?
Je lève les yeux au ciel en même temps que Laora tandis qu'Antéros ricane dans son coin.
— Tu as tes menstruations mon frère ? Plaisante le prince.
— Ces choses sont pour les règles ? Mais c'est étrange...
Devant ma mine interrogative, Laora m'explique que les femmes n'utilisent pas de serviette hygiénique lors de leur menstruation, elles utilisent des morceaux de tissu comme à l'époque. Les produits chimiques contenus dans les serviettes ou tampons n'étant pas bons pour le corps, je comprends qu'elles préfèrent garder leurs petits bouts de tissu. Par contre ce n'est pas aussi pratique, il ne faut pas faire de trop grands mouvements et c'est assez intrusif. Ce n'est pas aussi fin qu'une serviette. Certaines femmes soldats en ont en leur possession lorsqu'elles partent en mission.
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Un Amour d'Hypnos (REECRITURE)
FantasyHalia tient une jolie bibliothèque familiale alors que ses parents sont en voyage. Elle arrive à jongler entre la gestion de ce petit paradis et ses cours. Elle arrive même à sortir le mystérieux inconnu, qui lui rend visite tous les jours, du mutis...